Oklahoma City Thunder, le bilan 2020-21 : la classe de CP s’est bien comportée, elle a pris des raclées mais elle s’est bien comportée

Le 06 juin 2021 à 10:21 par Giovanni Marriette

Théo Maledon
Source image : YouTube

Saison à double-vitesse pour le Thunder d’Oklahoma City. Beaucoup d’espoir et de kif dans un premier temps, des victoires aussi pas mal, puis un virage volontaire pris en milieu de saison histoire de s’assurer un haut pick lors de la prochaine draft. Une chose est sûre dans l’Oklahoma, l’avenir s’annonce brillant, et il s’annonce en partie… français.

CE QUE TRASHTALK AVAIT ANNONCÉ

Départ de Steven Adams. Départ de Dennis Schroder. Départ de Danilo Gallinari. Départ de Terrance Ferguson. Départ de Nerlens Noel et, bien sûr, départ de Chris Paul. La saison 2019-20 fut incroyable, incroyablement… inattendue, mais finies les conneries : y’a un avenir à construire à OKC. En début de saison l’objectif paraissait simple, avec une année de transition à venir afin d’aller utiliser au mieux les quarante-douze tours de draft à disposition. Fort logiquement donc, on annonçait un Thunder historiquement faible, à la rue à l’Ouest mais tant pis, c’est pour la bonne cause comme on dit.

CE QU’IL S’EST VRAIMENT PASSÉ

Pour voir un Thunder appliquer à la règle le fameux objectif de défaites sus-cité ? Il aura fallu attendre quelques longues semaines. Il aura fallu attendre car le début de saison à OKC est clairement intéressant. Shai Gilgeous-Alexander enchaine les perfs de All-Star (35 points, 5 rebonds et 10 passes face aux Bulls en janvier, 42 pions contre les Bulls en février par exemple) et ne manquera au final que de peu le rendez-vous étoilé, Mike Muscala envoie des douceurs du parking tah Steph Curry, fin janvier le bilan est presque… à l’équilibre (8-9) et, jambon-beurre sur le gâteau, Théo Maledon est devenu titulaire tout en étant l’un des meilleurs rookies de la Ligue, no joke. Vraie équipe, vrai kif, des jeunes qui assument, et finalement l’héritage de Chris Paul qui semble plus ancré qu’on ne le pensait.

Puis ce fameux virage donc. A la mi-mars le Thunder a déjà beaucoup trop gagné et les grandes décisions tombent. Le contrat de Luguentz Dort est garanti auprès d’une Banette bien cuite, Moses Brown a tapé 20 rebonds dans la même mi-temps et il est signé dans la foulée mais, surtout, Shai Gilgeous-Alexander se voit dans l’obligation de se reposer et Al Horford est tout simplement mis au ban, en accord avec la direction. Désormais la moyenne d’âge sera de 12 ans, les premiers matchs sont excitants comme un Aleksej Pokusevski qui découvre des haltères et des bifteaks, Jaylen Hoard rejoint Théo Maledon dans le contingent français mais les défaites commencent à s’enchainer, that was the deal. 14 de suite pour être très précis, dont quelques branlées incroyablement assumées, et au final un mythique 2-26 pour finir la saison, une saison ponctuée par une… victoire face à des Clippers qui ne voulaient surtout pas gagner.

Que retenir donc de cette saison  ? 22 victoires et 50 défaites, une deuxième place en partant de la fin à l’Ouest, un changement de maillot en plein match et quelques individualités qui peuvent se gausser d’avoir réussi leur année. Shai Gilgeous-Alexander en premier lieu, la moitié des matchs joué seulement mais déjà un statut de franchise player sur lequel OKC peut et pourra compter, Luguentz Dort, installé parmi les meilleurs défenseurs de la Ligue mais devenu dans le même temps une vraie menace en attaque, Théo Maledon, auteur d’une saison rookie incroyable (voir ci-dessous), toute une floppée de gamins pas encore sortis de leurs coques mais ayant montré quelques fulgurances plus qu’intéressantes (Pokusevski et Brown notamment), et un Mark Daigneault qui peut envisager sereinement l’avenir. Peut-on qualifier d’une saison à 22 victoires de “réussie” ? La réponse est oui, assurément.

