Le somptueux système de Brad Stevens pour donner le panier de la gagne à Al Horford

Le 06 mai 2018 à 10:24 par Bastien Fontanieu

celtics stevens
Source image : NBA League Pass

Dans la victoire des Celtics cette nuit à Philadelphie, la franchise de Boston a pu compter sur son coach pour sortir l’armée verte d’un sacré merdier. Retour sur le panier de la gagne avec Brad Stevens, aka System Master dans des situations périlleuses.

Doué en séquences offensives de sortie de temps-mort, Brad l’est et l’a montré depuis son premier jour en NBA. Parfois, cela sauve les Celtics d’un gros pétrin, et c’était le cas sur ce Game 3 bien tendu en direct du Wells Fargo Center. Menés d’un point à un peu moins de 9 secondes de la fin, les visiteurs n’avaient pas énormément de solutions. Jayson Tatum et Terry Rozier en rythme, certes, mais de là à partir en basketball à isolation ? Certainement pas. En tout cas, pas tant que Stevens est à la tête des C’s. Après un premier temps mort pris et un système dessiné, le coach de Boston voit ses joueurs paniquer sur la remise en jeu et c’est donc un nouveau time out qui est demandé. Cette fois, c’est la bonne. Il faut profiter des adversaires présents sur le terrain pour créer une situation avantageuse, ce qui va demander la discipline de chacun. Voici donc, en quelques images, le bijou dessiné par Stevens et qui va permettre à Al Horford de libérer les siens à quelques secondes de la fin.

# Qui est où, et qui fait quoi ?

Remise en jeu, Marcus Morris. Momo est grand, patient, et sait qu’il doit attendre le mouvement de ses coéquipiers pour remettre la balle dans les mains d’un de ses potes. Loin de lui, quatre Celtics forment un chouette carré et vont se déplacer dans la seconde. Rozier, défendu par McConnell, Tatum, défendu par Covington, Horford, défendu par Embiid et Brown, défendu par Simmons. Les Sixers étant suffisamment grands et capables de switcher sur différents joueurs, il faut en avoir conscience et en profiter pour nourrir la bonne personne. Tout le monde est prêt, manque plus que les couverts et les serviettes, on passe à table.

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# En bon appât, Terry Rozier disparaît de la circulation

Le premier mouvement majeur de ce système impose à Rozier de fuir à l’opposé de l’action, pour espacer au maximum le terrain. Adroit sur la rencontre, le meilleur ami d’Eric Bledsoe attire donc T.J. McConnell avec lui, car les Sixers ne peuvent se permettre de le laisser en isolation à pleine vitesse pour assassiner le peuple de Pennsylvanie. Au revoir président, pendant ce temps-là c’est un Loup-Garou que vont se faire les copains Horford-Tatum-Brown. Point de rencontre en plein dans la raquette, afin de rendre les défenseurs confus et créer une potentielle matchup avantageuse. C’est tipar, bye bye Rozier.

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# Jaylen Brown, à toi de jouer

Une fois Rozier disparu de la circulation, le mic-mac imposé par les Celtics force Covington et Simmons à devoir communiquer sur les futurs déplacements de leurs défenseurs. On le répète, Philly a des joueurs suffisamment grands et mobiles pour switcher de défenseurs, Embiid surveille donc ce beau petit monde en gardant un oeil sur Horford. Le pivot des Celtics pose un semi-écran pour Jaylen Brown qui va devoir s’extirper de ce joli bordel afin de… lui aussi quitter la scène. Le but ? Rendre la raquette de Philadelphie totalement open-bar et donc créer une situation de tir plus aisée. Les Celtics n’ayant pas de véritable superstar à qui filer la gonfle en mode démerde yourself, c’est Brad Stevens qui doit faciliter le taf de ses joueurs.

