Baron Davis : une carrière unique entre deux ruptures des ligaments croisés

Le 13 avr. 2018 à 18:27 par Aymeric Saint-Leger

Baron Davis
Source image : hoopsallday.wordpress.com

Il n’y a pas si longtemps, Baron Davis faisait encore des ravages sur les parquets NBA. Russell Westbrook, Derrick Rose, les phénomènes, ils ont pu prendre exemple sur le meneur d’1m91 à leur arrivée dans la Ligue. D-Rose aurait d’ailleurs sans doute bien aimé s’inspirer de lui, pour la force qu’il a mis à combattre les blessures. Et oui, le Baron, c’était un risque-tout, explosif, puissant, dont le corps était malheureusement trop fragile pour encaisser tout ce dont il était capable.

Ce bon vieux Baron Davis. Il fait partie du genre d’animaux que la NBA a vu débarquer à la fin des années 90, ou au début du nouveau millénaire. Comparable à Steve Francis, c’est juste derrière Stevie Franchise que Boom Dizzle est drafté en 1999, en tant que troisième choix. Ce sont les Hornets de Charlotte qui ont sélectionné l’athlétique meneur, et ils n’ont pas été déçus. Pour autant, il aurait très bien pu ne jamais arriver jusque-là. Le jeune homme a grandi à Los Angeles, et ne l’a pas quitté de toute son enfance. Ses caractéristiques basket, il les a décuplées dans la Cité des Anges. Au lycée, B-Diddy était déjà une star, lorsqu’il jouait pour Crossroads School, à Santa Monica en Californie. Tant et si bien que lorsqu’il effectue son année senior en high school, le jeune guard est désiré, plébiscité et courtisé par plusieurs grandes facs du pays : Georgia Tech, Kansas et Duke notamment, rien que ça. Cependant, il choisira très logiquement UCLA, pour pouvoir rester auprès de ses proches, et jouer devant ses potes. Il faisait déjà le show, avec ses dunks ravageurs. Oui, le bonhomme fait à peine 1m91, mais c’est le genre de bestiau qui saute sur tout ce qui bouge. C’est malheureusement ce qui va le conduire à un tragique événement. Dans son année freshman, il accède au tournoi NCAA avec son équipe. Comme d’habitude, il se balade, et va finir au cercle avec un gros tomar. Sauf qu’à la réception, c’est le drame. Rupture des ligaments croisés du genou, merci, au revoir. Alors qu’il a à peine 19 ans, une telle blessure aurait tout simplement pu ruiner sa carrière.

Mais non. Opération, rééducation, entraînement, et retour à la compétition avec les Bruins pour son année sophomore, tranquille. Pépère continue à jouer comme il sait le faire, en prenant des risques, et en étant agressif. Il conclut donc la saison 1998-99 avec UCLA, fac dans laquelle il aura tourné à 13,6 points et 5,1 assists sur ses deux ans. Flashback terminé, retour en Caroline du Nord. Pendant sa première saison, Baron Davis ne joue pas beaucoup, il sort du banc lors les 82 matchs, et ne dispute que 18,6 minutes par rencontre. Son coach de l’époque, Paul Silas, se rend rapidement compte du potentiel du bonhomme, fringuant, tout aussi capable de péter un arceau que de distiller un caviar à tout moment. Ainsi, lors des deux saisons suivantes, B-Diddy sera titulaire à la mène, et sera intraitable sans rater un match sur ces dernières. De quoi lancer sa sublime carrière (que vous pouvez découvrir plus en détail ici), et lui offrir la première de ses deux sélections au All-Star Game en 2002. On se dit alors que le gars est une machine, une petite boule d’énergie, bien baraque, qui découpe les raquettes adverses par des drives assassins et des circus shots comme vous n’en avez jamais vus. Malheureusement, des saisons à 82 matchs, Boom Dizzle n’en fera plus qu’une seule dans toute sa carrière, en 2007-08.

