Profil Draft 2016 : Skal Labissière, le mec qui était annoncé au-dessus de Ben Simmons l’an dernier

Le 11 juin 2016 à 23:53 par David Carroz

Il y a un peu plus d’un an, Skal Labissière impressionnait son monde lors du Hoop Summit, à tel point que son nom était cité parmi les potentiels numéros 1 de la Draft une quinzaine de mois avant qu’une franchise puisse réellement miser sur lui. Mais depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et le natif de Port-au-Prince a vu sa cote baisser devant ses difficultés en NCAA.

Profil

> Âge : 20 ans. Né un 18 mars, comme la légende Brian Scalabrine. On lui souhaite donc la même carrière.

> Position : intérieur. Mais pas trop proche du cercle.

> Equipe : Kentucky Wildcats. Genre les mecs qui sortaient Karl-Anthony Towns l’an dernier.  Ou encore Nerlens Noel, Julius Randle, Anthony Davis, DeMarcus Cousins ces dernières années. On se limite volontairement aux intérieurs.

> Taille : 2,11 mètres, ça va bien.

> Poids : 98 kilos, ça va moins.

> Envergure : 219cm. De long bras pour se gratter derrière le genou.

> Statistiques 2016 : 6,6 points à 51,6%, 3,1 rebonds et 1,6 contre en 15,8 minutes.

> Comparaison : Les avis varient de Channing Frye à LaMarcus Aldridge en passant par Myles Turner..

> Prévision TrashTalk : dans la fin des lottery picks, entre 10 et 14.

Qualités principales

#Profil physique

Avec une taille  d’équerre pour jouer en NBA, Skal Labissière propose en plus une belle fluidité dans ses déplacements et une allonge qui sera appréciée le moment venu. Il est certes encore léger physiquement, mais son gabarit doit lui permettre de prendre du muscle sans que ce la impacte ses qualités naturelles. Bon athlète, il saute haut et peu chopper le ballon dans le ciel pour conclure sur des lobs en allant chercher la gonfle au niveau de l’horloge. Quand il a le temps de décoller, ça pique, et sous le cercle il tourne à plus de 60% de réussite. Des qualités de taille et de saut qui lui confèrent aussi le matos nécessaire pour gober des rebonds offensifs sur la tête des intérieurs adverses.

#Panoplie offensive

A 20 piges, Skal Labissière propose une panoplie offensive très développée. Encore plus quand on se dit qu’il ne dispose pas d’une grosse expérience du basket encadré et en compétition. Autant dire qu’avec ces bases, il a de quoi attirer les franchises. Sa gestuelle est fluide, il propose un bon équilibre et son footwork n’est pas celui d’un gamin qui n’a pas l’âge d’aller prendre une bière dans un bar américain. Il décolle bien pour relâcher la balle alors qu’il est encore haut. Bref, il y a de la qualité pour shooter, ce qui se confirme sur catch and shoot où l’Haïtien est plutôt performant. Il faut dire qu’il se place bien sur pick and pop par exemple, positionnant rapidement ses pieds pour être bien placé. Remarque valable aussi sur ses pullups. Grâce à cela, il peut apporter du spacing à son équipe et il bosse à ralonger la distance pour pouvoir squatter le parking en NBA. Notons aussi des jump hooks des deux mains, une belle capacité à pivoter sur son pied d’appui ou encore un turnaround jumper pour lequel il a montré du potentiel – puisqu’il est capable de se retourner des deux côtés – et vous avez là les raisons de l’enflammade à son sujet l’an dernier. S’il n’est pas encore un produit fini, son toucher et son agilité laissent entrevoir des perspectives intéressantes pour la Grande Ligue.

#Potentiel défensif

Comme pour l’attaque, Skal Labissière est encore un produit brut de l’autre côté du parquet, mais avec des éléments intrigants qui laissent à penser qu’il pourra contribuer dans ce secteur du jeu également en prenant de l’expérience et en gagnant en maturité. Typiquement sa fluidité lui permet déjà d’assurer le minimum sur pick and roll en le rendant versatile. S’il doit encore clairement progresser dans ses fondamentaux qu’il ne maitrise pas, sa qualité de déplacement doit lui permettre de peser sur ce genre d’actions, le matos étant là pour contenir les extérieurs. Plus proche du cercle il possède aussi un bon timing et une détente qui font de lui un contreur émérite, comme en attestent ses 4,2 crêpes en 40 minutes cette saison. Il dispose d’un instinct efficace et comme il se déplcae vite, il peut revenir en couverture.

