Russell Westbrook vole des rebonds à ses coéquipiers selon Melo : pas de problème, ça reste pour la famille

Le 11 avr. 2018 à 17:51 par Aymeric Saint-Leger

Russell Westbrook
Source image : YouTube

Parfois, le joueur exceptionnel qu’est Russell Westbrook laisse ressortir son côté sombre. Le dénommé Westbrick fait alors son apparition. Que fait ce dernier ? Il prend des décisions quelquefois hâtives, il peut forcer la pénétration à 1 contre 5, et il peut également piquer quelques rebonds à ses collègues. C’est en tout cas, pour ce dernier point, ce que pense Carmelo Anthony, en toute bonhomie. Melo n’en veut pas à son meneur, et pour cause, ça lui évite de bouger son sacré fessier pour prendre beaucoup de rebonds.

Tout le monde le sait, Russell Westbrook est en quête d’une performance historique. Il peut créer une nouvelle page sur le livre des records, où il figurerait tout seul. En effet, il peut devenir le premier joueur NBA à réaliser deux saisons en triple-double de moyenne. Seul Oscar Robertson a réalisé une saison entière en TD jusqu’alors. RussWest, lui, peut donc en ajouter une deuxième à son palmarès, et le faire de manière consécutive. Forcément, un tel exploit, même si ce n’est pas son objectif, ça donne envie quand on est un compétiteur comme le numéro 0. De ce fait, il peut arriver que l’on voit le Brodie quelquefois abuser des passes vers Steven Adams, ou encourageant ses shooteurs à dégainer lorsqu’il leur adresse une potentielle assist. Difficile de lui jeter la pierre. Il donne tellement d’énergie sur un terrain, qu’il lui arrive de s’emporter parfois. Le problème des caviars est déjà réglé pour cette saison, puisqu’il est à 801 passes décisives, en 79 rencontres, alors qu’il lui en reste une à disputer. La case points est remplie depuis bien longtemps, le meneur est à plus de 2 000 unités sur l’exercice 2017-18. La troisième catégorie statistique où RW veut afficher au moins 10 de moyenne, c’est celle des rebonds. Avec son mètre 91, il n’est pas forcément prédestiné à collectionner les prises. Mais par son envie, son explosivité et son agressivité, il y parvient plutôt bien. En effet, The Beast en est actuellement à 784 rebonds attrapés cette saison. Il ne lui en manque que 16 pour arriver au triple-double de moyenne cette année. Le match contre Memphis, cette nuit, est sa dernière occasion de compléter ce total. Pour ce faire, il risque de devoir forcer un peu, si ce n’est de voler quelques rebonds à ses coéquipiers. Attention, scoop : ce n’est pas la première fois que ça arrive. C’est ce qu’a confié hier son coéquipier, Carmelo Anthony, à Moke Hamilton de okcthunderwire.com :

Moke Hamilton “Qu’est-ce que ça fait de devoir prendre des rebonds dans la même équipe que Russell Westbrook ?”

Carmelo Anthony : “Qu’est ce que ça fait ? Des fois on a envie de le contester un peu, de le dégager du passage. À mon avis, c’est bien d’avoir un guard comme ça, capable de revenir en arrière et de prendre des rebonds. Il en pique des fois, il vole des rebonds parfois, mais lorsque vous avez un guard comme ça qui revient prendre le rebond, de la manière dont il le fait, il veut pousser la contre-attaque, et quand il obtient le rebond, il est capable d’être dans les starting blocks pour la montée de balle, et beaucoup de bonnes choses proviennent de là.”

MH : “Vous avez mentionné, en rigolant, le fait qu’il vole des rebonds…”

CA : “Il en vole, hein, il en intercepte (rires).”

MH : “Honnêtement, comment l’équipe se sent à propos de ça, quand un gars comme Russell vient pour prendre un rebond ? Comment vous sentez-vous par rapport à ça ?”

CA : “Nous devons défendre le rebond. Je pense que personne ne se soucie vraiment de ça. Tant que nous prenons le rebond, je ne pense pas que nous soyons inquiets par rapport à ça. Individuellement, on ne dit pas ‘Zut, il faut que je prenne ce rebond’ ou ‘Il faut que je prenne plus de rebonds’, tant que nous prenons le rebond, cela nous va tous bien.”

Le message de Melo est on ne peut plus clair : oui, Russell Westbrook vole des rebonds. Ah bon, comment ça ? Cela paraît assez évident. Regardez un match d’OKC, surtout en fin de saison régulière, et vous risquez de le voir subrepticement à quelques reprises. Attention, il ne va pas non plus pousser tous ses coéquipiers pour obtenir un +1 dans sa case rebonds. C’est simplement que lorsqu’un de ses potes s’apprête à rattraper la gonfle, il voit un espèce de Marsupilami s’élever à ses côtés, si ce n’est au-dessus de lui. Cela a de quoi impressionner, un type d’1m91 monté sur ressort avec une telle énergie. Plus sérieusement, comme le laisse sous-entendre Carmelo Anthony, on a l’impression qu’il y a un espèce d’accord tacite entre le MVP en titre et ses collègues : si Russ est dans le coin et qu’aucun adversaire ne risque de le prendre, on peut lui laisser le rebond. En tout cas, ça ne dérange personne dans le roster du Thunder, également parce qu’il s’agit du leader. Envoyez ce bon Kyle Singler faire la même chose, il risque de prendre deux ou trois tarjons sur le râble de la part de Flying Moustache, et de retourner sur le bout du banc, où son presse-agrumes l’attend impatiemment. Le Brodie est donc charismatique (sauf quand il se vêtit de façon… particulière), surtout sur un terrain, et son activité est simplement incroyable. Il est partout, tout le temps, et peut donc être au rebond sur l’ensemble de sa moitié de terrain s’il le désire.