Et oui, il fait assez tristement partie de cette terrible catégorie de joueurs, au talent exceptionnel, dont le corps ne leur permet pas d’aller aussi haut que leur potentiel le laissait penser. Déjà, lors des Playoffs 2002, Baron Davis a quelques douleurs persistantes au dos. Rien de grave à priori. Mais ce n’était que le début des blessures et douleurs chroniques que The Beard a expérimenté pendant toute la suite de sa carrière. Pour ceux qui se demandent, oui, il y a de superbes barbes avant l’arrivée de James Harden en NBA. Mais le Baron n’aura pas la chance de rester en aussi bonne santé que le favori de Kobe au titre de MVP. Entre les étés 2002 et 2005, Boom Dizzle rate 83 rencontres. En trois saisons, ça commence à faire beaucoup, surtout pour un joueur qui a bâti sa réputation sur un physique exceptionnel (1m91, 95 kilos), à faire pâlir Raymond Felton. C’est d’ailleurs en 2005 qu’il est envoyé aux Warriors, un des sommets de sa carrière. Il passera trois ans et demi dans la baie d’Oakland, et sera un des symboles de We Believe. Dès son arrivée, il forme un backcourt marqué du sigle TNT avec Jason Richardson, de quoi augurer de bonnes choses pour les Dubs. Mais dès la saison 2005-06, une grosse blessure à la cheville lui fait rater une bonne partie de cet exercice, dans lequel il ne disputera que 54 confrontations. Sur les deux années suivantes, les gros problèmes vont le laisser tranquille, même si des douleurs persistent, au niveau du genou et du dos. Celui qui tournait dans tous les sens se régale malgré tout sous les ordres de Don Nelson, coach small ball par excellence.

Malgré des campagnes plutôt réussies en Playoffs, Baron Davis retourne au bercail en 2008, avec les Clippers. À partir de là, ça va de mal en pis pour le meneur au gainage extraordinaire et pour son corps. Ça commence à grincer sérieusement pour le spectaculaire guard, qui joue quand même 65 matchs en 2008-09 et 75 en 2009-10. Pour autant, il est de moins en moins explosif, toujours gêné par ses articulations, de plus en plus alors que l’horloge tourne. Il perd en efficacité, et n’est plus vraiment le maître du showtime qu’il était par le passé. Le temps d’envoyer ses premiers alley-oops à Blake Griffin, et il part pour Cleveland en 2010-11 pour un bref passage, avant de signer aux Knicks pour la saison suivante, sa dernière. Et oui, à seulement 32 ans, Boom Dizzle n’arrivait pas dans le meilleur des états à NYC, puisqu’il emmène une hernie discale avec lui. Pour autant, il semblait retrouver du poil de la bête sur la fin de saison dans la Big Apple. Il va même en Playoffs avec New York. Mais au Game 4 du premier tour de la postseason 2012, le Baron est foudroyé en pleine course. Son genou droit lâche, et le bilan est affreux : rupture complète du ligament croisé, du ligament antérieur, et rupture partielle du tendon rotulien. Tout le dynamisme, la dynamite qu’il avait dans les jambes, a fini par exploser. Malgré une tentative de retour en G League en 2016, avec les Delaware 87ers (il jouera six matchs pour eux), on ne retrouvera jamais ce bon vieux B-Diddy en mode old-school, à part pour un match des célébrités au All-Star Game 2017. Il a feint un appel du pied aux Clippers en début de saison, lorsque les blessures se succédaient, mais c’était seulement sur le ton de la boutade.

On ne reverra sans doute jamais B-Diddy sur un parquet NBA, lui qui a été meilleur intercepteur de la Ligue en 2004 et 2007. Surtout, on se rappellera de Baron Davis pour son côté spectaculaire. Un acrobate, qui mettait tantôt des circus shots, tantôt des gros tomars sur qui veut (coucou Andrei). Pour son anniversaire aujourd’hui, il était important de lui rendre hommage et de se rappeler qu’il n’y a pas si longtemps, Boom Dizzle électrisait toutes les salles NBA, et ce durant 13 ans, malgré une rupture des croisés à 19 ans, qui aurait pu tout gâcher.

Sources texte : Bleacher Report, complex.com


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