#Marge de progression

Même si Skal Labissière est âgé pour un freshamn (déjà 20 ans), ses caractéristiques et son potentiel intriguent. Avant de débarquer à Kentucky, il n’avait quasiment pas joué au basket en compétition, ce qui peut expliquer ses difficultés. S’il prouve qu’il peut apporter du spacing en attaque et de la protection de cercle en défense, il fera son trou puisque ces deux qualités sont prisées en NBA.

Défauts majeurs

#Le fer, ça apporte du muscle et de la dureté

Il suffit de jeter un oeil sur le physique de Skal Labissière pour voir quel est son plus gros problème au moment de débarquer en NBA. Le mec est tout maigrichon. Moins de 10% de masse graisseuse, c’est bien, moins de 6 (5,7 pour être exact), ça fait peu. Surtout quand ce n’est pas dû à des muscles saillants. Pas de cuisse, pas de bras, pas de torse, pas de popotin. Donc pas sa place dans les raquettes de la Ligue où les mastodontes s’écharpent virilement. Il n’est tout simplement pas prêt physiquement à affronter des pros, et ce constat est aussi valable pour l’aspect mental du jeu. Il est inconcevable de le voir évoluer pivot tellement il va prendre cher. Si son adversaire reçoit la balle au poste, c’est un véritable gonzo qui va se dérouler sous vos yeux et les équipes l’ont bien compris en le ciblant. Même souci en attaque puisqu’il galère même pour profiter des mismatches. Et quand l’adversaire est trop physique, son toucher de balle parait vite inutile. Définitivement trop léger, il va devoir se muscler mais aussi muscler son jeu car il n’est pas assez méchant. Comme dirait Pop’, I want some nasty.

#Le rebond défensif c’est pour les chiens ?

Ses problèmes physique et de dureté se ressentent en particulier au rebond défensif où il ne brille pas. Il fait partie d’ailleurs des cinq moins bon big men classés parmi les prospects les plus intéressants de la promo avec seulement 5,6 prises en 40 minutes. Forcément, on parle de lutte physique et ce n’est pas sa tasse de thé. D’ailleurs, il est loin d’être un acharné quand il s’agit de box out son joueur puisqu’il ne sait jamais s’il doit contester le tir ou préserver la position au rebond. Et il a tendance à choisir d’aller chercher le contre quand il n’a aucune chance de gêner le shooteur au lieu de préparer le terrain pour la prise, laissant le champ libre à son adversaire. Pour couronner le tout, il n’a que peu d’instinct, ce qui en fait un rebondeur médiocre pour sa taille.

#Jeu en attaque à affiner

Si Skal Labissière dispose d’une panoplie développée en attaque, il faut qu’il apprenne à utiliser ses armes à bon escient, ce qui est loin d’être le cas. Pas constant dans son adresse, pas toujours capable de faire le bon choix de move, il a tendance à jouer trop vite et manque de ressenti pour le jeu, ce qui risque de limiter les possibilités pour lui d’évoluer poste 4. Même si le taf est engagé pour envoyer la sauce du parking, il n’est toujours apte à shooter avec régularité derrière l’arc et il a la fâcheuse manie d’aller s’embourber dans le trafic. Son placement est loin d’être irréprochable alors qu’il devrait permettre d’espace le jeu de son équipe. Il dispose certes d’un bon footwork, mais il doit encore bosser pour progresser dos au panier. Au final, il ne lit pas bien le jeu et quand il reçoit la balle au poste, il se transforme en trou noir tant sa qualité de passe et sa vision sont moyennes.

#Des problèmes de fondamentaux en défense

Les soucis de compréhension du jeu se font également sentir en défense où il manque cruellement de fondamentaux et de discipline, ce qui lui coute de nombreuses fautes. Il mord aux feintes facilement, rarement conscient de ce qui se passe sur le parquet et des qualités de son adversaire direct, quand il ne l’oublie pas parce qu’il se concentre trop sur le porteur de balle. Sur pick and roll, il se retrouve vite sur les talons ou dans une position peu adaptée pour contenir le joueur en face de lui. Au poste, on a déjà évoqué son déficit physique et il le paie cash, sans compter qu’il ne réagit pas correctement aux mouvements rapides des intérieurs. Là encore, son instinct est quasi inexistant et il prend cher sur la moindre feinte.

Conclusion

Depuis 2007, John Calipari a vu passer sous ses ordres 11 mecs classés dans les quatre meilleures recrues de NCAA. Tous ont fini dans le Top 8 de la Draft. Skal Labissière pourrait donc mettre fin à ce beau tir groupé tant il semble loin de pouvoir contribuer en NBA. Reste à savoir combien de franchises laisseront passer l’Haïtien étant donné qu’il propose quand même un potentiel intéressant.

Source image : Rich Graessle/Icon Sportswire