Bienvenue sur le banc des Blazers : la raison majeure du très bon début de saison à Portland

Le 11 nov. 2018 à 10:52 par Bastien Fontanieu

Blazers
Source image : NBA League Pass

Auteurs d’un solide début de saison avec 9 victoires en 12 matchs et des soirées aussi bien assurées à domicile qu’en déplacement, les Blazers peuvent notamment remercier leur banc qui a trouvé une identité et des fournisseurs aussi sexy qu’inattendus.

Le scénario semblait déjà écrit pour Portland et leurs fans, à l’aube d’une saison intrigante. Un groupe stable, une star autour de laquelle tout est construit, des fines lames qui savent faire le sale boulot tous les soirs, un coach en place, rien de bien fou en somme. Rien de bien modifié en fait, après la – pourtant – terrible désillusion du dernier tour de Playoffs sniffé face aux Pelicans. Statu quo ? Oui, pouvait-on penser. Après tout, quand la concurrence se renforce pendant que toi tu changes trois fois rien, il y a de quoi aller dans ce sens. Croire que Portland allait stagner voire chuter était donc tentant, c’était in comme disent les djeunz. Mais dans une NBA qui avance à toute vitesse et laisse toujours aussi peu de temps à la continuité, même dans la douleur, les Blazers ont décidé d’aller à contre-courant. Ne pas tout faire exploser, ne pas tomber dans la tentation, ne pas craquer suite au décès de Paul Allen. On va conserver ce groupe et utiliser ce désarroi comme un levier-moteur pour la saison suivante. Et s’il y a des modifications à faire, on les réalisera par petites touches. Ce que Neil Olshey a assuré en s’asseyant avec Terry Stotts, et en construisant une dynamique plus équilibrée, mieux responsabilisée, moins dépendante des folies offensives de Damian Lillard. Au bout de 12 matchs, c’est un franc succès. Portland est de moins en moins prévisible et de plus en plus relou à jouer, comme cette étonnante statistique peut en partie le confirmer.

Quand Damian Lillard marque + de 30 points : 1 victoire – 2 défaites
Quand Damian Lillard marque – de 30 points : 8 victoires – 1 défaite

Bienvenue sur le banc des Blazers 2018-19, squad polyvalent et discipliné, qui crée un grand nombre de problèmes pour un paquet de second units de la Ligue. Les membres du 5 majeur continuent à faire le boulot comme chaque saison, mais c’est bien chez les remplaçants que la différence se fait sur ce début de saison. Nik Stauskas, Seth Curry, Zach Collins, Mo Harkless, Meyers Leonard, Caleb Swanigan et Evan Turner pour vous servir. Intégré dans le cinq majeur alors qu’il aurait pu se joindre à la teuf, Jake Layman complète désormais parfaitement les quatre autres titulaires qui connaissent leur rôle depuis des lustres. Le marsupial blanc se défonce en plantant ses tirs à distance (41%), donnant encore plus de liberté au duo Lillard – McCollum dans le périmètre. Et sur le banc donc, si on fait le tour du pâté de maison, Turner démarre en chef de file avec une production à laquelle on s’attendait. Gros défenseur, bon playmaker, l’ailier apporte une base sur laquelle Terry Stotts peut se poser chaque soir en sachant très bien ce qu’il obtiendra de son forward. Mais c’est surtout ce qui se passe autour de Turner qui régale, avec un système simple qui permet à Portland d’exécuter à outrance pendant les minutes de repos des stars : écrans pour Stauskas, écrans pour Curry, feu à volonté pour artiller. Quasiment 6 tirs du parking pris en sortie de banc par les deux snipers, sachant que le duo est à plus de 40% (!) de réussite derrière l’arc, les défenses adverses sont priées de se concentrer en défense. Les deux nouveaux arrivants de cet été vont à merveille avec Zach Collins, le projet chez les intérieurs des Blazers, qui montre de belles choses dans ce registre de grand capable d’espacer le terrain, monter au contre, boxer au rebond et poser des écrans XXL.

Si on parle avant tout de ce quatuor, c’est aussi parce que le trio Leonard – Swanigan – Harkless et nettement moins mis en avant. Là aussi se souligne une nouvelle approche de la part de Terry Stotts, l’entraîneur ayant fait confiance aux mêmes têtes depuis des années. Out les “anciens” que sont Mo et Meyers, donnons les clés du camion à Curry et Stauskas qui artillent à outrance tout en comptant sur de solides défenseurs pour les aider. Résultat des courses ? Portland est passé de 27 à quasiment 41 points de moyenne venant de son banc chaque soir, un jump sensationnel et qui permet aux Blazers de passer un cap. Par le passé, la moindre sortie de Lillard ou McCollum était sanctionnée, agrippant Stotts par le couilles en lui imposant de compter les secondes de repos de ses joueurs majeurs. Aujourd’hui, l’entraîneur fait confiance à ses remplaçants et ose les responsabiliser dans de nouveaux contextes, ce qui change la prévisibilité de son équipe. Fermez Lillard, et vous aurez une sanction venant d’ailleurs. Et quand bien même on pourrait uniquement parler d’attaque, c’est aussi la défense qui a su élever son niveau de jeu pour équilibrer la performance globale sur 48 minutes. Portland se situe toujours en bonne compagnie (Top 10 en defensive efficiency), mais le cinq majeur peut se permettre des bavures qui seront elles rattrapées par les remplaçants. Bien évidemment, on ne se baser pour le moment que sur un faible échantillon, il faudra voir comment ce groupe évolue en déplacement et avec la fatigue pour se donner une vraie idée. Mais dans une franchise qui était supposée imploser depuis quelques mois, une légère modification a apporté une harmonie collective qui se ressent désormais chaque soir sur le terrain.

Limiter Damian Lillard et C.J. McCollum n’est plus suffisant pour stopper ces Blazers. Grâce à un banc discipliné et culotté, Portland peut entrevoir l’avenir avec un peu plus d’espoir. C’est pas ça qui va te faire battre les Warriors, mais c’est pas ça qui va pousser tes dirigeants à appuyer sur le gros bouton rouge. On demande confirmation.


Tags : blazers