La NBA se préoccupe de la santé des coachs, check-up complet pendant la Summer League

Le 16 juil. 2018 à 19:10 par Fabien Passard

mike malone
Source image : Benoît Carlier - TT

Comme tout sujet tabou, il faut une prise de parole, un événement marquant, pour placer le sujet sur le devant de la scène. La recrudescence des arrêts maladie de coachs la saison dernière a mis en lumière une facette du métier dont on parlait peu jusque-là, celle d’un job éprouvant, physiquement et mentalement. Face à la demande croissante de soutien, les coachs NBA ont été conviés à effectuer un bilan de santé complet en marge de la Summer League de Las Vegas. Une initiative louable qui constitue un nouveau pas pour briser l’omerta.

On n’a pas fini d’entendre parler de ce sujet, et c’est tant mieux. La NBA aurait pu jouer la grande sourde à l’alerte qui avait été provoquée par les problèmes de santé de certains entraîneurs la saison dernière, notamment le décrié Tyronn Lue et Steve Clifford, qui ont dû arrêter de travailler quelques semaines pour se remettre sur pied. Le coach des Cavaliers souffrait d’anxiété et de problèmes causés par le stress, il a été arrêté 15 jours. Le repos forcé a lui duré cinq semaines pour l’ancien coach des Hornets, aujourd’hui au Magic d’Orlando, sujet à de violents maux de tête que ses médecins ont attribué à un manque de sommeil. Plus médiatique, les problèmes de dos de Steve Kerr, qui l’avaient empêché de diriger son équipe pendant la moitié de la saison 2015/16 notamment, ont aussi mis en lumière la dimension physique de ce travail, pour des hommes et des femmes qui ne sont plus dans la force de l’âge. Ces exemples sont bien loin d’être des cas isolés, et concernent aussi bien les head coachs que tous les membres du staff. Cela s’est vérifié à Las Vegas, où soixante coachs ont participé aux deux jours de tests médicaux et ont pu discuter avec des professionnels de santé. Le coach des Nuggets Mike Malone en faisait partie, il s’est exprimé au micro du reporter NBA Steve Aschburner.

“C’est toujours dans votre esprit. Le stress peut provoquer de nombreux dommages, et ce job es un job très stressant. Tu dois avoir un exutoire et trouver un équilibre pour te donner la meilleure chance de rester en bonne santé. Tu dois trouver du temps pour faire de l’exercice. Tu dois t’assurer que tu mange bien. Les voyages, les soirées tardives, ce n’est pas vraiment propice à un mode de vie sain. C’est là que l’autodiscipline entre en jeu.”

Et l’autodiscipline, vous savez tout aussi bien que nous que c’est peut-être ce qu’il y a de plus difficile à mettre en place sur le long-terme. La NBA semble l’avoir compris et commence à jouer son rôle de tuteur auprès des coachs, leur proposant, non seulement ce type de rencontre, mais également un suivi régulier par le biais d’un “passeport médical” électronique. Ce document suivra les coachs tout au long de leur carrière, et permettra aux médecins d’Athletic First, la compagnie mandatée par la NBA pour ce service, de surveiller l’évolution de la santé des coachs, et de les contacter au moins quatre fois par an pour faire un point. Un gain de temps et d’argent, dans un pays où la santé est un luxe, pouvant freiner des entraîneurs, notamment assistants, qui sont très loin des émoluments gagnés par leurs joueurs. Bien sûr, les dirigeants proposaient déjà un suivi de leurs salariés, mais qui était variable d’une franchise à l’autre. À Indiana par exemple, l’assistant Dan Burke assure qu’un check-up complet est réalisé avant chaque début de saison, mais une fois l’engrenage infernal de matchs amorcé, il est difficile de garder les bonnes résolutions. Présent au meeting de Las Vegas avec tous ses collègues du staff des Pacers, mené par Nate McMillan, Dan Burke, 59 ans, a dévoilé sa relation au travail.

“J’ai toujours ressenti qu’ils (la franchise des Pacers) étaient sur notre dos là-dessus. Mais vous pouvez vous apercevoir que le mode de vie, la routine, peuvent tout détraquer. Vous pouvez facilement sauter le sommeil, sauter le sport, tomber dans le fast-food. […] Mon père était un gars qui disait toujours : ‘Tu n’as besoin que de trois heures de sommeil’. Et j’ai vécu de la sorte pendant un long moment, pendant mes premières années en NBA, quand je ne dormais pas du tout. Je me suis finalement dit : ‘Mec, qu’est-ce que je suis en train de faire ?'”

Un témoignage vrai qui a pu être entendu grâce aux “lanceurs d’alerte” des derniers mois. Coachs mais aussi et surtout joueurs, dont la parole est largement répandue. On pense à DeMar Derozan, Kevin Love ou encore Nate Robinson dernièrement, qui se sont exprimés sur les ravages causés par la dépression dans la Grande Ligue. Une manière de faire passer le message que joueurs, comme coachs, ne disposent pas de moyens surhumains pour supporter l’énorme pression qu’il subissent tout au long de l’année. Pendant longtemps, se dévoiler sur ce type de sujet était considéré comme un aveu de faiblesse, loin de l’image forte et puissante que véhicule le sport de haut niveau. Désormais, les langues se délient et les esprits évoluent, doucement mais dans la bonne direction, et c’est déjà un grand pas.

Les avertissements lancés par les coachs en souffrance ces dernières saisons ont été entendus par la NBA, qui commence à remplir une fonction qu’elle aurait toujours dû occuper. Mais avant de provoquer un changement, il faut que les mentalités soient prêtes à l’accueillir. Cela semble être le cas désormais, et on ne peut que se réjouir de la dimension humaine que prend notre chère NBA.

Source : NBA.com


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