Willis Reed : si on le surnomme “The Captain”, c’est pour une bonne raison

Le 08 mai 2017 à 18:00 par Alexandre Martin

Willis Reed
Source image : YouTube

Il est de ces joueurs qui peuvent influer sur un match sans vraiment peser statistiquement. Il est de ces joueurs dont le charisme, le détermination et le goût du combat sont à eux seuls des sources d’inspiration et de motivation pour tous ses coéquipiers. Willis Reed est surnommé “The Captain” et ce qu’il a fait en ce soir du 8 mai 1970 en est le symbole, l’acte d’un immense leader…

Nous sommes au début du mois de mai, les Knicks affrontent les Lakers de Wilt Chamberlain, Jerry West et Elgin Baylor en Finales NBA. Ils ont l’occasion d’offrir à leur franchise le premier titre de son histoire. Les hommes de Red Holzman sortent d’une superbe saison régulière qu’ils ont finie avec le meilleur bilan (60 victoires, 22 défaites). La série en est à 2-2 et le Madison Square Garden accueille le match 5 avec une certaine effervescence mais qui sera de courte durée. Car, au cours de cette rencontre que l’on sait cruciale, Willis Reed – le boss des Knicks et MVP de régulière – va se blesser sévèrement un muscle au niveau de la cheville et ne pourra jouer que huit petites minutes. Solides et bien organisés collectivement, les New-Yorkais remportent quand même le match. Pour autant, ils savent que rien n’est fait parce qu’ils vont devoir jouer le Game 6 dans une Cité des Anges hostile et surtout, sans leur pivot Reed.

D’ailleurs, sur ce match 6, le Knicks vont se faire étriller. En l’absence de l’ami Willis, c’est Nate Bowman qui s’occupe du mieux qu’il peut du poste 5. Il gratte 8 rebonds et envoie 18 points mais Chamberlain se fait plaisir comme rarement il en avait eu l’opportunité dans cette série : 45 points et 27 rebonds pour “The Stilt”. Les Knickerbockers sont dominés dans tous les secteurs et le score final sera sans appel, 135 à 113 pour les Angelinos. 3 partout et retour dans la Big Apple pour un match 7… Nous nous retrouvons donc le 8 mai 1970 à Manhattan où tout New York s’apprête à recevoir le match le plus important de son histoire basketballistique. Mais l’inquiétude règne parmi les fans. Une inquiétude due à l’incertitude autour de la présence de Willis Reed sur le parquet en soirée. Conscient de l’impact que peut avoir son coéquipier sur ce match, l’ailier-fort Dave DeBusschere balancera ces quelques mots à Reed avant la rencontre :

“Si tu peux nous donner quelques minutes, je suis sûr que cela peut représenter plus que tout.”

Quelques heures plus tard, le Garden de la ville qui ne dort jamais est plein comme un oeuf. Il grouille, ça murmure dans tous les sens. L’attente est presque insoutenable. Jouera ? Jouera pas ? Le nom de Reed est sur toutes les lèvres alors que les deux équipes – hormis ce bon Willis évidemment – sont sur le parquet en train de finir de s’échauffer… Personne ne le sait dans la salle à cet instant mais le pivot des Knicks vient de se faire injecter une dose sérieuse de cortisone afin d’atténuer la douleur au maximum.

Et puis, Reed fait son apparition à la sortie du couloir qui mène sur le terrain. Dès que les premiers fans l’aperçoivent, la foule s’embrasent immédiatement, livrant à son héros une ovation absolument vibrante. Phil Jackson qui faisait partie de l’effectif des Knicks à l’époque sans pouvoir jouer car blessé au dos, fut un témoin privilégié de cette scène mythique. Le Zen Master en garde un souvenir grandiose :

“Je n’ai jamais entendu une foule répondre avec autant d’émotion que ce public (du Garden) qui répondait au fait que Willis arrivait sur le parquet.”

Allant même plus loin, Phil Pepe – du New York Daily News – expliquera que la rencontre venait tout simplement de tourner alors qu’elle n’avait pas encore commencé :

“Les Lakers se sont retournés (Wilt également). Ils ont vu ça et ils ont perdu le match à ce moment !”

Sur l’une des premières actions de la rencontre, Walt Frazier sert Reed au niveau de la ligne de lancer. Jumper du pivot et ficelle. Le Madison Square Garden devient fou et se met à rugir comme il sait si bien le faire. Quelques minutes plus tard, l’ami Willis reçoit le balle dans le périmètre, à environ 6 mètres du cercle. Sans hésiter il prend le tir, le rentre et revient dans son camp en boitant vraiment bas, tel un soldat blessé mais qui ne veut rien lâcher pour continuer d’aider les siens. Devant tant de courage, le Garden s’est levé pour acclamer son Captain et ses protégés. Et à partir de là, ce fabuleux public jouera son rôle à fond.

“La foule est devenue notre sixième homme. Ils nous ont catapulté vers un autre niveau, croyant vraiment que nous pouvions battre les Lakers.” – Walt Frazier

Bref, le niveau d’énergie dégagé du Madison Square Garden pendant ce match a dû se faire sentir jusqu’à Los Angeles (au hasard…). Les Lakers n’ont jamais pu rentrer dans leur match et n’ont fait que subir du début à la fin face à ses Knicks boostés à l’adrénaline et sur-motivés par l’abnégation montrée par Reed. Des Knicks qui vont envoyer un 38 à 24 dans le museau des Californiens sur le premier quart, suivi d’un 31 à 18 sur le deuxième quart. Walt Frazier sera sensationnel avec 36 points, 7 rebonds et 19 passes décisives pendant que Dave DeBusschere proposera un très gros chantier sous les cercles avec 18 points et 17 rebonds. Score final : 113 à 99, explosion de joie à New York et premier titre NBA pour les Knicks !

Willis Reed lui, n’aura finalement scoré que 4 points et pris que 3 rebonds mais sera resté 27 minutes sur le parquet pour guider les siens défendant héroïquement sur Chamberlain, malgré la douleur. Il avait déjà été MVP du All-Star Game cette année-là, puis MVP de saison régulière. Il sera également élu MVP des Finales qu’il finira avec 23 points et plus de 10 rebonds de moyenne mais surtout avec un acte de bravoure et de leadership jamais vu. Un acte de capitaine…

La défense héroïque de Willis Reed sur Chamberlain au match 7

L’entrée de Willis Reed sur le parquet…


Tags : Willis Reed