Donovan Mitchell et Ben Simmons poursuivent leur duel dans les médias : qui sera élu Rookie de l’Année ?

Le 11 avr. 2018 à 18:54 par Aymeric Saint-Leger

Ben Simmons Donovan Mitchell rookie de l'année
Source image : montage NBA League Pass et YouTube

Big Ben vs Spida, acte 2, scène 1. On ne les arrête plus. Les deux prétendants au titre de Rookie de l’Année, Donovan Mitchell et Ben Simmons, n’en finissent plus de s’envoyer des piques en tout genre. L’Australien en interview, l’Américain par des moyens détournés, la lutte psychologique fait rage, l’auto-promotion et le rabaissement de l’autre s’entremêlent. Tacle à la carotide, ou coup en dessous de la ceinture, à vous de choisir, dans tous les cas on s’en délecte.

Certains n’ont pas attendu d’être des joueurs confirmés pour ouvrir leur grande bouche. Dès leur première année dans la Ligue, des énergumènes racontent à qui veut l’entendre qu’il est ou sera le meilleur, qu’il est déjà au-dessus de la concurrence, etc… Pour autant, lorsque l’on est rookie, on peut avoir la langue bien pendue, et se faire remettre rapidement à sa place par les vétérans de sa franchise. Sauf qu’entre néophytes, ça s’envoie sec, notamment cette année. On se rappelle de la tension entre Dennis Smith Jr. et notre Franky national, orchestrée par LeBron James. C’était gentillet, et ça s’est vite estompé. Par contre, alors que cela semblait être plutôt tranquille et respectueux entre eux, les candidats au titre de ROY font monter la pression à l’approche de la fin de la phase régulière, qui marque aussi la fin des votes pour les trophées décernés le 25 juin. Chacun dans son coin, Ben Simmons et Donovan Mitchell avaient tranquillement attaqué leur petit lobbying, pour essayer de remporter le prix du meilleur joueur de première année. Cela restait très cordial, mais cela s’est gâté cette semaine. L’Australien a commencé par dire tout haut ce que beaucoup d’observateurs pensent, avec ses mots à lui : le Rookie de l’Année, ce sera lui à 100%. Le Fresh Prince, tout fraîchement élu meilleur joueur de la semaine à l’Est, a balancé sa façon de penser. La réponse de son adversaire de l’Ouest ne s’est pas faite attendre : un simple petit GIF, pour exprimer son désaccord. Rien de bien méchant, on connaît le caractère posé de Spida. Enfin, c’est ce qu’on pensait jusqu’à hier soir, où il a donné sa vraie réponse lorsqu’il est arrivé dans la Vivint Smart Home Arena pour son match mettre une rouste aux Warriors :

rookie: “An athlete playing his or her first season as a member of a professional sports team”

🔥🔥🔥

(via @utahjazz) pic.twitter.com/05mWqTuGYw

— Sports Illustrated (@SInow) April 10, 2018

“Rookie : ‘Un ou une athlète qui joue sa première saison en tant que membre d’une équipe sportive professionnelle.'”

Et hop, le bon coup de crampons vissés en pleine tronche. L’idée vient d’Adidas, l’équipementier de Donovan Mitchell, et l’arrière du Jazz a accepté, prenant ça comme une blague. Ce pull, avec la définition du mot rookie marqué dessus (c’est comme le Port-Salut), vise à intimer aux observateurs le fait que Ben Simmons n’est pas vraiment un rookie, puisqu’il a été drafté en 2016. C’est en tout cas en ces mots que Spida l’a expliqué à Chris Haynes d’ESPN :

“Je vais vous expliquer. Je vais le mettre en perspective pour que des gens qui ne jouent pas en NBA, et qui ne connaissent pas la vie de la NBA comprennent. Alors, disons que vous avez un examen le 1er juin et que vous avez une année entière pour le préparer, vous allez sans doute avoir une très bonne note à celui-ci, n’est-ce pas ? Mais certaines personnes n’ont peut-être pas tout ce temps pour se préparer à cet examen. Donc, c’est comme ça que je vois les choses, et j’espère que cela met les choses en perspective pour les gens. Mais en fin de compte, nous sommes quatrièmes (avec Utah). J’ai le DPOY, meilleur joueur défensif de l’année et le COY, meilleur coach de l’année dans mon équipe, donc je suis heureux.”