L’IMAGE DE LA SAISON

Al Horford 28 mars 2021

28 millions à toucher cette saison, encore 56 les deux prochaines, mais le 27 mars Al Horford et ses dirigeants se sont mis d’accord. Tonton Al est trop fort pour ce Thunder, Tonton Al est autorisé à chercher avec son agent une porte de sortie, mais pour cela Al Horford devra rester en civil. Incroyable décision que de se passer volontairement d’un élément aussi central, tout le monde est content mais, surtout, les ambitions du Thunder sont alors mises à nue : perdre, perdre à tout prix.

IL A CARTONNÉ : THEO MALEDON

Incroyable Théo, incroyable. Choisi par le Thunder en 34ème position de la Draft 2020, le meneur français est arrivé en NBA sur la pointe des pieds mais il n’aura pas traîné pour botter des culs. 20 points pour sa première sortie en pré-saison, des sorties de banc plus que solides en décembre, un jeu de métronome à faire passer Chris Paul pour un mec qui gâche, et une première titularisation au bout d’un mois, Tony Parker c’est de l’eau. Quatre jours plus tard ? 24 points à 6/6 du parking, alors comme ça Théo sait aussi se fondre à merveille dans son époque. Dix jours plus tard ? Premier double-double en carrière, n’oubliez pas qu’à la base le boug est aussi un merveilleux playmaker. Un playmaker qui en claquera quelques semaines plus tard 33 sur la truffe des Spurs, et mis à part une période sombre en février, due au protocole et une fin de saison où son staff lui a probablement intimé l’ordre de shooter à 15% (mission accomplie), c’est au final une magnifique saison rookie pour le minot, récompensée par une invitation à un Rising Stars qui n’aura pas eu lieu et par l’espoir désormais d’une carrière parmi les plus solides.

ON L’ATTENDAIT AU TAQUET, ET ON L’ATTEND TOUJOURS : DARIUS BAZLEY

C’est peut-être l’une des vraies déceptions cette saison  à Oklahoma City, même si le Darius est encore un gamin, même si ça reste difficile de performer dans une saison aussi “bizarre”. 13,7 points par match, en NBA, en saison sophomore ? Pas donné à tous les Jean-Yves du coin peut-être, mais les 39% au tir (29% du parking) jumelés à un statut potentiel de leader en début de saison font de l’exercice de Darius un quasi acte manqué. Vingt matchs loupés en début de saison quand Théo Maledon s’occupait de voler les clefs de la franchise, pas mal de parpaings sur le printemps quand Aleksej Pokusevski vendait du rêve à tous les dealers de prot’, et donc quelques mois perdus dans le processus de progression. Bonne nouvelle malgré tout ? Bazley n’a que 20 ans, et les quelques skills montrés en avril laissent toujours à penser que l’on est en présence d’un potentiel crack. Allez, cahier de vacances et on s’y remet ?

LA SUITE

On ne vous fait pas un dessin : la moitié du roster n’a pas l’âge de boire de l’alcool aux Etats-Unis et l’autre moitié… arrivera le jour de la Draft. L’objectif n’est pas d’être champion en 2022 mais en cas de belle surprise à la Lottery et de progression linéaire des jeunes, être champion avant 2030 en deviendra peut-être un. En attendant on continue de kiffer la pouponnière, d’autant plus avec un jeune Français capable de s’installer durablement parmi les joueurs qui comptent dans la Grande Ligue. Beaucoup de brouillard mais, tout au bout, la promesse d’un soleil qui brille à vous faire transpirer des yeux.

Année incroyablement étrange mais finalement parfaite pour expliquer la NBA à un novice. Des jeunes qui cartonnent mais un projet long terme qui l’emporte sur une éventualité de kif à l’instant T. Pas de panif le kick (…) sera bientôt de retour à OKC, il attend juste d’avoir le droit de sortir de la cave dans laquelle on l’a enfermé.