Lettre de Shawn Kemp à Seattle : déclaration d’amour et plaidoirie pour le retour des Sonics

Le 27 avr. 2018 à 14:46 par Hugo Leroi

Shawn Kemp
Source Image : mefeedia.com

Voilà maintenant 10 ans que les Seattle SuperSonics ont disparu de la carte en NBA, délocalisés à Oklahoma City, où les Kevin Durant, Russell Westbrook, Steven Adams font ou ont fait de leur mieux pour que les fans du Thunder y trouvent leur compte. Mais quelque chose manque à la Ligue, depuis cet abandon, notamment pour Shawn Kemp.

10 ans. C’est long 10 ans, mais c’est en même temps très court. En 10 ans, entre 2008 et 2018, Kobe a gagné deux titres de plus pour prendre sa retraite plus tard, Dirk a gagné le sien, LeBron James a dépassé Jordan sur pas mal de statistiques all-time, Phil Jackson s’est fait recruter, puis virer des Knicks… Énormément de choses se sont passées en une décennie, dont on se souviendra, ou qu’on oubliera. Mais une chose que l’on gardera amèrement en mémoire, c’est la vente de la franchise des Seattle SuperSonics à un groupe d’homme d’affaires de l’Oklahoma, dirigé par Clay Bennett, pour 350 millions de dollars. Le Thunder est crée dans la foulée : coup de tonnerre et coup de massue pour les fans de Seattle, qui voient tout leur passé, tout ce qu’ils ont accompli, s’envoler pour d’autres contrées. La NBA est un business, et sous David Stern, c’était d’autant plus vrai. La franchise ne rapportant pas assez d’argent dans les poches de Dave, ce dernier a jugé bon de faire bouger les choses, comme il l’a fait de nombreuses fois. Il a pris le risque de briser le cœur de l’état de Washington, et des fans inconditionnels des Sonics. Il a enlevé la bannière du haut d’une salle qui a connu maints talents : Gary Payton, Ray Allen, Detlef Schrempf, Dennis Johnson, les débuts de Kevin Durant, Rashard Lewis, Xavier McDaniel… Et aussi maints exploits, run de Playoffs dans la mythique Key Arena, comme celui qui verra le tandem Gary Payton-Shawn Kemp s’élever en Finale et perdre honorablement contre les Bulls de Mike en 1996. Toutes ces années, Kemp les regrette, et le fait savoir avec émotion dans une lettre postée sur The Player’s Tribune, intitulée non sans arrières pensées : “I Miss The Sonics”. Après avoir précisé qu’il n’a jamais quitté Seattle, de près ou de loin, même lorsqu’il jouait à Cleveland ou en Italie, le Rain Man adresse ces mots :

“Je suis toujours à Seattle. Je suis marié depuis 23 ans maintenant. J’ai aujourd’hui arrêté de passer mon temps sur la route, afin de me consacrer à être un bon mari et un bon père. J’ai vu la ville changer énormément, mais garder les mêmes fans passionnés, et rester une ville qui aime le basket, même sans une équipe derrière qui se rassembler. Depuis que je suis arrivé, j’ai été magnifiquement traité par les gens d’ici. Et leur amour a duré bien plus longtemps que ma carrière. On m’a accueilli de nouveau à bras ouverts dès qu’elle s’est terminée. Le basket m’a fait voyager partout dans le monde, et après avoir vu autant en tant d’années, je peux affirmer avec absolue certitude qu’il n’y a nulle part ailleurs où je voudrais être plus qu’ici. Mais quelque chose cloche. Quelque chose manque. On a besoin que les Sonics reviennent. Tant de moments sportifs mémorables se sont passés ici. Tant de légendes du jeu ont accompli leurs exploits à Seattle. Je suis conscient du fait que cela causerait du désordre de faire entrer une nouvelle équipe au sein de la NBA, mais ce n’est plus pareil sans les Sonics. J’y crois, ça arrivera – on aura de nouveau une équipe un jour. Je ne sais pas quand, ou comment, mais je le sens. Le basketball reviendra à Seattle. Et je serai toujours là quand ça arrivera.”

Des mots plein d’émotion et de sincérité, de la part d’un homme qui s’est fait révéler par cette franchise, qui a connu son prime à la Key, qui a été en Finales NBA avec Seattle. Un homme qui connait la maison, qui connait la ferveur des fans des Sonics, et qui veut qu’ils reviennent. Il n’est pas le seul à plaider pour le retour de la NBA dans l’état de Washington, et de loin. Des figures emblématiques du sport à Seattle se sont ainsi exprimées sur leur amour pour la ville et leur volonté de revoir la Key exulter : Ray Allen, franchise player des Sonics dans son prime au début des années 2000 (il envoyait des tomars monstrueux en plus de mettre des 3 points), Russell Wilson, quarterback de l’équipe de football des Seattle Seahawks, Shawn Kemp avec sa lettre… Toutes ces personnalités mythiques et vénérées dans l’état du nord-ouest sont portées par un projet plus qu’ambitieux prôné par un groupe d’investisseurs mené par Tim Leiweke, qui veut rendre possible le retour des Sonics. Leur projet de rénovation de la Key Arena d’ici 2020 pourrait grandement jouer en la faveur de la franchise, qui montrerait au passage à Adam Silver que la ville a tout ce qu’il faut pour faire vibrer encore une fois le monde entier. Le Commissioner s’est montré ouvert au changement, et a même exprimé son sentiment sur le fait qu’une expansion de la Ligue serait inévitable dans les années à venir. Si expansion il y a, il serait inconcevable que Silver ne pense pas en premier à contenter ceux qui attendent depuis 10 ans un retour de leurs petits gars. Car Seattle possède une des fan bases les plus fidèles et électriques que la Ligue ait connu. Pour que tout le monde milite depuis 10 ans pour le comeback de leurs chouchous en terre promise, il faut quand même être pas mal passionné, non ?

Shawn Kemp ravive la flamme de l’espoir à Seattle, à l’aide d’une lettre émouvante, prouvant son amour pour une ville qui attend depuis bien longtemps qu’on l’entende crier sa volonté. Tout le monde veut que les Sonics reviennent, et que la Key Arena soit à nouveau le théâtre d’exploits individuels et collectifs qu’elle a été par le passé. Affaire à suivre…

Source texte : The Player’s Tribune