Villanova – Michigan : les 10 raisons de regarder la finale NCAA de cette nuit

Le 02 avr. 2018 à 21:33 par Aymeric Saint-Leger

NCAA
Source image : http://www.caccathletics.org/

Comme chaque année, la March Madness a réservé son lot de surprises, de joies, de déconvenues. Depuis le 13 mars, tous les États-Unis ont observé attentivement tous les événements autour des deux premiers tours, du Sweet Sixteen, du Elite Eight, puis enfin du Final Four, qui a débuté le 31 mars. Des 64 équipes qui ont débuté le tournoi le plus prestigieux de la NCAA, il n’en reste plus que deux. Villanova retrouvera donc Michigan à 3 heures 20 du matin, heure française. 

Ça y est, nous y sommes. Cette nuit, c’est la finale du tournoi NCAA, le Graal de toute école à travers le pays, qu’il s’agisse de Duke, Kentucky ou de facultés plus modestes, à l’image de Loyola-Chicago, qui est arrivée jusqu’au Final Four en 2018. Ces derniers ont été éliminés par Michigan, université glorieuse qui fait partie du Big Ten. Connue notamment pour son Fab Five, qui contenait Chris Webber, Juwan Howard et Jalen Rose, la fac de la région des Grands Lacs aura très fort à faire face à Villanova. En effet, la fac de Philadelphie est en feu cette saison, puisqu’elle a réalisé son meilleur bilan all-time sur une saison, avec 34 victoires pour seulement 4 petites défaites. Les jeunes de Jay Wright se sont défaits de Devonte’ Graham et Kansas assez facilement en demi-finale : 95 à 79.

Michigan avait battu Loyola-Chicago également assez facilement (69 à 57), ce sont donc deux équipes en confiance qui vont se défier pour obtenir le titre suprême. Les joueurs de Pennsylvanie partent favoris, après avoir eu des confrontations contre des équipes bien classées. Moritz Wagner et ses coéquipiers ont eu un calendrier plus facile, puisque l’équipe la mieux rankée qu’ils ont eu à affronter était Houston, sixième de sa Conférence. Alors, Michigan peut prendre une rouste contre le rouleau-compresseur Villanova. L’État de Detroit pourrait également déjouer les pronostics lors d’un match serré. En tout cas, cela promet d’être super excitant. Même si votre connaissance de la NCAA est partielle, être devant son écran à ce moment-là c’est l’apanage de tout fan de balle orange. Pas encore convaincus ? Voici les dix raisons qui vont vous pousser à mater Villanova – Michigan cette nuit :

# La NCAA, c’est toujours fun

On vous voit venir les aficionados qui ne jurent que par la NBA. Vous n’appréciez pas forcément le jeu développé en NCAA, les 30 secondes de possession, les deux mi-temps au lieu de quatre quart-temps… Détendez-vous. Ce sont de jeunes joueurs (entre 18 et 23 ans) en cours de formation. Oui, c’est foufou, ça va parfois dans tous les sens, mais c’est aussi ce qui fait le charme de la Ligue universitaire. Cela offre des scénarios absolument palpitants. Il faut avoir des nerfs solides devant son écran. On ne vous parle même pas des coachs qui doivent s’arracher les cheveux à longueur de temps (ce qui expliquerait un syndrome de calvitie chez de nombreux entraîneurs de fac). De l’excitation, du talent brut, des shoots incroyables, des pertes de balle stupides, il y a à boire et à manger. Le décor est planté.

# Des futurs joueurs NBA à surveiller

Du côté de Villanova, il faudra observer Mikal Bridges. Déjà présent pour le titre NCAA de 2016 alors qu’il était freshman, l’ailier est dans le meilleur cinq de la Conférence Big East cette année. Il pourrait être drafté vers la dixième position cet été. Jalen Brunson était également là en 2016. Le meneur, passé par des équipes jeunes de Team USA, est joueur de l’année de sa Conférence cette saison, juste ça. Prévu en fin de premier tour pour la Draft 2018, sa cote pourrait bien monter en flèche. Si on se penche un peu plus à l’Ouest, on trouve Moritz Wagner. L’Allemand des Wolverines est un pivot de troisième année, très doué de ses mains. International avec les équipes jeunes de la Mannschaft, il est physique du haut de ses 2m11 et tourne à 39,7% du parking cette saison. Cela fait beaucoup de similitudes avec un certain joueur NBA d’outre-Rhin, non ? Bah quoi, c’est pas le futur Chris Kaman ?

