La rotation intérieure des Mavericks inquiète : dans la raquette de Dallas, il va falloir faire sa place

Le 15 août 2018 à 11:27 par Aymeric Saint-Leger

Dirk Nowitzki
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Au cours de cet été, l’effectif des Dallas Mavericks s’est légèrement étoffé, notamment grâce à la Draft. Luka Doncic est arrivé du Real Madrid pour renforcer l’effectif texan. Il en est de même pour Jalen Brunson, Ray Spalding et Kostas Antetokounmpo, tous trois choisis au deuxième tour. Ces ajouts, plus l’arrivée de DeAndre Jordan, donnent l’espoir d’une année plus prometteuse à Dirk Nowitzki ainsi qu’à tous les fans de la franchise de Mark Cuban. Mais qui dit renforts dit également choix à réaliser. Et à ce niveau-là, ça va jouer des coudes pour se faire son spot à l’intérieur, surtout sur le poste 4.

Hum, l’été. Une période de sevrage pour tout fan NBA, et une énième phase casse-tête pour tout GM de la Ligue. La fameuse époque où il est temps de faire des choix, pour arriver à maximum quinze joueurs dans son roster, plus deux éventuels two-way contracts. Si les choix s’avèrent souvent peu difficiles, il faut quand même les faire. C’est ce qui attend ce bon vieux Donnie Nelson, le general manager des Mavericks. Actuellement, on compte dix-neuf joueurs dans le roster de Dallas, comprenant les deux contrats transitoires entre G League et NBA de Kostas Antetokounmpo et Daryl Macon. L’équation est simple, il va donc falloir se débarrasser de deux joueurs d’ici le début de la saison régulière. Le couperet devrait ainsi probablement tomber sur Ding Yanyuhang et Jalen Jones. Une fois ces décisions prises, et les quinze joueurs pour la saison déterminés, un dilemme se posera pour les Texans. Rick Carlisle va devoir établir sa rotation, qui risque d’évoluer pas mal par rapport à la saison dernière. Hors Harrison Barnes qui semble bien installé sur son poste 3, plusieurs problématiques se posent pour l’entraîneur historique de la franchise : qui de Dennis Smith Jr. ou Luka Doncic prend la mène ? Faut-il conserver Wes Matthews en arrière titulaire ou privilégier un backcourt avec les deux jeunes stars en devenir ? Les réponses apparaîtront au fur et à mesure de la pré-saison et des premières rencontres de NBA. Mais si cette question du backcourt est épineuse, Ricko va pouvoir sortir le ventilo et la petite serviette pour s’éponger le front afin de déterminer sa rotation sur le frontcourt, particulièrement au poste d’ailier fort.

C’est l’heure de l’état des lieux de la peinture des Mavs. La palette recense des gouaches qui ne sont pas toutes de la même qualité, ni de la même fraîcheur, mais elles ont l’avantage d’être nombreuses. Au pivot, la situation est finalement assez simple. Deux vrais spécialistes du poste sont à la disposition de Rick Carlisle, depuis la signature de DeAndre Jordan en tout début d’été 2015 2018. Dans la foulée, c’est Salah Mejri qui a rempilé dans le Texas, qui sera vraisemblablement le back-up de DJ pour cet exercice 2018-19. Et bien alors, tout va comme sur des roulettes, non ? Et bien non. Parce que si l’affaire semble réglée pour le poste 5, la répartition des minutes au poste 4, ce n’est plus un boucan, ce sont des pigeons affamés qui se battent pour une pauvre croûte de pain rassis. Not 1, not 2, not 3, not 4… but 5. Ce ne sont pas moins de cinq joueurs qui peuvent prétendre à gratter quelques minutes sur le poste 4 de Dallas. Non mais c’est quoi le bail, avoir autant d’ailiers forts cette année que de meneurs il y a quelques temps (coucou Yogi, Devin, J.J., Raymond) ? Bon allez, c’est légèrement exagéré, mais il se trouve que dans le roster final de l’équipe siégeant dans l’American Airlines Center, il risque d’y avoir cinq joueurs, soit un tiers de l’effectif, qui pourront occuper cette position, selon les blessures, l’utilisation du small ball ou toute autre raison. Allez, passons à la présentation des candidats.