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# Joel Embiid en cavale, c’est l’heure du switch

Alors qu’il devait initialement s’occuper d’Horford, Joel Embiid voit Jaylen Brown sortir de l’action et doit donc suivre l’ailier des Celtics. Certes, ce dernier est un peu blessé, mais on ne peut pas le laisser seul non plus. C’est cette sortie qui va faire disparaître Embiid de la photo et donc créer une raquette totalement vide chez les Sixers. Plutôt bien joué de la part de Brad Stevens, non ? Sachant que Joel est un des candidats au titre de Défenseur de l’année, le forcer à abandonner sa raquette et donc ne pas couvrir son arceau est un aspect majeur de tout ce système. Vous remarquerez deux éléments très importants à ce moment précis de l’action : non seulement Marcus Morris garde patiemment la balle alors qu’il a quasiment écoulé trois des cinq secondes sur sa remise en jeu, mais Jayson Tatum a switché de défenseur et va l’emmener de toutes ses forces vers l’extérieur. La main calée dans le dos de Ben Simmons, le rookie de Boston permet alors de créer la matchup tant attendue côté Celtics, Al Horford versus Robert Covington. Maintenant, il faut prier pour que les jeunes de Philly soient emportés par l’action ainsi que l’intensité du moment.

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# Ben Simmons, viens danser avec moi

Jayson Tatum ayant changé de défenseur et pouvant enfin inviter le futur Rookie de l’année à une valse (woops), c’est un déplacement musclé qui prend place entre les deux phénomènes. Observez l’interaction ultra-physique, laissée évidemment par des arbitres conscients de l’instant. Simmons a littéralement un bras entier bloquant celui de Jayson, mais Tatum est toujours agrippé au maillot de Ben et c’est ainsi qu’il parvient à le mener où il le souhaite. La taille du meneur des Sixers est importante dans la défense de Philly, l’écarter de la raquette est donc fondamental pour permettre à Horford de faire son job. Al est déjà en train de prendre position sur Covington, ça sent bon pour les Celtics. Ah, au fait, vous vous souvenez de Joel Embiid qui devait suivre Jaylen Brown ? Bingo. Le pivot joue au poule-renard-vipère avec l’ailier de Boston, le dos tourné à la remise en jeu il ne peut voir ce qui se passe et donc s’il doit venir en aide. Masqué au visage, le Process est cette fois masqué par le système de Brad Stevens. Celle-là, c’est cadeau.

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# De la place à ne plus savoir quoi en faire

Remontez voir la toute première image de cette séquence, au moment où Marcus Morris récupère la balle. Il y avait 4 joueurs des Sixers au sein de leur ligne à trois points. Désormais ? Il n’y en a qu’un seul. Embiid est au large, Simmons est au large, Rozier fume une clope avec McConnell à l’autre bout du terrain et Ilyasova ne sait pas la misère qui se cache derrière lui. C’est simple, toute la raquette de Philly est disponible, aucun protecteur d’arceau n’est à proximité et Al Horford a la matchup rêvée pour prendre position. On remercie Marcus Morris qui a tenu la balle suffisamment longtemps pour que ce système prenne place, maintenant la suite est aussi enfantine que saisissante : le pivot de Boston utilise parfaitement son avantage de force pour passer derrière Covington, permettant une passe lobée de son coéquipier à la remise en jeu. Pas besoin d’avoir fait l’académie de LeBron pour réussir l’offrande, Morris envoie un drop parfait vers la raquette et Horford attrape la gonfle pile-poil sous le panier. Il n’y a plus qu’à scorer, ce que le All-Star assurera sans trembler.

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Et parce que c’est encore plus chouette à vitesse réelle, on vous met la séquence ci-dessous en vidéo. Les Celtics peuvent remercier Brad Stevens, ainsi que la discipline des joueurs pour exécuter ce système. Créer une raquette totalement vide pour permettre à son pivot de scorer, on appelle ça du coaching quatre étoiles.

Al Horford: 13 PTS, 6 REB, 2 AST, 2 STL, 3 BLK and the Celtics have a 3-0 lead over Philly.pic.twitter.com/WekTakNGN8

— Yahoo Sports NBA (@YahooSportsNBA) 6 mai 2018