NBA Flashback 2017-18 #45 : le jour où les Grizzlies sont devenus le tank le plus hideux de la Ligue

Le 14 août 2018 à 07:50 par Giovanni Marriette

Grizzlies
Source image : NBA League Pass

Les anciens en ont pris l’habitude et les petits nouveaux vont le découvrir, les deux mois d’été sur TrashTalk sont chaque année l’occasion de dormir un peu de vous faire revivre le meilleur de la saison écoulée. Perfs individuelles, séries de Playoffs, posters de cannibale, game winners ou patates de forain, il y en aura pour tous les goûts et ce jusqu’au 31 août prochain. Allez, mode rétroviseur enclenché, parce qu’elle était vraiment pas mal cette saison 2017-18…

Chaque année en NBA, un certain nombre de franchises font le choix de perdre “involontairement” le plus de matchs possibles afin d’augmenter leurs chances de choper un petit bijou lors de la Draft suivante. C’est l’jeu ma pôvre Lucette, et on a d’ailleurs appris à vivre avec, au point le plus souvent d’en rire en attendant des jours meilleurs. Baptisée tanking, cette course à qui sera le plus lent a pris des proportions assez énormes la saison passée, au point par exemple d’obliger Adam Silver a sévir et à coller une amende à Mark Cuban puisque le volubile proprio des Mavs avait osé clamé haut et fort… que le but de la saison de sa franchise était de perdre le plus de matchs possibles. Pas bon pour le business évidemment mais tellement évident. Là où le bât blesse en 2017-18, c’est qu’à peu près… un quart des franchises NBA s’est joint à cette magnifique course d’escargots. On laisse de côté les Nets puisqu’ils ne bénéficiaient d’aucun tour de draft, mais des Knicks (29 victoires) aux Suns (21), en passant par les Kings et les Bulls (27), le Magic (25), les Hawks et les Mavs (24) et les Grizzlies (22), ce ne sont pas moins de huit franchises qui ont donc joué pendant six mois à qui sera le plus nul. Mi-avril les Suns sortiront finalement vainqueur de ce moche duel, forts de deux séries de dix et quinze défaites consécutives qui auront grandement contribué à leur offrir le premier choix de la Draft. Les Mavs avaient tout fait pour se positionner en nullos parfaits après un 1-10 inaugural, les Grizzlies avaient offert un mois de février parfait en ne gagnant aucun match et avaient même poussé jusqu’à 19 (!) défaites de suite, mais ce sont bien les futurs joueurs d’Igor Kokoskov qui récolteront finalement les fruits de cette drôle de cueillette. Des Grizzlies pourtant quasi-parfaits dans le tanking game et cela jusqu’au dernier soir de la saison, comme ce fut le cas ce soir de mars à Charlotte, dans ce qui reste comme l’un des matchs les plus marquants de la saison…

Nous sommes le 21 mars 2018 et si les Hornets savent déjà que les Playoffs se joueront probablement sans eux, les Grizzlies n’ont de toute façon… pas l’intention de l’emporter. C’est comme ça cette saison, on fait tout pour perdre en paraissant le moins nul possible. Sauf que ce soir-là c’est le combo de l’horreur qui va être atteint. Pas de Mike Conley côté Memphis, évidemment, pas de Marc Gasol  non plus, parce qu’il ne faudrait pas non plus avoir trop de talent sur le parquet. Le début de match est à sens unique, chose assez fréquente quand une équipe souhaite gagner et l’autre pas. Le “héros” de cette soirée un peu psychédélique ? Kemba Walker. Le meneur All-Star va tout simplement prendre feu et lâcher l’une des mixtapes les plus sales de la saison et de sa carrière, si l’on excepte le fait que les défenseurs en face étaient moins mobiles que des plots de chantier. 46 points en… 28 minutes pour Kemba, à 13/18 au tir dont 10/14 du parking de la honte. Record de franchise battu pour le nombre de paniers primés en un match, et le record de Stephen Curry (13) qui a chaud aux seufs puisque Kemba Walker terminera sa soirée au milieu du troisième quart, histoire de faire participer tout le monde à la fête et de ne pas voir se transformer la rencontre en vulgaire 1 contre 5. Une soirée qui se terminera finalement comme elle a commencé, à 5 contre 0, et sur un score all-time de… 140 à 79. + 23 après un quart-temps, +33 à la mi-temps, + 55 avant le dernier round, et 61 points d’écart pour finir. SOIXANTE-ET-UN points de fuc**ng écart. Une branlée all-time, rentrée directement au Panthéon des horreurs puisque ce match est à ce jour le cinquième blow-out le plus violent de l’histoire. Vingt ans qu’on n’avait pas vu ça (les Pacers avaient alors corrigé les Blazers 124-59), le record en la matière étant toujours la propriété des Cavs époque 1991, vainqueurs 148-80 face au Heat de Miami.

140-79, des sourires côté Hornets mais un match qui fait réfléchir. La course de tanks version 2017-18 restera l’une des plus cheums de l’histoire tant un paquet de franchises était concernées, tant l’évidence du désir d’être nul sautait aux yeux. Les Suns en ont profité pour former quelques jeunes, les Mavs pour former leur meneur et profiter de leur papy allemand, bref chacun aura néanmoins trouvé son leitmotiv au gré des défaites. Les Grizzlies ? L’abcès semble aujourd’hui crevé depuis la draft de Jaren Jackson Jr. et une free agency globalement réussie, mais Dieu que cette saison fut éprouvante, pour eux et pour tout ceux qui auront eu le courage de les regarder jouer…