Black History Month : Jaylen Brown, entre jeune âge et vieux sage

Le 17 févr. 2023 à 10:01 par Bastien Fontanieu

TrashTalk Black History Month Jaylen Brown
Source image : TrashTalk

La sagesse n’est pas qu’une question d’âge. Parfois, les personnes les plus intelligentes, profondes et cultivées n’ont pas la date de naissance à laquelle on s’attendait. Et dans la NBA d’aujourd’hui ? Peu de joueurs sont aussi respectés que Jaylen Brown, pour ses actions sur les terrains mais aussi ses prises de positions en dehors.

C’est une image et une info qui a fait le tour du monde.

Fin-mai 2020, l’Amérique est sous le choc suite au décès de George Floyd, sous le genou du policier Derek Chauvin.

Le niveau de tension est au plus haut, avec une communauté afro-américaine heurtée, des débats sans interruption à la télévision et des avis bombardés dans tous les sens, que ce soit à la radio ou sur les réseaux sociaux. Il y a un haut sentiment d’injustice dans l’air, un air qui va même traverser l’Amérique pour atteindre différents pays du monde dont la France.

Jaylen Brown est à Boston, stupéfait par ce qu’il voit et ce qu’il entend.

Mais s’il y a bien une chose que l’arrière des Celtics a su tenir au fil des années, au fil des performances, des matchs et des rumeurs, ce sont ses positions. En ayant grandi en Géorgie, Brown est très conscient du monde dans lequel il vit et la société dans laquelle il évolue. C’est un lecteur passionné et un orateur doué, avec un coeur grand comme ça et des convictions puissantes.

L’hésitation ne dure que quelques minutes. Jaylen ne peut pas rester là, sans rien faire.

Il décide donc de prendre sa voiture et de se rendre à Atlanta. Au départ de Boston.

“J’ai conduit 15 heures pour être en Géorgie. C’est une manifestation pacifique. Être une célébrité, un joueur de la NBA, cela ne m’empêche pas de prendre part aux conversations de société. Tout d’abord, je suis un homme noir et un membre de cette communauté. On veut mettre en lumière certaines injustices que nous avons vues. Ce n’est pas normal, nos voix doivent être entendues. J’ai 23 ans, je ne connais pas toutes les réponses, mais je ressens ce que tout le monde ressent.”

Si cet acte fait lui aussi le tour des grands médias de par la détermination que cela montre, ce n’est en fait pas grand chose pour Jaylen Brown.

Il s’agit avant tout d’être droit dans ses pompes, et de faire bien plus que du basketball.

Dès l’âge de 23 ans, alors qu’il est en NBA depuis 4 saisons seulement, Brown est élu vice-président de l’association des joueurs.

Lorsque Bill Russell décède et qu’un joueur de Boston doit prendre le micro pour s’exprimer au nom de la franchise, c’est à Jaylen qu’on fait appel.

Certes, la plupart du temps, on parle de Brown pour ce qu’il produit sur le terrain. Mais ce serait justement oublier tout le travail qu’il fait autour des parquets afin de défendre les siens et garder ses positions, comme dit précédemment. Rejoindre Malcolm Brogdon à Atlanta pour participer à la manifestation de juin 2020, ce n’était pas une question. C’était une obligation personnelle, une nécessité. Un devoir pour tenter de faire bouger les choses, faire avancer les choses.

Jaylen Brown drove 15 hours today to peacefully protest in Atlanta.

“Being a celebrity, being an NBA player don’t exclude me from no conversations at all. … We’re raising awareness for some of the injustices that we’ve been seeing. It’s not ok.”

(via @FCHWPO) pic.twitter.com/VABgXUu7cd

— Bleacher Report (@BleacherReport) May 30, 2020

Comme à l’été 2021, donc un an après le meurtre de George Floyd, lorsque Brad Stevens avait quitté le poste d’entraîneur afin de devenir dirigeant des Celtics.

Qu’a fait Jaylen Brown cet été là ? Et bien il est allé voir Stevens et les propriétaires des Celtics pour leur dire qu’il était important d’engager un entraîneur Afro-Américain. Pas pour le simple fait de le faire, donc de cocher une sorte de case sympathique à relayer publiquement. Non, ce qui tenait et ce qui tient au coeur de Jaylen Brown, c’est l’acte de représentation. C’est de faire le travail nécessaire pour avoir les compétences requises, afin d’agir en bonne conscience et dans un but mélioratif.

Ime Udoka n’a pas été choisi par Boston parce qu’il était Afro-américain. Il avait déjà un excellent dossier en tant qu’assistant-coach, et ce n’était qu’une question de temps avant qu’il devienne entraîneur en NBA. Sauf qu’au moment de choisir entre plusieurs dossiers, Jaylen Brown est intervenu. Parce qu’il sait, encore une fois, le monde dans lequel il vit et la société dans laquelle il grandit. Parce qu’il sait la ville dans laquelle il joue, et le rapport parfois ambigu qui existe entre la réalité du quotidien et les actes historiques qui ont eu lieu à Boston.

Le discours a donc été entendu, et Ime Udoka a été sélectionné, avant de laisser place à Joe Mazzulla.

Si Jaylen Brown veut aussi rester à Boston, c’est pour aider à changer les choses. 

C’est pour casser des barrières, péter des stéréotypes et faire acte de présence (et donc de représentation) quand l’histoire le demande. C’est pour utiliser au mieux toute sa puissance et sa voix en tant que vice-président de l’association des joueurs. C’est en lançant des initiatives comme CARE (Care About Racial Equity), qui a pour mission principale de veiller et changer la façon dont les Afro-Américains sont représentés dans les médias comme dans la culture globale.

Tout cela n’est pas à la portée de chaque joueur, encore moins des joueurs de moins de 30 ans.

Mais voilà aussi pourquoi Jaylen Brown est respecté par tous les athlètes de NBA. Car lorsqu’il faut utiliser sa voix et ses plateformes pour changer la donne, il sera le premier à foncer tête baissée. Car lorsqu’il faut défendre les siens et garder ses pieds plantés dans le béton, il figurera en première ligne. Car les journalistes et médias américains savent que s’il y en a bien un qui pourrait avoir une carrière politique après celle de sportif, c’est le kid de Géorgie.

La sagesse ne se définit par par une date de naissance. Jaylen Brown en est la plus belle preuve.