Mike D’Antoni et les Rockets n’ont pas su adapter leur jeu : au pire moment, ce système a encore montré ses limites

Le 02 juin 2018 à 11:50 par Clément Hénot

Mike D'Antoni
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Forts de la meilleure saison régulière de leur histoire avec 65 victoires pour 17 défaites, les Rockets nourrissaient de grandes ambitions pour ces Playoffs et espéraient enfin bousculer la hiérarchie à l’Ouest. S’ils ont poussé les Warriors jusqu’au match 7, ils ont manqué l’occasion de conclure en menant 3-2 et ont cédé face à cette armada. Houston semblait prisonnier de son style de jeu et en a fait les frais en perdant l’ultime manche. Analyse d’une défaite que beaucoup attendaient mais qui aurait pu être évitée.

Que celui qui ne sait pas que Mike D’Antoni est un grand partisan de l’attaque rapide, du shoot en première intention et de la spontanéité se lève ou se taise à jamais ! Fidèle à ses principes, le coach de Houston n’a pas changé sa ligne directrice, et pourtant il aurait clairement dû s’adapter, tant au momentum du Game 7, que certains diront plombés par l’arbitrage (mdr), qu’à son adversaire, qui est tout simplement l’une des équipes les plus impressionnantes de l’histoire. Alors certes, Chris Paul ne pouvait pas prendre part à ce match décisif, mais en face c’est l’un des plus féroces défenseurs en la personne d’Andre Iguodala qui restait sur le banc. Malgré cela, Houston s’est entêté à balancer des olives du parking sans trouver la mire. Les coéquipiers de James Harden ont totalement forcé dans le domaine en pondant un 7/44 à 3 points dont 27 manqués de suite sur ce Game 7. Les types ont sorti les lance-roquettes pour atomiser leurs propres plexiglas. 2/13 pour James Harden, 2/12 pour Eric Gordon, et un splendide 0/9 pour Trevor Ariza dans l’exercice tant apprécié par les Rockets. Hélas, ce soir ça ne rentrait pas et ce match ressemblait plus à une partie de Démineur qu’autre chose. Et à aucun moment ils n’ont proposé d’autre alternative que de l’isolation à outrance pour tenter de percer la défense de l’Etat Doré. Sauf que lorsque l’on connait la discipline de fer des hommes de Steve Kerr, de l’isolation à outrance, c’est du petit lait, malgré les James Harden ou Eric Gordon qui ne sont pas des manches dans le domaine. Tu arrives à passer Klay Thompson ? Draymond Green vient te cueillir, c’est le jeu ma pauvre Lucette. Et pas besoin de couvrir les shooteurs vu les aéroplanes envoyés tout au long du match. James Harden semblait clairement manquer de lucidité, lui qui arrive toujours à foudroyer ses défenseurs avec son eurostep, son stepback ou alors qui parvient à trouver Clint Capela en alley-oop, mais visiblement, il n’y avait plus d’essence dans le moteur.

Car il faut bien le savoir : en ce qui concerne les rotations, Mr. Pringles est aussi connu pour les resserrer en balle lorsque la postseason approche. Malheureusement, on sent ici que Mike D’Antoni ne souhaite pas apprendre de ses erreurs. Tirant beaucoup sur la corde avec ses titulaires, il ne limite sa rotation qu’à sept joueurs, voire moins, au-dessus des 10 minutes de temps de jeu. A titre d’exemple, les titulaires ont joué en moyenne 40,6 minutes dans le Game 7 (42 pour Harden, 41 pour le maçon du cœur Ariza, 39 pour Gordon 37 pour Capela et 44 pour Tucker). Sur le banc, seuls Gerald Green (20 minutes), Ryan Anderson (5 minutes) et Luc Mbah A Moute (8 minutes) ont eu un minimum de temps de jeu, pendant que Nene Hilario ou Joe Johnson se morfondaient sur le banc, alors certes, ce n’est pas NBA Live 2005 mais ces zouaves auraient pu faire souffler le cinq majeur, surtout avec Chris Paul en vrac. Résultat ? Les titulaires ont fini lessivés, au bout du rouleau. Kevin Durant l’a bien remarqué : les Rockets sont arrivés épuisés à cette fin de série et ça a profité aux Warriors dont les rotations toujours bien huilées ont pris le dessus. Lors des Playoffs, la second unit est toujours primordiale pour rester à flot dans un match, mais Mike D’Antoni continue de la sous-estimer, ce qui donne des titulaires en manque de lucidité, n’ayant plus assez de jus ni de confiance pour prendre les bonnes décisions et rentrer leurs tirs. C’est fort dommage, car avec quelques petits ajustements de rien du tout, l’édifice des Warriors aurait bien pu brinquebaler et l’issue n’était plus aussi certaine…

Les Rockets ont vécu par leurs principes de jeu, mais ils sont également morts avec ces derniers, incapables de bousculer la hiérarchie et de faire tomber Golden State du trône de l’Ouest, ils n’ont pas su apporter les ajustements nécessaires. S’ils sortent en ayant jeté toutes leurs forces dans la bataille, ils peuvent tout de même sortir avec des regrets de n’avoir pas su (ou pu) s’adapter face à l’adversité. Après une telle saison régulière, qui laissait entrevoir de belles choses pour un groupe bien armé, un goût d’inachevé reste forcément en bouche après ce match 7 perdu à la fois de façon serrée et logique. A l’année prochaine ?