Zach LaVine n’ira pas au Dunk Contest, mais il doit être applaudi pour lui avoir redonné une âme

Le 26 janv. 2017 à 09:29 par Bastien Fontanieu

Source image : Sportsme

En annonçant officiellement qu’il ne participerait pas au Dunk Contest 2017, Zach LaVine a forcément déçu de nombreux fans qui souhaitaient le revoir une troisième fois sur la plus grande des scènes, provoquant par conséquent des réactions un poil trop vives : peut-être devrait-on d’abord commencer par le féliciter, vu le travail qu’il a accompli.

Il a eu peur.

Il s’est chié dessus car il savait qu’Aaron Gordon serait là.

Quel branleur, au lieu de réaliser le triplé il préfère se reposer.

Il a enfin capté qu’il avait volé le titre l’an dernier.

Ce mercredi, en apprenant comme tout le monde la nouvelle, ces quatre perles ont pris leur place dans un large éventail concocté via les réseaux sociaux, véritable paradis de la défoule émotionnelle. Tant de fans attristés par sa future absence, tant de fans qui auraient voulu goûter une dernière fois à cette adrénaline qu’il a apportée pendant deux belles années. Tant de fans, aussi, qui ne prenaient peut-être pas conscience du travail abattu par Zach LaVine lors des Dunk Contest 2015 et 2016. Car là est bien le point qu’on souhaite mettre en avant aujourd’hui, en voyant le double-vainqueur tirer sa révérence une bonne fois pour toutes. Oui, forcément, notre précieux désir de satisfaction personnelle passe avant beaucoup de choses, surtout lorsqu’il est question du All-Star Weekend et de ses concours. Mais ne devrions-nous pas ranger, pendant un court moment, ce réflexe pour d’abord prendre un poil de recul et réaliser ce que le phénomène des Wolves a accompli en seulement deux participations ? Pour faire simple, disons ceci : en débarquant dans un Dunk Contest qui partait clairement en couilles, LaVine a réussi à redonner une âme à cet événement prestigieux, et à remettre en quelque sorte l’église au centre du village. D’un point de vue identitaire, ce que le marsupial formé à UCLA vient de faire est tellement grand et était tellement compliqué qu’on doit bien lui rendre un petit hommage.

Remettons-nous quelques secondes dans le contexte de l’époque. All-Star Weekend 2015 à New York. Sur les éditions précédentes, le Dunk Contest perd clairement sa place de rendez-vous immanquable, au profit d’un concours de trois-points qui avance des joueurs plus connus et performants. Malgré le titre ultra-médiatisé de Blake Griffin en 2011, le sentiment général est celui de la frustration, et ce pour plusieurs raisons. Trop de props, trop de joueurs peu connus, pas assez de niveau et surtout des athlètes qui préfèrent refuser des invitations plutôt que de les accepter, le SDC est en PLS et la NBA s’inquiète. Comment relancer ce moment fort de la saison ? A-t-on atteint des limites athlétiques ou dans la créativité ? Pendant que la Ligue tente un modèle foireux Est contre Ouest, les peluches et drapeaux s’enchaînent après des cabines téléphoniques et des maillots fluorescents. Le bordel est total, à tel point que ce potentiel bijou médiatique prend des allures des cirques. Il faut qu’un participant idéal soit trouvé. Un soldat qui accepte cette pression que de nombreux joueurs refusent, qui relance la hype autour du Dunk Contest, et donne envie à des gamins de se faire un nom durant cet événement. Ce participant viendra, avec trois poils au menton, des cannes légendaires et des idées remarquables.

Car si certains ne retiendront que l’aspect administratif du passage de LaVine, symbolisé par deux victoires en deux concours, d’autres se souviendront de la méthode utilisée. De la pureté des gestes, de l’efficacité de ses tentatives et surtout du retour aux bases. Rangez vos foutus double-panneaux et autres bagnoles par-dessus lesquelles sauter. Ce qu’on veut, c’est du dunk réussi, bien exécuté, avec un ballon, une paire de pompes, un short et un maillot. Un art à l’ancienne, que Zach colorera avec ses propres crayons. Et en agissant ainsi ? Il créera sans le vouloir un moment inoubliable. Un duel d’anthologie avec Aaron Gordon, en terre canadienne. Qu’on soit clair, car l’animal d’Orlando le dirait lui-même avec peu de difficulté : sans LaVine, il n’y a pas ce Dunk Contest 2016, cette finale de rêve, ce moment vécu ensemble et qui arrêtait la plupart des montres. Pas de sur-préparation chez Gordon pour affronter cet extra-terrestre, pas de foule amassée sur le bord du terrain, pas d’excitation renouvelée autour de l’événement. Et tout ça, sans mentionner tant d’autres aspects comme celui du business de la Ligue, c’était uniquement possible grâce à un gamin qui acceptait le sale boulot. La pression, celle de prolonger la méforme d’un concours tant apprécié auparavant ou devenir le représentant de sa résurrection.

Quelle sera la place de Zach LaVine, dans le classement des meilleurs dunkeurs de l’histoire ? Chacun fera sa tambouille, en le mentionnant aux côtés des Vince Carter, Michael Jordan, Nate Robinson et autres rois du concours du samedi. Mais s’il existe un classement des joueurs à remercier pour avoir redonné vie à un événement mythique de la NBA, il sera certainement tout en haut. Car même si on aurait aimé le revoir une dernière fois au Dunk Contest, Zach a accompli une mission que très peu de monde aurait accepté. Et rien que pour ça, le bonhomme peut partir applaudi et en paix.