Profil Draft 2017 : Luke Kennard, un poignet gauche réglé comme une horloge

Le 04 juin 2017 à 10:12 par Benoît Carlier

Luke Kennard
Source image : YouTube/Duke Basketball

Comme Jayson Tatum et Harry Giles, Luke Kennard représentera fièrement les Blue Devils le soir de la Draft. Pas le plus attendu à son arrivée à Duke il y a deux ans, il est presque devenu indispensable à Coach K cette saison grâce à une main gauche ensorcelée qui a déjà sorti ses coéquipiers de sacrés pétrins.

Profil

> Âge : 20 ans. Né le même jour que J.J. Redick et Taj Gibson.

> Position : Arrière ou shooting guard. La traduction est importante.

> Equipe : Duke. L’ancienne terre des exploits de Kyrie Irving, Brandon Ingram et… J.J. Redick, entre autres.

> Taille : 198 centimètres. Coucou Kobe Bryant.

> Poids : 92 kilos. Coucou Jamal Crawford.

> Envergure : 196 centimètres. Soit à peu près le tiers d’un bras de Giannis Antetokounmpo.

> Statistiques 2016 : 19,5 points, 5,1 rebonds, 2,5 passes et 0,8 interception à 49% au tir dont 43,8% du parking, le tout en 35 minutes.

> Comparaison : De Rodney Hood à J.J. Redick pour les plus optimistes.

> Prévision TrashTalk : 15ème position minimum, 23ème max.

Qualités principales

# Une papatte gauche qu’il va devoir faire assurer

Le gang des gauchers s’apprête à accueillir un nouveau membre premium dans une vingtaine de jours. Dans le corner ou en tête de raquette, en catch-and-shoot ou en sortie d’écran, il dispose déjà d’un bel arsenal pour faire de dégâts loin du cercle. Deuxième meilleur marqueur de la Conférence ACC (19,5 points de moyenne), il a surtout franchi un cap au tir avec quasiment 44% de ficelle du parking cette saison. Ça ne pouvait pas mieux tomber à une époque où il n’y a jamais eu autant de trois points en NBA. Et pour ceux qui s’inquièteraient du recul de la ligne entre la NCAA et les pro, soyez sans crainte, le gosse a largement la distance NBA dans les bras. Mais son jeu offensif ne s’arrête pas aux tirs de centre-ville puisqu’il maitrise aussi l’art du flotteur, et ce, des deux mains. Paye ton casse-tête au moment de défendre un mec capable de scorer dans toutes les positions.

# Théoricien du basket

Luke Kennard c’est un peu le surdoué a sauté une ou deux classes en primaire et qui continue d’avoir des meilleures notes que ses camarades qui auraient presque l’âge d’être son père. Ici on parle surtout de QI basket et de sens de jeu, notamment dans son placement. Jamais immobile, il cherche sans cesse à créer des décalages à l’aide des écrans. Il est l’antithèse du sniper qui campe dans son corner en attendant le cuir. Sa lecture du pick-and-roll est une référence en la matière et il profite de son léger avantage de taille sur ses adversaires directs pour écarter le jeu. Souvent utilisé comme meneur en l’absence de poste 1 de métier cette saison, il a presque un ratio assists/turnovers à rendre jaloux Emmanuel Mudiay.

# Formé à bonne école

Kyrie Irving, Jabari Parker, J.J. Redick, Austin Rivers, Justise Winslow, tous sont passés entre les mains de Mike Krzyzewski un jour. Pendant deux ans, Luke Kennard a ainsi pu bénéficier des conseils du désormais ex-sélectionneur américain. Les progrès ne se sont pas faits attendre pour cet arrière qui pensait initialement aller au bout de son cursus universitaire avant de tenter sa chance en NBA. Au lieu de ça, Coach K l’a pris sous son aile pour révéler son âme de leader lorsque l’infirmerie affichait complet et que le bateau tanguait. Team USA est encore loin mais il a accumulé un bagage tactique qui pourrait faire passer Nick Young pour un attardé. A moins que… Enfin, vous avez compris l’idée.

Défauts majeurs

# Un physique presque lambda

Au milieu de tous les extraterrestres qui se sont présentés au Draft Combine avec des bras de 12 mètres de long et une détente qui leur permet de monter au cinquième étage sans ascenseur, Lucky Luke semble s’être trompé de salle. Du haut de ses deux mètres moins quelques centimètres, on le regarde quand il est à côté de nous dans le métro mais on ne se douterait pas qu’il affronte des freaks en short trois soirs par semaine si on ne le connaissait pas. Sur le terrain, cette courte envergure et ce manque d’explosivité se payent cash face à des profils plus physiques. Et ce n’est pas ce qui manque en NBA…

# Une tendance à fuir les duels

En attaque comme en défense, Luke Kennard n’est pas très à l’aise en un-contre-un. Physiquement, il n’encaisse pas bien les coups et ses adversaires s’amusent à l’enfoncer près du cercle en défense. Dans une défense à cinq, ça ne se voit pas beaucoup car ses coéquipiers sont là pour venir en aide mais dès qu’il se retrouve seul face à un adversaire un peu plus grand ou costaud que lui, c’est un vrai calvaire. En attaque aussi, il est trop prévisible et son premier pas l’empêche de faire la différence. Il se retrouve souvent bloqué à accumuler les feintes comme un joueur de 2K qui spamme le bouton carré. On connait le résultat… Si le score est serré et qu’il reste une dizaine de secondes à jouer, il pourra donc jouer le rôle d’un Ray Allen en Game 6 des Finales mais ce n’est pas lui qui se créera un tir en isolation comme DeMar DeRozan ou Carmelo Anthony savent si bien le faire.

# Stéréotype du joueur unidimensionnel

Il a beau avoir un large panel de moves en attaque, il risque vite d’être réduit à un rôle de sniper. Car s’il maîtrise le flotteur et peut terminer au cercle des deux mains, ses mensurations l’empêche de venir se frotter aux gros shorts dans la peinture et il a tendance à arrêter son dribble trop tôt lorsqu’il se heurte à un défenseur. La transition en NBA avec des top défenseurs dans chaque franchise devrait donc le restreindre à ce qu’il sait faire de mieux, c’est-à-dire le shoot en sortie d’écran. Attention donc à ne pas se faire enfermer dans ce rôle car il risque de vivre quelques longues soirées sur le banc les jours où ça ne voudra pas rentrer sur ses deux ou trois premières tentatives.

Conclusion

Joueur de collectif, Luke Kennard n’aime pas tirer la couverture à lui mais ses exploits du parking le font pour lui. Encore un peu limité en défense à cause d’un physique assez éloigné du basketteur aux longs bras, il compense par une belle activité sans ballon et beaucoup de bonne volonté. Les entraîneurs ont souvent du mal à faire confiance à un rookie pour ses qualités de sniper à longue distance mais sa polyvalence aux postes 1 et 2 devrait lui permettre d’obtenir une bonne dizaine de minutes de temps de jeu dès ses premiers mois chez les pros.


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