Commençons par le jeune premier. Y’a-t-il encore besoin de présenter le Wunder Kid ? 21ème saison dans la même franchise, record battu. Dirk Nowitzki fait déjà partie de l’histoire des Mavericks, mais il est encore là, après avoir re-signé pour une saison cet été. Ce n’est même plus que le gars fait partie des murs, c’est le mur porteur de l’organisation texane. Qui de mieux pour occuper le poste 4 ? Dans l’histoire, il n’y a guère que Tim Duncan qui ne corresponde mieux à la définition de ce qu’est un ailier fort. Donc dans le roster de Dallas, il n’y a pas photo. Bien évidemment, plus les années avancent, moins l’Allemand passe du temps sur le terrain, seulement 24,7 minutes de moyenne par rencontre la saison dernière. Il y a fort à parier que son temps de jeu diminue encore pour ce qui devrait être sa dernière saison en NBA. Se pose également la question du poste de titulaire pour Dirk. Rick Carlisle pourrait choisir de faire attaquer le BGG sur le banc, et de laisser place à la jeunesse, ou bien le laisser dans le cinq, comme ce fut le cas lors de 1 440 des 1 471 matchs de sa carrière. Quoi qu’il en soit, Nowitzki aura probablement entre 15 et 20 minutes sur le parquet chaque soir. L’option de le voir décalé au poste 5 devrait être conservée dans un coin, et être éventuellement utilisée avec parcimonie sur de courtes périodes. Mais elle n’est pas à négliger, car elle pourrait laisser de la place aux jeunes intérieurs qui poussent fort derrière.

Parmi eux se trouve un espèce d’héritier du Wunder Kid. Il est né dans la même ville que le jeune quadra, à Wurtzbourg. A 26 ans, Maximilian Kleber fait partie de la génération de basketteurs allemands inspirée par les exploits de Dirk Nowitzki. Passé par l’Espagne et l’Allemagne, il a fraîchement débarqué du Bayern Munich la saison dernière, directement dans le Texas. Avec ses 2m11 pour 100 kilos (mais tiens, ces mensurations, ça rappelle quelqu’un..), Maxi est solide. Sa première saison avec les Mavs s’est avérée réussie : 72 rencontres disputées, dont la moitié débutées dans le cinq majeur. 16,8 minutes par match, pour des stats honorables de 5,3 points, 3,3 rebonds, 0,7 passe et 0,7 contre par rencontre. Intérieur à l’européenne, il a de bonnes mains, un toucher sympa, et ça défend pas mal. 48,9% au tir, dont 31,3% à trois points, il y a de quoi progresser au tir. Mais voilà un joueur qui a la tête sur les épaules, et qui avec un tel patronyme, peut sortir les pneus hiver à tout moment pour éviter la sortie de route. Clairement, Kleber semble être parti pour rester à Dallas, il devrait conserver son rôle dans la rotation texane. Mais derrière Dirk Nowitzki, il pourrait bien se trouver en tête de l’embouteillage pour le rôle de back-up au poste 4.

Avec lui, on devrait retrouver au coude-à-coude un certain Dwight Powell. Un solide colosse de 2m11 et 108 kilos, bien explosif, assez talentueux offensivement mais limité de l’autre côté du terrain. Même âge que Kleber, sauf que l’homonyme de Norman est dans la maison Mavs depuis trois saisons et demie. Sortant du banc dans l’ensemble, il a été titularisé à 25 reprises lors du dernier exercice, notamment en raison du décalage de Nowitzki au poste 5 par périodes. 8,5 points, 5,6 prises, 1,2 caviar et 0,4 bâche en 21,2 minutes de moyenne par rencontre la saison dernière, ce n’est pas horrible, mais pas éclatant. Difficile d’aligner un mec comme ça titulaire à côté de Dirk, au risque d’avoir une raquette qui ressemble plus à Central Park qu’à Alcatraz. Avec l’arrivée de Dédé Jordan, il pourrait plus s’exprimer au poste 4. C’est peut-être la chance qu’il attend depuis si longtemps. Mais Dwight pourrait bien être le dindon de la farce dès l’arrivée de Thanksgiving. Il est possible qu’il n’ait pas les faveurs de Rick Carlisle, et qu’il doive ronger son frein sur un bout de banc. La blase, et les miettes en garbage time, c’est peut-être ce qui attend Dwight Powell la saison prochaine si Maximilian Kleber lui est préféré. Mais malheureusement pour l’ancien de l’université de Stanford, la concurrence est rude, et il pourrait être victime du small ball, au bénéfice de…

