LeBron James est son propre favori pour le MVP : si on pouvait aussi lui mettre de côté les deux suivants…

Le 29 mars 2018 à 11:10 par Benoît Carlier

LeBron James
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La fin de saison approche et chacun tire les ficelles qui sont en sa possession pour tenter d’influencer le jury. Si l’identité du meilleur joueur de la Ligue ne fait aucun doute à Houston, d’autres ne partagent pas cet avis. A commencer par LeBron James, qui s’est suffisamment étonné lui-même pour estimer mériter le trophée de MVP cette saison. L’inverse aurait été surprenant.

Contrairement à l’année dernière, le suspense pour la récompense de MVP ne semble pas palpitant, car de l’avis de beaucoup James Harden a prouvé suffisamment de choses pour le mériter cette saison. Après avoir terminé deux fois deuxième des votes en 2015 et 2017, The Beard ne supporterait pas un nouvel échec et a mis toutes les chances de son côté en délivrant une campagne 2017-18 sans vraiment de comparaison possible. Meilleur marqueur de la Ligue avec 30,7 points par match, il est également le troisième plus gros fournisseur de caviar avec 8,7 offrandes de moyenne auxquelles viennent encore s’ajouter 5,4 rebonds et 1,8 interception, domaine dans lequel il a beaucoup progressé pour peu à peu se décoller cette image de joueur récalcitrant à garder son vis-à-vis plus de deux secondes en défense. Pour ne rien gâcher, il dirige l’équipe au meilleur bilan de toute la NBA, les deux Conférences confondues, avec 81,3% de victoire depuis le début de la saison régulière. Même si Russell Westbrook a ouvert de nouvelles perspectives l’année dernière en remportant le Maurice Podoloff Trophy malgré une sixième place à l’Ouest, une telle récompense est historiquement réservée aux meilleurs joueurs des meilleures équipes de la Ligue.

Tous les autres joueurs partent donc avec un bon pas de retard sur James Harden dont les deux échecs rapprochés pour décrocher la récompense individuelle suprême lui octroient un capital sympathie supplémentaire chez les votants qui l’ont déjà snobé malgré de grosses saisons personnelles. Mais tant que les votes ne sont pas faits, il reste inévitablement de l’espoir pour les autres et notamment pour LeBron James qui a encore franchi un cap cette saison, à 33 berges. Car malgré des résultats mi-figue mi-raisin avec les Cavaliers, personne n’ose imaginer où serait la franchise de l’Ohio sans l’aide de son joueur emblématique à l’approche de ce mois d’avril. Dans la tourmente depuis le début de la saison, Cleveland aurait déjà coulé depuis longtemps sans les larges épaules du King pour la porter jusqu’aux Playoffs. Dans sa quinzième saison NBA, LeBron ne faiblit pas. Pire, il n’a peut-être jamais semblé aussi en maîtrise et juste dans son jeu qu’il ne l’est depuis quelques mois. Le poids des sept Finales consécutives ne semble pas peser sur son physique indestructible et il n’a même pas pris un jour de repos comme il le fait habituellement pour souffler au milieu de la saison. Du côté des chiffres, c’est également impressionnant avec 27,6 points, 9,1 assists et 8,6 rebonds de moyenne à 54,7% d’adresse au tir ce qui semble plus complet que sa ligne statistique lors de l’obtention de ses quatre premières statuettes (2009, 2010, 2012, 2013). Alors quand Tim Reynolds de l’Associated Press lui demande pour qui il donnerait son vote pour élire le MVP de la saison, l’enfant d’Akron ne réfléchit pas très longtemps.

“Je voterais pour moi. Pour le travail abattu, tout ce qui est arrivé à notre équipe cette année avec toutes les blessures et ce genre de choses, les joueurs qui sont arrivés et ceux qui sont partis, et ma manière de garder l’équipe à flot. C’est clair que je voterais pour moi. […] A ce stade de ma carrière, j’essaye simplement de casser le moule habituel de tous ces joueurs qui sont dans leur quinzième saisons. […] J’essaye de faire des choses qui n’ont jamais été faites auparavant. C’est fou parce que je n’étais pas parti pour faire ça. C’est juste naturel. Je travaille juste sur mon corps et mon esprit puis je vois ce qui se passe. […] J’ai évidemment eu des saisons incroyables avant cela mais comme je l’ai dit : cette année j’ai atteint un niveau où je ne peux plus faire mieux, du point de vue d’un basketteur dans sa globalité.”

Présenté comme ça, ne pas récompenser le meilleur joueur du monde lorsqu’il est dans la meilleure forme de sa carrière n’aurait pas trop de logique. Mais l’individu n’est pas le seul à prendre en compte dans le vote du MVP et c’est bien ce qui rend ce dossier si complexe chaque année. La définition de most valuable player est large et peut-être perçue de différentes manières. C’est notamment ici qu’intervient la notion de bilan collectif, où les Cavaliers ne sont que troisièmes à l’Est à 1 match de la cinquième place malgré un effectif qualitatif même si les blessures et les transferts ont fait que Tyronn Lue n’a jamais vraiment pu bénéficier de son groupe au grand complet. Sans renier son impact sur les résultats de l’équipe, LeBron n’a ainsi pas pu empêcher une véritable crise de s’instaurer dans la franchise au point de changer près d’un tiers du roster à la trade deadline à la manière d’un joueur de poker faisant all-in avec une paire de 8 dans les mains. Les torts sont évidemment partagés mais la supériorité de James Harden sur ce plan-là ne souffre d’aucune comparaison. Enfin, les chiffres ne mentent pas, le barbu de Houston domine la Ligue au PER (Player Efficiency Rating), la statistique ultra-avancée de John Hollinger pour tenter de calculer l’efficacité d’un joueur lorsqu’il est sur le parquet. Un classement auquel LeBron James ne figure “que” troisième derrière Anthony Davis.

Les arguments de LeBron James sont totalement recevables et vont sûrement faire douter les votants jusqu’au bout. C’est d’ailleurs pour ça qu’ils ont été avancés par le numéro 23 qui sait exactement comment s’adresser aux journalistes depuis le temps qu’il s’exerce. Mais cette vision n’est centrée que sur lui et oublie les exploits qui sont en train d’être réalisés par James Harden et les Rockets. Car en termes de saison aboutie, celle de l’ancien sixième homme du Thunder figure très haut.

Source texte : Associated Press