On a regardé « Klutch Academy » : lever de rideau sur le business de Rich Paul, dans l’excitation d’une année de draft

Le 13 mai 2022 à 16:00 par Arthur Baudin

Klutch Academy
Source image : ©BET Networks. All Rights Reserved

Les roses sont rouges, les violettes sont bleues, une nouvelle série sur la balle orange sort et c’est tant mieux. Klutch Academy est un docu-série disponible sur la chaîne BET (dans la plupart des bouquets TV) et dont l’idée est de démystifier l’impénétrable business de Rich Paul en nous présentant l’envers du décor d’une partie du business de la NBA. On connaissait l’agent de joueur le plus influent des États-Unis (Klutch Sports, LeBron James), moins le manœuvrier au relationnel avisé – parfois philosophe – avec ses prospects.

À retrouver tous les lundis de mai à 20h45, sur la chaîne BET . Rediffusions à partir du lundi 30 mai. 

« Quand les choses n’allaient pas bien à Duke, fumais-tu de la marijuana ? ». Assis devant Jalen Johnson – l’un des prospects de l’agence Klutch Sports – Bobby Marks ne craint pas l’indiscrétion. L’ancien GM assistant des Nets simule aujourd’hui les entretiens des joueurs avec les représentants des franchises NBA. Sur demande de Rich Paul, il est venu poser les questions et tenter de mettre en difficulté ces jeunes adultes. C’est un entraînement. En marge de la Draft 2021, Moses Moody, Brandon Boston Jr, Kai Jones, Jalen Johnson et Scottie Lewis partagent deux points communs : ils savent mettre le truc orange dans le grand cerceau, mais patinent encore pour la paperasse. Par « paperasse », on entend tout ce qui ne touche pas au basket mais dont l’importance – dans l’optique d’une candidature à la draft – n’est pas négligeable. C’est là que Rich Paul et son équipe interviennent. Ils ont une année pour mettre leurs « clients » dans les meilleurs dispositions afin d’accéder à l’échelon supérieur. Communication, logistique et personnel, c’est ce travail de fond que met en lumière la série Klutch Academy, qui dissèque l’organisation de l’agence, rendue attrayante par le suivi quotidien des prospects jusqu’au soir de la draft. Une formule prenante. On n’a pas envie de perdre de vue ces jeunes qui sacrifient beaucoup pour réaliser leur rêve. Ce récit aurait pu ressembler à mille autres, mais l’angle Rich Paul est novateur. Il éclaire une zone jusqu’à présent embrumée pour le grand public. Bien entendu, on ne prend pas part aux discussions très business – pour ne pas dire contrebandières, prohibées ou clandestines – mais l’aventure humaine suffit. Les dialogues sont profonds, plus spirituels qu’un simple : « Tu peux le faire, il faut croire en toi ! ». Pour l’instant, c’est une belle réussite.

À ce jour, trois épisodes de Klutch Academy ont été diffusés sur la chaîne BET. L’épisode 1, « L’amour du beau jeu », est malheureusement rythmé par le décès de Terrence Clarke. Âgé de 19 ans, cet arrière de 2m01 était l’un des grands espoirs de l’agence Klutch Sports. Lui et Brandon Boston Jr. – coéquipiers à Kentucky – partageaient une relation fraternelle. Le 23 avril 2021, sur le retour de l’entraînement, un accident de voiture lui est fatal. En réaction à la disparition de Terrence Clarke, Rich Paul déploie une attitude paternelle avec ses prospects. C’est l’un des points intéressants de la série. Ce côté affectif du métier d’agent de joueur est indissociable de l’étiquette « entreprise maison ». Le chiffre d’affaire de Klutch Sports est exorbitant, mais en interne, le roulement n’est pas celui d’une usine. Pour Rich Paul, il ne sert à rien de signer trente prospects par cuvée. Le suivi personnel deviendrait alors impossible. Il a beau vendre ce côté humain comme la spécialité de la maison Klutch, l’on comprend bien que le métier d’agent nécessite une implication totale dans la vie de son client. Aucune des questions d’un joueur, quelque soit son agence, ne doit rester sans réponse. Une sélection à la draft requiert un esprit libre, apaisé, sûr de ses forces. Un gros travail sur soi, que l’on se fera un plaisir de suivre chaque lundi.

Avec l’afflux de séries liées au basket-ball, ce genre de parenthèse à l’angle travaillé, qui sort du lot, fait plaisir. Les deux premiers épisodes ont placé la barre haute. L’excitation s’intensifiant à l’approche de la draft, il n’y a – à première considération – pas de raison pour que cela s’essouffle.