Le système du “but en or” en NBA ? Zoom sur une petite révolution qui chamboulerait le basket…

Le 25 juin 2018 à 08:04 par Hugo Chalmin

LeBron James
Source image : Youtube

Ce qu’il y a de bien avec nos copains ricains, c’est qu’ils ne sont jamais à court d’idées. Et une sacré tête a proposé un nouveau concept pour rendre encore plus excitante la NBA, surtout les fins de matchs. Un dénommé Nick Elam (actuellement prof dans la Ball State University) aimerait apporter un peu de changement dans le money time, afin d’augmenter la pression chez les fans comme les joueurs. La base du principe est simple : stopper le chrono à quatre minutes du buzzer final et imposer un total de points à aller chercher pour les deux équipes. Tour de piste de cette séduisante innovation.

On est entré depuis une poignée de jours dans cette magnifique saison qu’est l’été. Le temps de bronzer pour certains mais l’heure se mettre au boulot pour les 30 franchises de la NBA qui doivent se renforcer, ou du moins, se préparer au mieux pour la prochaine aventure. Les neurones des GM surchauffent pendant que la Grande Ligue réfléchit à des moyens de devenir plus attractive, plus excitante et bien sur plus rentable. Car si la NBA est une compétition en vitrine, elle reste un business avant tout en coulisses, il ne faut pas l’oublier. En bref, la National Basketball Association profite de la période estivale pour se mettre à jour et proposer des nouvelles règles concernant le jeu en lui même, la Draft, les Playoffs, la Free Agency… comme on le voit chaque année. Et dans cette dynamique, une idée incroyable germant dans les coulisses pourrait grandir et être bientôt testée. Une idée mentionnée par Zach Lowe dans un long article publié chez ESPN, et qui viendrait exploser le niveau de dramaturgie des rencontres.

Durant la offseason 2017, la NBA s’était déjà bien retroussée les manches. Elle avait pris la décision de réduire le nombre de temps morts pour chaque équipe, afin d’accélérer le jeu et éviter que les pauses pub viennent casser le rythme des matchs. Les plus grandes têtes ont même commencé à réfléchir au sujet d’interdire les time-out consécutifs, pour aller dans ce sens. Et en raccourcissant dans la foulée la durée effective de la mi-temps, ces petites innovations et modifications ont permis à la Ligue de raccourcir les parties de quatre minutes réelles, selon les officiels. Pas ouf, mais c’est déjà ça de pris. Et c’est cet aspect que la NBA veut cibler pour les années à venir, avec un jeu qui reste ultra-spectaculaire mais manque ce côté “poignant” d’autres sports. En ayant conscience de cela, il se pourrait bien que d’ici quelques années, on puisse assister à un sacré chamboulement en ce qui concerne le déroulement d’un game NBA. Et cet éventuel bouleversement toucherait le money time. Venons en au fait. L’idée, dans ses grandes lignes, serait qu’une fois arrivé à quatre minutes du buzzer final, le chrono se stoppe et que les deux équipes se dirigent vers une sorte de « but en or ».

Rentrons un peu plus dans les détails. Une fois le premier arrêt dans le jeu intervenant à quatre minutes de la fin du match, comme une faute ou une sortie de balle, l’horloge s’arrêterait et les arbitres ajouteraient “7 points virtuels à l’équipe qui mène”. Voici un exemple, histoire que ce soit un peu plus clair. Nous sommes est en 2023, les Warriors disputent leur neuvième Finales NBA d’affilée face à la team possédant LeBron James. Les coéquipiers du King s’accrochent à Golden State, le score est de 92 à 95 avant d’atteindre les 240 dernières secondes de la rencontre. C’est là que le jeu entrerait dans cette nouvelle forme de fin de match. Les arbitres “noteraient” une barre de points à atteindre (ici 102 par rapport au score de l’équipe qui mène) et c’est tout simplement le premier à atteindre cette barre qui remporterait le match. Bien évidemment, sans avoir à soucier du temps qui défile. Imaginez quelques secondes l’intensité d’un tel bordel en plein money-time, avec des joueurs qui feraient absolument tout pour gagner, plutôt que d’abandonner à cause du chronomètre qui défile. Cette idée pour le moins intrigante nous vient d’un certain Nick Elam. Si vous n’en avez jamais entendu parler, pas de panique, TrashTalk arrive à la rescousse. Ce fin penseur, aujourd’hui prof à la Ball State University, a soumis cette proposition il y a un an dans les coins sombres de la planète basket. Une proposition qui a tout de suite séduit le TBT Tournament, dont on avait parlé plus d’une fois par le passé. Ce tournoi créé en 2014 se déroule chaque été et, depuis 2017, a instauré la règle chuchotée par Mister Elam. Durant les 71 matchs joués dans le TBT Tournament, ce que l’on appelle le Elam Ending a été instauré, y compris dans le match ultime du championnat offrant 2 millions de dollars aux vainqueurs et retransmis par ESPN. Et si l’on en croit les dires du PDG et fondateur de TBT, « les fans ont kiffé ». Alors, pourquoi ne pas l’installer dans la plus grande ligue de basket mondial ?

