Coupe du Monde 1959 et 1963 : la domination du Brésil, une équipe… légendaire

Le 25 août 2023 à 11:47 par Nicolas Vrignaud

Brésil 1959-1963 Coupe du Monde
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Dans l’histoire du sport, le Brésil est surtout connu pour être le pays du football. Pourtant, la Seleção a aussi dominé le basket mondial pendant plusieurs années, à la fin des années 50 et au début de la décennie suivante en s’octroyant deux titres de champion du monde de la balle orange. Avec des joueurs légendaires dans leur pays. Récit d’une aventure méconnue… mais unique. 

Une génération iconique, et pourtant. Pendant que Bellini, Didi, Garrincha et Pelé font régner en maître le pays dans le monde du football, leurs homologues pratiquant le “basquetebol” n’ont rien à leur envier. La fin de la Seconde Guerre mondiale a permis à l’ensemble des grandes nations du monde de se replonger dans le sport. Fédérations, ligues, équipes nationales se structurent pour devenir compétitives à l’heure où l’exploit sportif devient un enjeu majeur et surtout l’un des meilleurs étendards pour un pays. Les États-Unis sont pionniers dans le monde de la balle orange, mais n’auront pas directement le monopole absolu à l’échelle mondiale.

Après deux premières éditions en 1950 et 1954 remportées respectivement par l’Argentine puis l’Oncle Sam, on aurait pourtant pu se dire que c’était déjà terminé. Que les États-Unis allaient définitivement fermer la porte à tout espoir de titre international venu d’ailleurs que d’Amérique du Nord. Oui mais voilà. Ce n’est pas encore en Europe qu’il faut regarder pour trouver une féroce concurrence… mais plutôt du côté de l’Amérique du Sud.

La sélection brésilienne est alors composée de joueurs qui brillent dans un championnat dont on ne sait presque rien si l’on ne réside pas au pays. Ils évoluent tous dans des clubs que l’on connaît aujourd’hui pour l’autre ballon, celui qui se joue sur gazon : Corithians, Palmeiras, Flamengo. Quelques joueurs majeurs qui composeront ce groupe entre 1959 et 1963 ? Wlamir Marquès, Amaury Pasos et Carmo de Souza dit “Rosa Branca”.

Une équipe de génie, pour laquelle il est malheureusement difficile d’obtenir des images. Elle sera pourtant dominante pendant deux éditions d’affilée, ne subissant qu’une simple défaite en deux compétitions. La force de ce groupe ? Une alchimie collective exceptionnelle, tous les joueurs étant liés par un basquetebol similaire, appris au brésil et développé dans un championnat commun. Petit point historique : à l’époque, la Coupe du Monde se jouait en deux phases de poule, le gagnant étant le vainqueur de la seconde phase de poule entre équipes étant sorties du premier brassage.

En 1959, la compétition se tient au Chili. Pas loin de chez soi, c’est pratique. Ah oui, dernier détail sur le réglement : le pays hôte est d’office qualifié à la phase de poule finale. Dirigée par Togo Renan Soares, dit “Kanela”, le Brésil roule sur la phase de poule avec un groupe déjà mené par ceux qui réitèreront l’exploit en 1963, à savoir Amaury Pasos, Wlamir Marques et Rosa Branca. Ajoutez-y le génie d’Algodão, star des Corithians et capitaine, et vous obtenez une machine à gagner aux doux airs de carnaval et de samba. Le reste du groupe, para a alegria : Waldemar, Edson Bispo, Pecente, Jathyr, Otto, Fernando et Zezinho.

Porto-Rico, Chili, États-Unis, Bulgarie… personne ne résiste à la vague brésilienne. La seule nation qui s’offrira le luxe d’un succès sur les futurs champions est l’URSS. Une victoire qui sera considérée comme nulle par l’organisation car les Soviétiques refuseront par la suite de jouer contre Taiwan pour des raisons politiques. Le Brésil est champion, sous les yeux de Marcus Vinicius Dias Magalhães, journaliste pour le quotidien O Globo. Il écrit ceci.

“Alors que le drapeau vert et jaune était hissé au stade national de Santiago, le capitaine Algodão a reçu le trophée et l’a brandi avec fierté. Le Brésil a atteint le sommet du basket-ball mondial, une génération de stars est consacrée”

En 1963, Algodão n’est plus dans le groupe et c’est Wlamir Marquès qui a pris le commandement de ce groupe qui part comme immense favori de la compétition. La formation du brésil d’alors : Amaury Pasos, Luiz Cláudio Menon, Antonio Suca, Wlamir Marques, Ubiratan Maciel, Waldemar, Rosa Branca, Mosquito, Jatyr Schall, Victor Mirshauswka, Fritz, Paulista. Le coach ? Kanela, bien sûr.

Le tournoi se tient au Brésil, et si vous avez suivi… bah ça veut dire que le Brésil ne jouera que la phase finale. Comme si c’était pas assez facile comme ça. Dans la poule finale en 1963, la France de Maxime Dorigo (sélectionné dans le cinq de la compétition) ne peut pas lutter contre une seleção bien trop organisée et efficace, galvanisée par un public en délire. Petite parenthèse, les matchs se tiennent au Ginásio do Maracanãzinho. Un petit stade couvert situé au coeur de Rio, à proximité du légendaire Maracanã. Pour accueillir le public local, sa capacité est augmentée à 25 000 places. Très attaché à encourager ses équipes nationales, le peuple brésilien remplit l’enceinte à chaque match, mettant une pression sans doute terrible à tous les adversaires.

Fin de la parenthèse. Comme la France, les autres finalistes que sont États-Unis, Yougoslavie, URSS, Italie et Porto-Rico, n’y pourront rien non plus. Le Brésil est de nouveau champion du monde, la fin d’une génération qui a dominé son sujet comme il ne sera que rarement dominé par la suite. Amaury Pasos – malgré sa calvitie importante – est nommé sans grande hésitation meilleur joueur du tournoi, avec 110 points inscrits en six matchs. Une équipe définitivement légendaire. Wlamir Marques a expliqué des décennies plus tard ce qu’il a ressenti a l’heure de soulever le trophée.

“L’émotion, ça ne s’écrit pas. Vous le sentez. Je le dis toujours ainsi : prenez tous les mots les plus beaux dans un dictionnaire, faites une phrase. C’est cela qu’on ressent lorsqu’on gagne une récompense.” – Wlamir Marquès.

Sur l’ambiance, Fritz (joueur du groupe) raconte également toute la ferveur du public brésilien.

“Toute la partie de tribune brésilienne chantait, on aurait dit un salon de carnaval avec tous les échos que ça produisait. C’était magnifique. Le Maracanãzinho a ensorcellé tout le monde, nous y compris.” – Fritz