# Une ambiance à nulle autre pareille

Cela ne correspond pas à Beaublanc ou à l’Astroballe (les fanas on vous voit), ni aux ambiances de la Chesapeake Arena ou de la Little Caesars Arena. Imaginez plutôt un stade de football américain, en configuration sport d’intérieur. Cela donne l’Alamodome de San Antonio, 36 500 sièges, qui servira de décor à la finale du tournoi NCAA. Un match de basket avec autant de monde, c’est nulle part ailleurs. Surtout, c’est la qualité des spectateurs qui rendent l’ambiance incroyable. Les étudiants de Villanova et Michigan seront là, pour mettre un boxon digne d’une kermesse un peu trop alcoolisée. C’est une fois par an, comparable à l’ambiance d’un Super Bowl. Une finale universitaire, c’est la même ambiance, en mieux. La ferveur est présente partout. C’est la mania, la furia la plus totale, que vous soyez à Seattle, à Miami ou dans le sud du Texas.

# L’occasion de savoir d’où viennent les anciennes ou actuelles gloires NBA

Et oui, on a tous été jeunes un jour, Kobe n’a pas toujours été chauve. 90% des joueurs NBA empruntent la voie universitaire. De quoi voir de nombreuses stars avant l’heure en NCAA. Les Wolverines ont forcément vu passer des noms plus ronflants que les Wildcats, mais des joueurs de chacune de ces deux facs sont allés dans la Grande Ligue. Certains pourraient même se trouver dans les parages ce soir, comme Ryan Arcidiacono, actuellement coupeur de citrons joueur des Bulls. Allez, c’est cadeau, voici à quoi pourrait ressembler un joli cinq majeur all-time de chacun des deux programmes :

Wolverines : Gary Grant – Jalen Rose – Glen Rice – Chris Webber – Rudy Tomjanovich

Wildcats : Kyle Lowry (ou Ryan Arcidiacono) – Randy Foye – Kerry Kittles – Paul Arizin – Howard Porter

# Michigan a toujours eu du mal à gravir la dernière marche, une maladie de la Big Ten Conference

On les connaît, les losers malheureux, qui n’en restent pas moins valeureux (coucou Elgin Baylor). Pour les fans de cyclisme, c’est Raymond Poulidor en mode plus athlétique. Michigan fait un peu partie de cette trempe-là. La faculté de la région des Grands Lacs a participé à six finales NCAA. Bilan ? Un titre, en 1989, et cinq défaites, la dernière en 2013, où les Wolverines s’étaient inclinés 82 à 76 face à Louisville. Manque de sang froid au finish sans doute. La peur de gagner, peut-être. Au sens plus large, une coïncidence statistique est marquante pour les équipes de la Big Ten Conference. Depuis 2000, à chaque fois qu’une équipe de cette Conférence a atteint la finale du tournoi NCAA, elle s’est inclinée. Cela fait quand même cinq fois d’affilée, les Wolverines vont donc essayer de rompre la mauvaise série.

# La dernière fois qu’on a vu Villanova en finale…

C’était en 2016. Les Wildcats sont à 2-0 lors des finales de March Madness. Ils le doivent notamment à un certain Kris Jenkins. Le temps d’un instant, ce quasi inconnu est entré dans la légende. Nova affrontait North Carolina dans une fin de match folle : UNC égalise miraculeusement sur un shoot avé maria de Marcus Paige. 74 partout, 4,7 secondes à jouer. Remise en jeu Villanova. Jenkins fait le remise en jeu vers Arcidiacono, qui lui rend la balle. Kris est ouvert à 8 mètres et… FILOCHE. Explosion nucléaire dans la salle, scénario de dingue. Kris Jenkins avait libéré tout le peuple de Pennsylvanie, en l’espace de quelques secondes. De quoi faire pâlir un fan inconditionnel de North Carolina, un certain MJ (non, pas Michel Jonasz). L’ailier est actuellement dans un Ligue mineure et n’a pas percé. Comme quoi, on peut passer de la postérité aux oubliettes en si peu de temps… C’est aussi ça, la NCAA, des destins exceptionnels.