Bien évidemment, à première vue, il y a de quoi être intrigué. C’est souvent le cas lorsqu’une tierce personne émet une idée qui pourrait chambouler clairement l’histoire d’un sport, et en l’occurence, celui de la grosse balle orange. Ce sentiment d’ouverture d’esprit et de constante recherche pour faire progresser cette discipline, afin que les gens s’y intéressent encore plus, est toujours très apprécié dans le milieu. Le basket, s’il évolue gentiment dans les foyers, manque de cette dramaturgie que le football peut par exemple avoir, avec des actions décisives et déterminantes qui déchaînent les passions. On explose sur un but, on saute dans tous les sens, on se souvient d’une séquence jusqu’à la fin de nos jours, on s’embrasse sans connaître son voisin. Et si cela peut parfois se produire au basket avec un tir au buzzer, la fréquence de ces événements reste tout de même bien faible. Ce qui fait que, basketballistiquement parlant, le principe du Elam Ending est intriguant et pas mal bandant. Comme l’a souligné Jake Lerner, joueur pendant quatre ans à l’université de Drexel et entraîneur au TBT l’édition précédente, si on demande à n’importe quel gars qui a joué une fois ou deux au basket dans sa vie, tous diront qu’ils préfèrent le playground au gymnase. Rien de mieux que faire un 1 vs 1 où le vainqueur est le premier à atteindre les 11 points.

Tout ça pourrait permettre également d’en finir avec ces confrontations qui se finissent par un marathon sans fin, de fautes volontaires et de lancers endormants pour qu’une team recolle au score. Sans oublier ces money time plombés par ce genre de situation que l’on connaît bien : une équipe mène de trois points, il reste une poignée de secondes, la balle est à ceux qui perdent et les adversaires vont faire faute pour ne donner que deux potentiels points sur lancers afin de ne pas prendre une bombe du parking au buzzer. Stratégiquement et du point de vue des entraîneurs, rien de plus logique pour assurer la victoire. Mais commercialement et du point de vue de la NBA, rien de plus frustrant pour perdre son audience. C’est donc cette solution potentielle que l’on pourrait retrouver avec la règle du Elam Ending, et c’est sûrement ce qui a séduit les participants du TBT. Et pas seulement. Car bon nombre de protagonistes de la Grande Ligue, notamment Mark Cuban et Daryl Morey, verraient bien cette règle prendre place avec les stars d’aujourd’hui. Le GM des Rockets s’était prononcé l’an passé au micro d’ESPN à ce sujet.

“Cette idée changerait le problème numéro 1 des spectateurs qui regardent les matchs NBA : les voyages sans fin à la ligne de lancer franc et les temps morts en fin de rencontres.”

Normal de s’enflammer sur cette rumeur qui circule dans les caves de la NBA, mais il faut garder les pieds sur terre et se rappeler que cette règle ne s’implantera pas d’ici demain. Si la possibilité d’inscrire le Elam Ending dans le business d’Adam Silver en fascine plus d’un, il y en a toujours pour s’opposer. Et le principal argument des détracteurs de cette éventuelle révolution est la disparition du buzzer-beater, sans doute le moment le plus électrisant du basket. Voir la gonfle claquer les filoches alors que le buzzer retentit, ça fait kiffer ! C’est propre à notre sport, on a le sablier en tête et on transpire comme jamais en ayant cette part de chronomètre en nous. Qui n’a pas, au moins une fois dans sa vie, pris un ballon en étant gamin et susurré “3… 2… 1” avant d’envoyer une ogive au buzzer ? L’autre bâton dans les roues d’Elam, c’est qu’apparemment, la Grande Ligue n’a absolument pas prévu de bouleverser son fonctionnement dans les mois à venir. Tout comme celui de la G-League. C’est pour dire à quel point ce projet est loin de se réaliser. Et même si cette potentielle révolution a suscité de l’intérêt via Kiki VanDeWeghe, vice-président exécutif des opérations de basket-ball de la NBA, qui a déclaré aux copains d’ESPN il y a un an que le concept était intéressant, ce n’est pas dans ses plans de chambouler les money time qui nous procurent tant d’émotions. Evan Wasch, vice-président de la stratégie et de l’analyse du basketball pour la ligue majeure, avait également sorti ceci…

“Elam Ending est dans une liste de choses qui sont intéressantes et innovantes, mais qui ne sont pas en tête de notre liste, en termes de tests à effectuer dans la G-League ou pendant la Summer League. »

Simple idée d’un savant-fou planqué dans son coin, ou futur du basket dont on reparlera dans quelques décennies ? Nick Elam a peut-être donné naissance à ce qui manque cruellement au sport de la balle orange pour taquiner le ballon-pied en terme de dramaturgie : une règle qui permette d’augmenter la fréquence des arrêtes cardiaques en fin de match. Pour ou contre, école à l’ancienne ou pro-évolution, chaque camp est défendable. Mais pour ceux qui souhaitent l’arrivée du Elam Ending en NBA, il faudra attendre encore quelques années pour assister à cette révolution. Enfin, si elle a lieu un jour.

Source texte : ESPN


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