Et, d’après Carmelo Anthony toujours, ce n’est d’ailleurs pas plus mal. En effet, RussWest est capable de se projeter très vite, le changement de statut est immédiat. Il peut ainsi aller finir au lay-up sur un gros coast-to-coast, mais il peut également délivrer des caviars aux pistoleros qui traînent dans les corners ou à 45 degrés (coucou Alex Abrines, Pat Pat, Andre Roberson, mais aussi Melo). Pas fou, l’ancien Knick. Il sait bien que si toute l’attention est concentrée sur le meneur, il peut placer son popotin imposant un peu où il veut, et ses qualités de shooteur font le reste. Alors oui, ça paraît évident, Russell Westbrook va voler des rebonds, de temps à autres. Mais personne n’en souffre réellement. Avec le départ de plusieurs grands cet été (Kanter, Ilyasova, Lauvergne, Gibson, Sabonis), et l’arrivée de joueurs moins dédiés à la tâche du rebond (George, Anthony, Felton, Patterson), il faut bien compenser. Ainsi, le MVP prend à peine un rebond de moins par match que la saison dernière (de 10,7 à 9,9 actuellement). La moyenne de Paul George baisse légèrement (de 6,6 à 5,7). Celle de Carmelo Anthony stagne (de 5,9 à 5,8). Même les nouveaux arrivants ne voient pas leur moyenne baisser. Il faut dire que ça en arrange aussi certains. Si Melo dit en rigolant qu’il a parfois envie de pousser The Beast qui vient prendre un rebond sur lui, il est bien content quand son meneur va arracher des rebonds sur la tête d’adversaires, alors que cela pourrait plus être le rôle d’un ailier de 2m03 et 109 kilos. L’homme au bandeau n’a d’ailleurs jamais été un grand rebondeur, avec un record sur une saison de 8,1 prises de moyenne. Donc bien évidemment, il ne va pas se plaindre.

Par contre, on vous voit venir, vous allez tous parler de Steven Adams. Oui. Physiquement, cette espèce de machine archi-mobile de 2m13 pour 113 bombes pourrait tourner à au moins 12 rebonds par match s’il n’y avait pas Westbrook. Cependant, sa moyenne par rapport à l’an dernier a augmenté (de 7,7 prises par rencontre à 9 cette année), et cela risque de continuer dans ce sens-là. Ceci dit, il ne faut pas oublier ce que le Tall Black fait et se doit de faire pour Oklahoma City. Matez bien le roster de Billy Donovan : le Kiwi est le seul vrai Big Man de l’effectif, hors Dakari Johnson qui joue très peu. Sinon ? C’est Patrick Patterson, Carmelo Anthony, ou même Jerami Grant qui jouent poste 5 ! Ce qui signifie que pépère Adams se coltine quasiment 33 minutes par match tous les intérieurs physiques d’en face. Il se doit de jouer les gros shorts (avec Raymond Felton bien évidemment), et d’effectuer ce que l’on oublie trop souvent de mentionner : des box-outs. Amusez vous à observer le boulot de Flying Moustache sous les arceaux, surtout lorsqu’il ne prend pas de rebonds. C’est impeccable, impossible de faire le tour du Mont Cook. Il ne s’oublie que très rarement là-dessus. C’est aussi cela qui aide ses coéquipiers, dont Russell Westbrook, à venir prendre de multiples rebonds. Steven Adams doit s’atteler à cette tâche, il le fait bien, tant pis s’il ne fait pas 13 prises par opposition, tant que ça marche. Puis, le Néo-Zélandais ne viendra pas râler si le Brodie vient prendre un rebond sur sa sublime chevelure. Le caractère tout doux (contrairement à ce qu’on pourrait penser) du pivot permet également cela.

C’est vrai, Russell Westbrook vient parfois prendre des rebonds que ses coéquipiers pourraient attraper. Celui qui ne le voit pas, n’a soit jamais regardé un match du Thunder, soit est trop fan du bougre, soit se doit d’aller chez un opticien rapidement. Cependant, comme le confesse Carmelo Anthony, ça n’a aucun incidence négative sur le groupe, au contraire, cela permet de mettre des points en transition. L’activité énorme du meneur permet, avec le boulot d’Adams, de limiter les rebonds offensifs. Mieux vaut trop que pas assez, même si le Brodie est parfois excessif, et ce n’est pas le fessier de Melo qui va le contredire.

Source texte : okcthunderwire.com