L’avenir des Wolves repose sur Karl-Anthony Towns et Andrew Wiggins : maintenant, c’est qui le patron ?

Le 07 févr. 2016 à 19:23 par David Carroz

Les promesses du début de saison (bilan équilibré après 16 rencontres) ce sont vite éteintes du côté de Minnesota. Les Loups sont rapidement rentrés dans le rang et depuis ce départ canon ils n’ont remporté que huit succès pour quarante-trois défaites. Autant dire que cette année encore, c’est la chasse au pick sympa à la Draft qui va rythmer leur fin d’exercice, ainsi que les progrès de leur jeune noyau. En particulier ceux du duo Andrew Wiggins – Karl-Anthony Towns.

Les deux pierres angulaires du futur des Wolves n’ont pas encore le droit de boire de l’alcool au pays de l’Oncle Sam et pourtant ils portent déjà les espoirs de toute une franchise. Il faut dire qu’avec le trade de Kevin Love en 2014 et la loterie de 2015, Minny s’est retrouvé à enfiler les premiers choix à la Draft. Trois si on compte le pauvre Anthony Bennett dont la carrière est peut-être déjà finie, la faute au super management des Cavs qui lui a filé un costume bien trop grand en le sélectionnant aussi haut. Mais là n’est pas notre propos. Non ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est la dynamique qui entoure “KAT” et “Wiggo”, puisque tout ce qui va arriver dans les années à venir à Minneapolis découlera de leur entente, de leurs rôles et de leur capacité à franchir les paliers qui mènent vers le sommet et le statut de star.

Certains argumenteront peut-être qu’avec un titre de Rookie of the Year l’an dernier et 20,8 points de moyenne cette saison, saupoudrés de quelques prestations de grande classe (on pense notamment aux déplacements à Chicago et Atlanta en début de saison et au back-to-back Lakers puis Clippers du côté de Los Angeles dernièrement), Andrew Wiggins fait déjà partie de la discussion pour une telle reconnaissance. Mais si le potentiel est là, la constance nécessaire pour basculer définitivement du côté des tauliers de la Ligue n’est pas encore une qualité de l’ailier des Wolves. Ce n’est pas tout. S’il est la tête d’affiche de la franchise, c’est plutôt Karl-Anthony Towns qui se destine à en devenir la vraie star, et affirmer cela n’est pas faire injure au talentueux sophomore.

Arrivé avant son camarade pivot, Andrew Wiggins s’est vu propulser visage des Timberwolves, un rôle qui semblait taillé sur-mesure pour celui dont le nom faisait fantasmer les General Managers de la Ligue bien avant la Draft, alors qu’il rejoignait juste les rangs de Kansas. Annoncé très tôt comme la future star du basket sur le continent américain, Minnesota n’a pas hésité un seul instant au moment de reconstruire autour de lui lorsqu’il a fallu se séparer de Kevin Love, et on les comprend. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est qu’un an plus tard, ils choperaient la timbale et que Karl-Anthony Towns deviendrait le mur porteur de l’équipe. Car oui, si Wiggins a la tête d’un futur All-Star, le début de carrière de KAT sent le Hall of Famer en puissance. Alors certes, on attendra de voir sur la durée si les deux impressions se confirment et si les efforts nécessaires sont fournis par l’un et par l’autre pour atteindre de tels statuts.

Pourquoi notre coeur, mais surtout notre raison, penche plus du côté du rookie que du sophomore ? Cela vient des différences entre les deux joueurs. D’un côté Wiggins, calme, plutôt renfermé, sensible à la critique et qui semble toujours en avoir sous le pied, sans chercher à aller plus loin. De l’autre Towns, plus vocal, sociable, à l’écoute du dur enseignement de Kevin Garnett et qui souhaite se perfectionner jour après jour, en se remettant en cause. Bien sûr, l’ailier n’est pas un tir-au-flanc ou une feignasse, mais on attend toujours qu’il prenne un peu de volume pour se frotter aux autres postes 3 de la Ligue sans souffrir physiquement. Son attitude, l’impression de facilité qu’il dégage et les doutes sur sa capacité à aller au bout de lui-même ont déjà été soulevés, avant même la Draft. Mais le talent est indéniable. Est-il suffisant pour être celui qui tire une franchise vers le haut ? Aussi cruel que cela soit de le critiquer aujourd’hui alors qu’il est si jeune, son incapacité à faire gonfler le nombre de victoires des Wolves pour sa seconde saison NBA illustre une certaine limite dans un rôle de franchise player. C’est donc au tour de KAT de prouver qu’il peut assumer cette responsabilité. Peut-être est-ce d’ailleurs ce que Wiggo espère. Être un super lieutenant avec un leader à suivre. Un leader qui progressera continuellement, prêt à absorber les coups durs pour son équipe. Pour l’instant, Towns est encore protégé par son coach qui commence juste à lui donner régulièrement plus de 30 minutes de temps de jeu en moyenne.

Une présence accrue sur les parquets que le futur Rookie of the Year a su faire fructifier. Au cours des dix derniers matchs de janvier, Karl-Anthony Towns a envoyé 19,4 points, 12,4 rebonds, 2,5 passes, 1 interception et 1,9 contre, le tout avec une efficacité redoutable puisqu’il a tourné à 56,8% au tir dont 54,5% du parking et 85,7% au lancer franc. Vous avez dit monstrueux pour un débutant ? Vous avez raison. Et malgré cela, il n’a pas toujours été satisfait de ses prestations, se reprochant des box-out non assurés par exemple. Un comportement digne d’un patron malgré son jeune âge. Couplée aux chiffres proposés par KAT, cette attitude ne fait plus aucun doute sur le fait que le meilleur joueur des Wolves est celui portant le numéro 32, à moins de se contenter de regarder la colonne points par match des pages statistiques. Aujourd’hui, on en voit un prendre le chemin d’Anthony Davis alors que l’autre ne garantit pas d’être un Kawhi Leonard. Et quitte à se répéter, cela n’est pas dénigrer le talent d’Andrew Wiggins. Il n’est même pas sûr qu’il en prenne ombrage et peut-être même qu’il pourra donner la pleine mesure de son talent en tant que soutien de Towns.

Surtout que les deux joueurs sont proches et qu’à l’heure actuelle, la lutte des égos ne semblent pas être un problème qui puisse apparaitre entre eux. En sera-t-il toujours de même au moment de signer des gros contrats ? Il faut l’espérer du côté de Minnesota, car cela fait douze ans que la franchise n’a pas connu le parfum des Playoffs et elle mise beaucoup sur ses deux pépites. Un ailier capable de créer son shoot, un intérieur dominant, deux gars capables de peser sur une rencontre en attaque comme en défense, une base solide sur laquelle les équipes aiment à construire.

Depuis Stephon Marbury et Kevin Garnett, jamais l’avenir des Wolves n’avait semblé aussi radieux. Nul doute que dans les travées du Target Center, on souhaite que cela continue et que l’histoire se termine mieux que le duo entre Starbury et le Big Ticket. À l’époque, l’un des deux prenait le chemin d’une étoile éphémère tandis que l’autre écrivait le début de sa légende. L’un aspirait à être franchise player pendant que l’autre avait ça en lui. Une combinaison foireuse en fin de compte, mais qui n’augure en rien l’issue pour la combinaison Andrew Wiggins Karl-Anthony Towns. Surtout si chacun connait sa place : celle de lieutenant et celle de leader.

Source image : Carlos Gonzalez pour le Star Tribune, montage @TheBigD05 pour TrashTalk