Flashback : l’explosion à 57 points de Kyrie Irving contre les Spurs de Tony Parker en 2015

Le 12 mars 2024 à 09:59 par Céleste Macquet

Kyrie Irving
Source image : YouTube

12 Mars 2015 à l’AT&T Center de San Antonio, 21h30 heure locale. Les Cleveland Cavaliers fraîchement renforcés par le retour de LeBron  James sur sa terre natale s’apprêtent à jouer le champion en titre chez lui. Alors que tout laissait présager un énième immense soir du Chosen One, c’est finalement Kyrie Irving, son jeune coéquipier de 22 ans, qui va prendre le match à son compte et bénir tout le Texas de son talent à peine vraisemblable.

2015. Personne ne sait qui est Devin Booker, Nekfeu n’a jamais sorti d’album et les Etats-Unis sont sous l’administration Obama. On est en antenne nationale, Spurs et Cavaliers se sont déjà affrontés cette saison, match remporté par les Texans sur le fil (92-90). Les Spurs comptent bien se défaire une fois de plus des Cavs et rappeler à LeBron ce qu’il s’est passé en Finales l’année précédente. Mais les Texans avaient omis d’inclure Uncle Drew dans l’équation et ils vont s’en mordre les doigts. Le gamin a pourtant déjà fait preuve de son talent – il compte trois sélections au All-Star Game – et les Spurs vont se prendre une véritable… tornade dans la gueule pendant 53 minutes. Une tornade avec des hésis à vous casser le dos.

Premier quart-temps solide, un gros stepback pour démarrer, mais Kai reste discret. Sa match-up, Tony Parker, inscrit un panier de plus que lui. Offensant ! Ce sera la seule période du match dont Kyrie ne sera pas le meilleur marqueur.

Dans la seconde moitié du deuxième quart-temps, Kyrie Irving a une idée derrière la tête : tout cramer sur son passage. Et ça commence avec un gros shoot sur la tête de Tony Parker en retard. Kyrie torture le meneur français sur la ligne de fond, sanctionne plusieurs fois à 3-points après une série de dribbles hypnotisants et utilise les floaters de TP contre TP lui-même. Eclaboussant de vista, de toucher de balle, de précision et d’aisance balle en main, le jeune guard envoie panier sur panier sans que San Antonio n’y puisse quoi que ce soit. Danny Green est envoyé par Coach Pop pour stopper l’hémorragie. Ça ne suffit pas.

Kyrie a trop de ballon, trop d’idées, trop de moves, trop de basket, trop de jeu. Kyrie a les deux mains, les changements de rythme, les appuis et les effets. Kyrie a tout pour frapper un grand coup ce soir-là. Il voit tout, et un simple 3&D ne suffit pas à le stopper. Il faudrait un genre d’hybride Michael Jordan / Gary Payton pour réussir à le freiner un tant soit peu. Doublé d’une prise à deux de Scottie Pippen, et avec Bill Russell en couverture. Et c’est qu’il maintient les Cavs dans le match à lui tout seul, l’animal ! Kyrie est dans le flow, non, Kyrie est dans la zone. Trop focus sur ce qu’il a à faire, il ne relâche pas son emprise sur le match. Tiens, Kyrie Irving a marqué seize points dans le deuxième quart-temps.

Kyrie Irving’s 57 point performance against the Spurs in 2015 is still WILD!

He scored any and every way possible 🔥 pic.twitter.com/WPxZTo543R

— Complex Sports (@ComplexSports) January 25, 2023

Il ne sortira d’ailleurs pas du troisième, trop précieux pour les siens. Tony Parker – qui fut un des joueurs les plus rapides passés par la NBA – passe son match à courir derrière Irving qui rentre 3-points sur 3-points notamment derrière des écrans de Timofey Mozgov. Doublez-le, il trouvera la bonne passe et LeBron ou Tristan Thompson vous flanqueront un dunk à en réveiller les morts.

Au commencement du dernier quart, c’est maintenant toute la défense texane qui gravite autour de Kyrie. Pas de problèmes, la gravitation ça n’existe pas, je vous rappelle que la terre est plate. Marco Belinelli et Tiago Splitter sortent une prise à deux de derrière les fagots, Kyrie Irving invite alors les deux à danser en passant dire bonjour au bon vieux Danny Green sous le cercle. Claquette sur rebond offensif au milieu de trois molosses, gros 3-points dans le corner étouffé par Danny Green qui lève les bras au ciel de dépit. Il n’y a plus que trois points d’écart en faveur des Spurs.

Plus que 4 secondes, les Cavs doivent faire faute sur Kawhi. C’est le moment que choisit The Claw pour complètement chier dans son ben et faire 0/2 aux lancers. Rebond pour le complotiste de Duke, temps-mort. Devinez qui reçoit la balle sur la remise en jeu pour envoyer un énorme 3-points les quatre fers en l’air au buzzer ? Ça ira en prolong’ ! Oups, Kyrie Irving a marqué seize points dans le quatrième quart-temps.

Cinq minutes de bonheur en plus comme dirait Stéphane Guy au début du temps additionnel d’un seizième de Coupe de France entre Niort et le GF38 où aucune des deux équipes  n’aurait cadré une frappe du match. Kyrie Irving nous propose sa vision du clutch avec un gros 3 pour répondre aux Spurs. Un floater majestueux avec la planche, la faute et Kawhi sur le paletot pour poursuivre sa classe de maître et donner l’avantage aux siens. Il fait enfin danser la salsa à Boris Diaw avant de lui envoyer un gros 3-points en pleine face pour donner un avantage définitif aux siens.

Les Spurs ne s’en relèvent pas et doivent s’incliner devant le talent, l’audace et la maîtrise du numéro 2 des Cavaliers de Cleveland. Kyrie vient donc de mettre 57 points à 20/32 aux tirs, 7/7 à 3-points et 10/10 aux lancers pour se défaire des champions en titre dans leur arène en prolongations. Il a inscrit 18 points dans la raquette de Tim Duncan (il fait 1m88). Un mythe vient d’être créé, la légende de Kyrie Irving a été forgée, et tous les spectateurs de ce Spurs-Cavaliers s’en sont rappelés.

Les Cavs échoueront cette année-là aux portes du titre NBA, en Finales contre les Warriors de Stephen Curry et Andre Iguodala. Une fin douce-amère pour le début de carrière de l’esthète du backcourt de l’Ohio. Qu’à cela ne tienne, Kyrie deviendra ensuite l’un des joueurs les plus plaisants de l’histoire à observer sur un terrain de basket-ball, et il le fera en rendant un fier service dès la saison  suivante à l’équipe qui l’a drafté.


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