Choke City : les Clippers réalisent un craquage historique, encore un 3-1 lead évaporé

Le 16 sept. 2020 à 07:36 par Bastien Fontanieu

clippers kawhi paul george
Source image : NBA League Pass

Ils ont échoué. Ou plutôt, ils y sont arrivés. Alors qu’on pensait cela impossible, impensable, infaisable, les Clippers sont parvenus à choke totalement une avance de 3-1 dans leur série face aux Nuggets. Un chef d’oeuvre de plus dans la triste histoire de la franchise, et une masterclass ajoutée aux dossiers de Doc Rivers, Paul George, Kawhi Leonard et compagnie. 

Difficile de savoir par où vraiment commencer, lorsqu’on est témoin d’un fait aussi historique. La chasse aux sorcières est la tentation, mais la tradition doit être respectée avant tout. Et donc, cela passe par rendre à César ce qui lui appartient. Félicitations aux Nuggets, qui ont réalisé un comeback exceptionnel et un Game 7 de haut-niveau pour faire chuter l’ogre californien. Du premier au dernier homme, de la première minute du Game 5 à la dernière du G7, les gars de Denver ont de quoi être applaudis pendant plusieurs jours non-stop. Cependant, une fois ces compliments étalés, il faut revenir à la réalité. Et cette réalité, c’est celle d’une équipe de Los Angeles qui a validé un objectif aussi honteux que choquant. Un 3-1 lead, encore un 3-1 lead, Doc Rivers pose une brique de plus dans son CV, lui qui était déjà là pour le calvaire de 2015 face aux Rockets de James Harden et… Corey Brewer. On peut en effet établir une sorte de hiérarchie et se dire que c’est de la faute d’untel plus qu’un autre. Le débat fera rage, et l’entraîneur des Clippers recevra certainement un maximum d’injures compte-tenu de son effectif et de ce triste exploit. Mais ce qui est grave, en voyant ce Game 7 et ces derniers jours, c’est de voir une telle collection de joueurs expérimentés réaliser l’irréalisable. Il y a le coach, certes, mais que dire de Kawhi Leonard, affreux sur un des matchs les plus importants de sa carrière ? Que penser de Paul George, lui aussi abominable en attaque mais aussi en défense ? Que prononcer comme mot autour du staff autour de Rivers, des coéquipiers vétérans autour des stars des Clippers, en bref comment s’exprimer de manière fluide et intelligible sur le groupe complet de Los Angeles ? Ce n’est pas la chute d’un homme ou d’un acteur ici, c’est l’effondrement de toute une franchise qui a eu lieu sous nos yeux. Un cataclysme sportif, dont les Clippers se remettront peut-être l’an prochain, mais qui en l’état ne fait que remettre le sujet préféré de la sphère basket sur la plus illuminée des plateformes : la franchise cousine des Lakers est le meilleur punching bag de toute la NBA.

On peut envisager de voir les Knicks perdre, ou James Harden se vautrer. On peut esquisser un sourire lorsque Giannis se vautre face à la défense du Heat, ou bien Draymond Green remballer ses envolées lyriques lorsque Golden State craque. C’est comme ça, une sorte de code pré-établi qui réunit beaucoup de monde. Mais y a-t-il un sujet plus rassemblant qu’un choke des Clippers ? Sur la décennie passée, non. Triste réalité que celle imposée à la franchise de Steve Ballmer, qui avait fait tout son possible pour créer une équipe taillée pour le titre dès l’année 1. Jerry West au conseil, Kawhi et PG sur les ailes, des bons soldats dans les coins, ça visait un duel entre franchises de Los Angeles en finale de conférence. Malheureusement, Pat Beverley et ses potes devront regarder les Lakers danser avec les Nuggets à la télévision. Le meneur des Clippers nous fait justement avancer un nouveau point, et c’est peut-être celui qui rend ce choke plus brutal que les autres. Les hommes de Doc Rivers ont tellement parlé et bizarrement agi… pour ça au final ? Autant de blabla et de torse bombé, pour se dégonfler en menant 3-1 contre Denver ? Il y a eu la série contre Dallas, qui avait déjà fait froncer pas mal de sourcils, Marcus Morris en tête de gondole. Il y avait eu les déclarations d’avant-saison, une campagne axée sur le titre et rien d’autre. Un paquet de membres de cette équipe avait pris ouvertement la parole pour montrer que la bague était dans leur viseur, qu’affronter les Lakers serait le rendez-vous tantatendu. C’est, d’ailleurs, ce qui donnait un certain charme à cette troupe. Hate it or love it, quoi qu’il arrive vous devrez nous affronter. Mais face à tant de comportements déroutants, ralliant de nombreux fans derrière l’envie de voir ces Clippers perdre, voir le caïd du coin chuter avait quelque chose de jubilatoire pour un paquet d’observateurs. Comme si, double-triple-quadruple alignement des planètes, c’étaient ces Clippers, après ce trashtalking, face à cet adversaire, en ayant ce 3-1 lead, qui chutait ce mardi soir. Oui, il y aura un après, et le groupe aura des armes toujours aussi séduisantes pour viser à nouveau le Larry O’Brien Trophy. Mais non, impossible de décrocher cette étiquette, ce rêve qui plaisait tant à Ballmer et les fans de la franchise : ne plus être considéré comme des losers, pour l’amour du ciel. C’est raté, et de manière spectaculaire qui plus est. En attendant de s’en remettre dans quelques semaines ou mois, la sanction est inévitable et irrevocable. Les Clippers ont choke, d’une façon historique, et seront pointés du doigt pendant un bon bout de temps. Fallait soit parler et assumer derrière, soit s’incliner sans en faire une tonne précédemment. Deal with it.

Est-ce une affaire qui collera à la franchise de Los Angeles ad vitam eternam ? Est-ce que ces Clippers sont faits, quoi qu’il arrive, pour décevoir ? Désillusion et tristesse accompagnent leurs fans aujourd’hui, mais compliqué de croire que ceux-ci ne sont pas d’accord avec le résultat final : Kawhi, Paul George, Doc Rivers et compagnie ont fait n’importe quoi sur cette fin de série, la sortie est aussi honteuse que méritée.