Yao Ming au Hall of Fame : une nomination qui dérange un paquet de joueurs américains…?

Le 09 avr. 2016 à 16:03 par Bastien Fontanieu

C’est un sujet qui a créé quelques vifs débats ces dernières semaines, sur la planète basket. Ajouté à la cuvée 2016 qui rentrera au Hall of Fame en septembre prochain, Yao Ming fait froncer de nombreux sourcils à cause de sa courte carrière en NBA.

Huit petites saisons chez l’Oncle Sam, des pépites certes quand on se souvient de la domination physique et technique du géant dans les raquettes, voilà un des arguments principaux qui est bombardé par certains avocats du Hall of Fame, souhaitant récompenser ceux qui ont notamment cartonné un peu plus longtemps sur la scène américaine comme internationale. Il est vrai qu’à moins de 30 ans, la carrière de Yao a dû toucher à sa fin à cause de soucis physiques trop importants, mais sa place au panthéon du basket doit-elle être vraiment discutée ? Démocratiquement parlant, oui. On peut tout à fait entendre les passionnés qui affirmeront qu’en laissant Ming rejoindre la cour des légendes, la porte sera ouverte à de nombreux joueurs qui n’auront pas forcément passé des années à se casser en douze pour leur sport. On peut aussi garder le sourire en écoutant les Paul Westphal, les Mark Price, les Tim Hardaway, les George McGinnis ou autres Kevin Johnson, eux qui attendent leur tour patiemment et voient un mastodonte fragile les doubler dans la queue. Cependant, comme Jerry Colangelo l’a expliqué lors d’une interview pour Sirius XM Radio, il faut prendre un peu plus que les stats en compte. Des propos retentissants, de la part du président du Hall of Fame.

C’est un sujet sensible, je peux totalement comprendre ceux qui interprètent cette intronisation à leur façon. Mais s’il y a un point qu’il faut mettre en avant dans le cas de Yao Ming, en tant que joueur international ayant évolué en NBA, c’est celui-ci. Quand nous sommes allés à Pékin pour les Jeux Olympiques de 2008, on a vu qu’il y avait peut-être 300 millions d’habitants aux Etats-Unis… mais il y a 300 millions de basketteurs rien qu’en Chine ! C’est à quel point ce pays est immense. Et la personne principalement responsable de cette hausse de l’engouement pour le basket là-bas, au niveau international donc, c’est Yao Ming. Donc il n’y a aucun débat concernant sa contribution au jeu, mais je comprends très bien ceux qui sont proches du Hall of Fame et sentent que cette nomination n’aide pas leur dossier.

Moins de 10,000 points en carrière, moins de 10 saisons, moins de titres qu’un paquet de joueurs cherchant à être honorés, c’est clair qu’au niveau du chiffre on ne va pas sortir les trompettes concernant Yao. Cependant, l’impact culturel et l’apport au jeu d’une façon globale est aussi grand que l’homme. Si la NBA a aussi pu grandir sereinement et attaquer un marché unique, c’est grâce à ce phénomène de près de 230 centimètres, qui avait la pression d’une nation gigantesque sur ses épaules. Si la NBA aborde les changements d’horaires, la Draft des internationaux en première place ou l’investissement en masse en Asie, c’est en partie grâce à Yao. On ne peut pas limiter Ming à sa seule contribution numérique, ou alors il faudra ajouter ces 300 millions de basketteurs qui ont suivi ses exploits au début des années 2000. Un type qui a rendu notre sport encore plus mondial, lui qui fascinait certes des Chinois passionnés avant son arrivée mais ne pouvaient imaginer qu’un des leurs pourrait dominer sur un parquet américain. Un monstre qui a brisé des barrières, et qui par ce simple fait mérite des applaudissements assourdissants dans quelques mois.

Oui, il est clair que Yao n’a pas le CV en NBA le plus écrasant pour pouvoir détrôner des copains attendant leur tour. Mais quand vous aurez importé un sport dans votre nation, au point d’en faire une des pratiques majeures aujourd’hui ? On s’appelle.

Source : SiriusXM Radio

Source image : NBC Sports


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