# La dernière fois que San Antonio a accueilli la finale NCAA…

C’était en 2008, il y a dix ans. Le match qui opposait les facs de Memphis et de Kansas nous avait réservé un scénario comme seule la NCAA peut nous offrir. Les Tigers de John Calipari maîtrisaient leur sujet, avec neuf points d’avance sur les Jayhawks à 2 minutes 12 de la fin de la rencontre. Memphis rate alors de nombreux lancers sous la pression de Kansas qui revient, jusqu’à avoir trois points de retard, balle en main. Mario Chalmers sort alors de sa boîte, et égalise avec 2,1 secondes à l’horloge. Prolongations, momentum inversé, victoire des Jayhawks. Et dire que Rio a fait gagner une autre équipe que le Heat à une époque… Quel joueur. Son coach, Bill Self, avait qualifié le shoot de son meneur de “plus gros jamais mis dans l’histoire de Kansas”. Rien que ça. On attend un scénario similaire ce soir, pour aller nous coucher alors que le jour se lève, ce serait superbe. Non ?

# La rencontre marque une opposition de styles comme on les aime

Les Wildcats sont la première attaque de toute la NCAA, avec 86,8 points par rencontre. Le style de jeu des joueurs de Jay Wright ? Un espèce de Golden State. Ça artille dans tous les sens (48% des tirs sont à trois-points). La fac de Pennsylvanie est dans le débat des meilleures attaques all-time en NCAA, rien que ça. De l’autre côté, John Beilein a mis en place une superbe défense, qui n’encaisse que 62,9 points par match. Ils peuvent défendre la peinture et le périmètre, et gêner n’importe quelle attaque. Celle des Wildcats est un casse-tête, avec des joueurs qui ne dépassent pas les 2m05, mais qui sont archi-polyvalents et rapides. Si l’adresse est là de loin, c’est injouable. Comment déjouer ce type d’équipe ? Avec un Big Man mobile, capable de protéger l’arceau et de sortir. Il doit appuyer dans la raquette adverse, prendre des rebonds, ralentir le tempo. C’est clairement la mission de Moritz Wagner, qui a un rôle important, et devra faire aussi bien, si ce n’est mieux que ses 24 points et 15 rebonds de la Demi-Finale. Il entrerait alors dans la légende, puisque des performances en 20-15 lors du Final Four, il n’y a guère qu’Hakeem Olajuwon et Larry Bird qui l’ont réalisé.

# Il n’y a pas de rencontres NBA cette nuit

Comme le veut la tradition, l’activité de la Grande Ligue s’arrête, tous les regards se tournent vers la finale du tournoi universitaire. Malheureusement pour les inconditionnels de la NBA, les jours comme ceux-ci sont rares, mais existent. Ce n’est arrivé que trois fois cette saison. Mais ne vous en faites pas, la NCAA est là pour combler ce vide. Vous allez l’avoir, votre dose quotidienne de basket. Ce seront juste de plus jeunes hommes, qui ne seront pas moins spectaculaires. Vous pourrez continuer à grignoter à pas d’heures, à boire un café toutes les 90 minutes… Bande d’accros.

# Certains penseront que la star du soir sera un futur All-Star en NBA… 

Ou bien peut-être dans le championnat géorgien. Remarque, il faut du talent (ou être fou) pour essayer d’aller piquer le titre de meilleur joueur des playgrounds de Tbilissi à Zaza Pachulia. Plus sérieusement, le MVP du Final Four, peut devenir une star, si ce n’est un All-Star. Joakim Noah en 2006, avec les Gators de Florida, avait gagné la finale. C’était aussi le cas de Magic Johnson avec Michigan State, et plus récemment, d’Anthony Davis avec Kentucky. Après, des joueurs moins brillants ont aussi gagné ce trophée, comme Corey Brewer, ou même ce bon Kyle Singler, qui la nuit doit rêver de serviettes et de high five, tout comme Ryan Arcidiacono, MVP en 2016. Après avoir obtenu cette distinction, on peut devenir un multiple All-Star en NBA, ou finir dans des ligues bien plus modestes. Le meilleur joueur de cette nuit pourrait bien être un bust comme on en a connus par dizaines, il pourrait se retrouver à Roanne en Pro B… Non c’est trop méchant, la Chorale pourrait remonter d’ici-là, et ne va pas accueillir toute la misère du monde.

Chaude ambiance, lieu célèbre et historique, opposition de styles… Tout y est. Villanova est favori, mais Michigan veut relever le défi. Lorsque les Wolverines étaient la meilleure attaque en 2013, ils avaient perdu face à une grosse défense. Les rôles sont inversés cette année. Ne dit-on pas que la défense fait gagner des titres ? Pour découvrir si l’adage se vérifie, rendez-vous à 3 heures 20 du matin pétantes.

Sources texte : CBS Sports, ESPN