Dorian Finney-Smith. Moins imposant physiquement que ses concurrents (2m03 pour 99 kilos), celui qui est surnommé Doe-Doe est bien installé dans la rotation des Mavericks depuis son arrivée dans la Ligue il y a deux ans. Longtemps blessé la saison dernière, le joueur de 24 ans correspond plus, dans le profil, à un poste 4 de la NBA actuelle. En termes de volume de shoots, il dépasse allègrement ses coéquipiers du même poste, avec 5,8 tentatives par rencontre, dont 3,2 de derrière l’arc en ce qui concerne l’exercice 2017-18. Si les pourcentages ne sont pas au rendez-vous (38% au global, 48,1% à deux points et seulement 29,9% du parking), Finney-Smith possède une belle marge de progression, et pourrait bien être aligné par Rick Carlisle sur les postes d’ailier en complément d’Harrison Barnes, comme ce fut le cas lors des saisons précédentes. Reste à savoir si l’optique du small ball va réellement être considérée par le coach de Dallas avec la présence de DeAndre Jordan dans le cinq majeur. Dans l’effectif, il n’y a guère que le Black Falcon qui est un poste 3 de métier. DFS pourrait ainsi être le back-up de l’ancien des Warriors, à moins que Wes Matthews soit décalé à l’aile, dans le cas d’un backcourt Smith Jr./Doncic.

Voilà la jolie équation à laquelle est confronté Rick Carlisle. Mais pour qu’elle soit complète, il faut rajouter dans cette lutte le rookie drafté en 56ème position par les Mavs cet été, Ray Spalding. Avec un nom pareil, l’ancien de Louisville était prédestiné à jouer avec la balle orange entre les mains. C’est peut-être ce qui a poussé les champions NBA 2011 à offrir un contrat de quatre ans au rookie, dont deux années garanties. S’il ne devrait avoir que peu, si ce n’est pas temps de jeu du tout, le minot va progresser, et devrait essayer toute l’année de venir gratter à la porte. Le compte est bon, en voilà de cinq. Et encore, on ne considère pas Kostas Antetokounmpo, le jeune frère de Giannis, qui peut jouer sur les deux postes d’ailier. S’il ne possède qu’un two-way contract, il pourrait encore venir renforcer, de manière épisodique, la concurrence accrue au poste d’ailier fort chez les Mavericks.

C’est donc clair, il va y avoir des choix à effectuer pour Rick Carlisle. Même en utilisant de temps à autres Finney-Smith sur le poste 3, et Nowitzki au pivot, il reste quand même deux candidats majeurs pour le poste 4, en plus du jeune rookie Spalding. Il apparaît donc assez clair qu’entre Kleber et Powell, un va se voir offrir un rôle intéressant, et l’autre est parti pour cirer le banc, ou pour changer de franchise. Certains vont sortir à coup sûr de l’embouteillage, et d’autres vont rester bloqués dans le bouchon. Trop peu de minutes pour trop de joueurs, quelques miettes à ramasser pour certains, de la blase en perspective… Le dossier du poste 4 chez les Mavericks est à considérer très sérieusement. Il y a le choix, reste à Ricko de faire les bons moves pour que sa rotation intérieure fonctionne (et qu’il nous laisse profiter de Dirk, malgré tout).