Si le Thunder de 2012 était encore ensemble aujourd’hui : un what if qui traversera l’histoire

Le 17 déc. 2016 à 18:39 par Bastien Fontanieu

Thunder durant harden westbrook
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C’est une interrogation qui ronge de nombreux fans depuis quelques temps, et qui prend encore plus de poids lorsqu’on voit ce début de saison à l’Ouest : que se serait-il passé, si le Thunder avait conservé son nucleus en 2012 ? 

Dans la famille What if, je veux le daron. Le seul et unique, celui qui hante les nuits des habitants d’Oklahoma City et fait transpirer la concurrence. Dans la longue et belle aventure de la NBA, de nombreux scénarios ont été revisités afin d’apporter des potentielles réponses à des questions laissées dans la poussière de l’histoire. Et si Jordan avait atterri aux Blazers, et si Derek Fisher n’avait pas mis son tir en 0,4 secondes, et si Draymond Green n’avait pas été suspendu pour le Game 5, la beauté de cette Ligue réside dans de nombreux éléments mais ses légendes profondes gardent une place particulière dans le coeur des fans. Et lorsqu’on se penche sur le dossier Thunder 2012, on est forcément obligé de lâcher une vilaine grimace. Car dans le classement all-time des hypothèses ? Difficile de faire plus excitante, frustrante, affolante et enivrante que celle entourant Kevin, Russell, James, Serge et Reggie. Un quintet mais avant tout un trio, qui a commencé son implosion il y a un peu plus de quatre ans pour aujourd’hui totalement dominer la NBA avec chaque membre de son côté, voilà la superteam inversée qui s’est décomposée sous nos yeux, alors qu’elle aurait pu marquer les plus grands chapitres de l’histoire à l’aide d’une plume quatre étoiles. Comment ne pas soupirer et fermer les yeux quelques secondes, en voyant le carnage imposé par Messieurs Durant, Harden et Westbrook sur ce début de saison, et en se rappelant que les phénomènes évoluaient sous le même maillot il y a quelques années ?

Membres du Thunder finaliste en 2012 – statistiques sur la saison en cours

  • Kevin Durant : 25,5 points, 8,4 rebonds et 4,7 passes à 53% au tir dont 39% de loin
  • James Harden : 27,6 points, 7,6 rebonds et 11,7 passes à 44% au tir dont 35% de loin
  • Russell Westbrook : 30,5 points, 10,5 rebonds et 10,6 passes à 42% au tir dont 32% de loin
  • Reggie Jackson : 13,5 points, 1,8 rebonds et 4,3 passes à 38% au tir dont 36% de loin
  • Serge Ibaka : 14,8 points, 6,5 rebonds et 1,7 contres à 48% au tir dont 40% de loin
  • Nick Collison : 0,3 points, 1,3 rebond et 1 passe à 25% au tir
  • Cole Aldrich : 3,0 points, 3,9 rebonds et 0,6 contres à 56% au tir
  • Thabo Sefolosha : 7,8 points, 4,7 rebonds et 2 passes à 48% au tir dont 26% de loin

Aujourd’hui, on peut tout à fait mettre LeBron en pilote de la course au MVP, et lui demander de regarder dans son rétroviseur : Durant, Russell et Harden sont probablement les trois mieux placés pour le faire tomber. Et c’est là que le dossier O-K-C-2K12 prend une ampleur considérable en ce moment même. Plus que jamais auparavant. Car l’an dernier, on s’amusait encore à parler de ce qui se serait passé dans le cas où le barbu avait été conservé dans les plaines de l’Oklahoma, mais le gros de la troupe était encore là. James et Reggie fleurissaient dans leur coin, mais la décomposition du groupe finaliste n’était pas totale. Cependant, suite au transfert d’Ibaka à Orlando et le départ de Durant à Golden State ? La version la plus folle de Westbrook a été découverte, Serge s’est refait une santé en Floride et Harden est plus efficace que jamais sous Mike D’Antoni. Et c’est sans compter, à cause de ses pépins physiques connus en début de campagne, sur un Reggie Jackson qui proposait des moyennes folles l’an dernier. Là est le poids que prend ce what if exceptionnel. Dans les situations actuellement positives de chaque membre de cet ancien squad, sachant qu’ils ne sont désormais plus liés par le moindre jersey.

Dans cet immense labyrinthe dont les murs sont faits de points d’interrogations, la tentation évidente est de cumuler ces productions individuelles pour les assembler dans le même panier. Non, cela semble évident, il n’aurait pas pu y avoir autant de statistiques affolantes si ce quintet avait été conservé. Comment utiliser au mieux les qualités créatrices révélées de James Harden, s’il est forcé à jouer tel un spot-up dans le corner, à qui quelques situations en pointe auraient été données ? Comment imaginer un seul instant que Westbrook aurait pu marcher sur des records de triple-double et de scoring, en ayant autant de bouches à nourrir ? Même chose pour KD et Jackon, tous les deux placés dans des rôles actuels qui auraient été inconcevables dans le même vestiaire à l’époque. Sauf que pendant que certains fans du Thunder pleurent encore en s’imaginant ce qui aurait pu et ce qui aurait , pendant qu’on se penche sur les statistiques avancées, la compatibilité salariale de chacun et la cohabitation potentielle de ces phénomènes, Warriors et Rockets n’ont pas traîné et se sont créés les équipes de leurs rêves. Oui, de leurs rêves. Une bande de copains-snipers extraordinaires qui redessine le basket à Golden State, un rouleau-compresseur offensif et longue-distance orchestré par un fou-barbu à Houston, et au milieu de tout ça ? OKC, qui a pu respirer en voyant Westbrook prolonger dans la région cet été, mais restera plombée par cette inévitable question : what if, what if…

Depuis le transfert de James Harden en 2012, le Thunder n’a cessé de se demander ce qui aurait pu se produire dans le cas où l’histoire aurait pu être réécrite, où cette équipe quasi-universitaire avait été conservée. Et quatre ans plus tard, l’épanouissement semble plus rayonnant que jamais pour chaque membre de cette ancienne troupe d’élite. Russell Westbrook parviendra peut-être à effacer certains doutes en aidant à reconstruire une page tout aussi prometteuse dans l’Oklahoma, et les principes de notre sport ainsi que du business de la NBA suggéreront que rester aurait été impossible, mais jusque là l’interrogation sera davantage de l’ordre de l’affirmation : on aurait pu voir ces trois candidats au titre de MVP écraser la NBA, main dans la main, plutôt que chacun dans leur coin.