LeBron James a-t-il un côté… dirty player ? La question peut se poser, car lui non plus n’en est pas à son coup d’essai

Le 23 nov. 2021 à 13:27 par Arthur Baudin

LeBron James
source : NBA League Pass

Et s’il en était ? Coupable d’un discret mais odieux punch dans le visage d’Isaiah Stewart dimanche dernier, LeBron James a instantanément provoqué l’ire du sophomore de Detroit. Une réaction bien entendu excessive, mais qui fait écho à tous ces petits coups de vice distillés par l’enfant d’Akron au cours de sa longue carrière.

Pour LeBron, nous serions tentés de dire la même chose qu’une mère qui découvre que son enfant de 2 ans sait mettre le carré dans le carré : « ah il est pas con hein ». C’est un malin. En 19 ans de carrière et 1318 matchs, c’est la première fois que le Laker est suspendu, et seulement la deuxième qu’il est exclu d’un parquet NBA. Le bon élève. Celui qui bavarde en classe mais qui sait s’arrêter avant que le professeur ne se retourne. Le jury qui chaque trimestre lui octroie ses félicitations, serait en vérité stupéfait de découvrir les agissements de LeBron James envers ses camarades. Il y a-t-il une omerta ? Si on le balance, se retrouve-t-on avec la mafia calabraise sur le dos ? Le Taco Tuesday n’est-il pas l’une des plus grandes dérives sectaires de notre temps ? On va peut-être un peu loin, simplement, combien de mauvais gestes d’antijeu LeBron James doit-il réaliser pour être considéré comme tel, comme un « dirty player » ? Avant d’ouvrir l’arcade d’Isaiah Stewart, un môme qui a tout de même 16 ans de moins que lui, le nouveau boss d’Hollywood Boulevard dégoupillait déjà en sous-marin. Le 28 janvier dernier, Joel Embiid s’apprête à lui monter dessus. En retard dans l’aide et condamné au poster, LeBron ne trouve rien de mieux que de pousser, à deux mains, le Camerounais en plein vol. Ce dernier chute lourdement. Le geste a beau ne pas être évident et l’impulsion des bras discrète, on tope quand même tout en haut sur l’échelle de la dangerosité. S’il est pourtant une règle existentielle au basket-ball, un code d’honneur, c’est que l’on ne déséquilibre pas un adversaire en l’air. Que ce soit Quentin Savignon d’Écouflant Basket Club ou Joel Embiid de Philly, la conséquence peut être la même, à savoir l’hosto. Finalement, LeBron n’a récolté qu’une faute flagrante de niveau 1, et ainsi évité l’exclusion.

« C’est une faute très dangereuse. Je vous garantis que si c’était moi, j’aurais probablement été éjecté du match. » – Joel Embiid sur la faute de LeBron James, le 28 janvier 2021

LeBron was called for a flagrant 1 for this heavy push on Joel Embiid. pic.twitter.com/bP112VUWK7

— ESPN Australia & NZ (@ESPNAusNZ) January 28, 2021

Un coup de vicelard une fois tous les 6 mois, est-ce assez pour faire de LeBron James le monstre tant décrié par certains ? On ne parle ici pas de fréquence mais de nombre, et ses sales actions ne se comptent malheureusement plus sur les doigts d’une main. Quid de cette poussette sur Shaun Livingston, le 12 juin 2015, alors que l’issue du Game 4 des Finals était dessinée ? Le meneur des Dubs retombe sur le genou gauche, le même où il s’est déjà déchiré le ligament croisé antérieur, le ligament croisé postérieur, le ligament collatéral médial, le ménisque latéral et où il s’est disloqué la rotule. Sa jambe tient cette fois le coup, mais le geste de LeBron est vilain et pourrait définir ce qu’est un « dirty player ». Bien inspiré lors de ses affrontements face aux Warriors, il s’est également voué de passion pour l’entre-jambes d’Andre Iguodala. Un premier pied perdu ICI, puis un coude malicieusement glissé . L’intention y est-elle ? Cette fois, il est plus compliqué de juger deux situations sur des vidéos quasi volées : bénéfice de la maladresse donc. Bis repetita le 19 décembre 2020 où, durant un match de présaison entre Suns et Lakers, Mikal Bridges drive férocement. L’ailier arizonien inscrit un reverse lay-up mais se vautre instantanément après un bref contact avec LeBron. Au sol, il fait peine à voir, on dirait un playmobil pété. Une nouvelle fois, le coude du boss californien a donné une petite impulsion dans le dos de Mikal, à un moment franchement… stupide. Le ficello des Suns était passé, nul besoin de rajouter un geste si dangereux.

Si tant est que l’on le considère comme tel, là où LeBron James est meilleur que la plupart des « dirty players », c’est qu’il ne provoque rien en dehors du jeu. Quand le chrono s’arrête de tourner, il s’excuse et privilégie le dialogue au front contre front. Après son coup dans la boca d’Isaiah Stewart et le premier round de l’altercation entre les deux hommes, sa réaction fut ensuite d’aller parler aux arbitres. Il calme le jeu et fait redescendre la température, histoire de relativiser sur ses intentions qui, dimanche dernier, n’avaient vraisemblablement rien d’honnêtes. Alors oui, il n’a cette fois pas échappé à l’exclusion, mais son statut de joueur intègre demeure intact, à la différence de silhouettes beaucoup moins discrètes lorsqu’il s’agit de faire mal à l’adversaire. On pense à Draymond Green, caractérisé de vilain après avoir topé les paquets de Steven Adams et… LeBron James. L‘energizer des Dubs le fait de façon beaucoup plus assumée, et ne file pas s’excuser une fois le jeu stoppé. C’est aussi une attitude foireuse hein, mais cela image simplement le décalage entre le fils de l’Ohio et les autres. En témoigne la réaction d’Anthony Davis après le match face aux Pistons, peu importe les bêtises de LeBron, sa réputation reste celle du bon gars « qui ne voulait pas ».

« Tout le monde dans la ligue sait que LeBron n’est pas un sale type. […] Je ne sais pas ce qu’il faisait (Isaiah Stewart, ndlr), mais nous n’allions pas permettre cela. » – Anthony Davis, sur l’altercation entre LeBron James et Isaiah Stewart

La définition d’un dirty player n’est pas de blesser, elle est de faire de sales coups. Jusqu’à aujourd’hui, LeBron n’a blessé personne sur la durée mais s’abaisse occasionnellement à des actions contraires au statut qui est le sien. Indignes de sa couronne, ça lui arrive.