Donovan Mitchell expose donc la question qui traîne dans certains esprits : est-ce que Ben Simmons doit être considéré comme un rookie ? La réponse, officiellement, c’est oui, parce qu’il n’a pas foulé les parquets lors de l’exercice 2016-17. Après, il a peut-être eu plus de temps pour se préparer à cette saison, et ce, dans un contexte NBA, c’est indéniable. Le débat de ce qu’est un rookie, un joueur qui passe sa première année dans la Ligue, ou un joueur qui joue son premier match dans cette dernière, c’est une autre histoire. Pour le coup, c’est l’argument de Spida, qui vaut ce qu’il vaut. Il n’oublie pas de rappeler de l’importance bien moindre que le trophée a pour lui par rapport aux résultats de son équipe. Sa franchise est pour l’instant troisième à l’Ouest. Ceux qui occupent la même position de l’autre côté des USA, ce sont les Sixers de Ben Simmons. Ce dernier, en interview télévisée d’après-match, a été mis au courant de la petite farce de son concurrent, et a répondu tranquillement :

Journaliste : “Donovan Mitchell portait un pull aujourd’hui où il y avait écrit la définition du mot rookie.”

Ben Simmons : “Que disait la définition ?”

J : “Qu’un rookie est un ou une athlète qui joue sa première saison en tant que membre d’une équipe sportive professionnelle. Il sous-entend que vous n’êtes pas un rookie…”

BS : “Non, il sous-entend que je suis un rookie car c’est la première saison où je joue.”

J : “Est-ce que ça vous dérange qu’il parle de cela dans la sphère publique ?”

BS : “Non, ça va. Ce n’est que de l’amour. C’est un excellent joueur. Si je n’étais pas rookie cette année, il aurait clairement remporté le trophée. Mais j’en suis un, donc…”

Plusieurs choses à observer ici : tout d’abord, le Fresh Prince reconnaît que Donovan Mitchell est son concurrent le plus sérieux pour le titre de ROY, ce qui n’était pas le cas dans ses premières déclarations de la semaine. Mais il n’oublie pas de rappeler qu’il est tout à fait dans ses droits, et que c’est un rookie, au même titre de tous les autres. Il finit l’interview avec une petite pique, en mode Sorry, not sorry. Quelques minutes plus tard, en conférence de presse d’après-match, dans les vestiaires, il ressort le même petit numéro, en rajoutant une phrase :

“Si son argument est que je ne suis pas un rookie… Si c’est le seul argument qu’il a, je suis plutôt tranquille.”

Bam, le deuxième petit tacle par derrière de la part de Big Ben. Deuxième carton jaune, expulsion du terrain, fin de la partie, comme en relate le dernier tweet de Donovan Mitchell hier soir :

🤐🤷🏾‍♂️

— Donovan Mitchell (@spidadmitchell) April 11, 2018

Les émojis parlent d’eux-mêmes : silence radio, rendez-vous au prochain épisode. Il n’y a pas eu d’autre communication depuis entre les deux jeunes stars. Mais comme vous vous en doutez, ce petit duel médiatique a fait préchauffer la twittosphère. L’excitation est à son comble, la température monte de plus en plus. Heureusement que la saison régulière se termine ce soir. D’autant que Blake Griffin s’est lui aussi fendu de son petit gazouillis :

bro it was like 8 years ago…. ohhhhh i get it https://t.co/b3quTj2JvJ

— Blake Griffin (@blakegriffin23) April 11, 2018

“Frère, c’était il y a huit ans…. ohhhh j’ai compris.”

BG fait évidemment référence à la période où il avait été élu Rookie de l’Année en 2011, alors qu’il a été drafté à l’été 2009. The Quake était dans la même configuration de Ben Simmons, ce qui ne l’avait pas empêché de remporter le trophée. C’est la preuve que oui, le Fresh Prince est éligible pour être le ROY 2018, même s’il est en NBA depuis l’été 2016, que ça plaise ou non à Donovan Mitchell. Cela poussera peut-être à revoir un peu le statut des rookies, ou ce n’est peut-être qu’une tempête dans un verre d’eau, qui a fait un peu de bruit du fait de la hype du duel Big Ben vs Spida.

Cela reste bon enfant entre Donovan Mitchell et Ben Simmons, même si les deux rookies n’hésitent pas à se taquiner, ou plutôt à s’envoyer des tacles à la gorge bien cinglants. En tout cas, il y a de quoi s’en régaler. On en viendrait presque à regretter que la saison régulière se termine ce soir. Non, c’est une blague, vivement les Playoffs. En attendant, Spida ou Fresh Prince, l’un des deux repartira avec le trophée de ROY, et ce sera sans doute sans rancune. Comme le dit si bien Sébastien Patoche le prodige des Sixers, c’est que de l’amour.

Sources texte : ESPN, Twitter/@SInow@spidadmitchell, @blakegriffin23