C’était il y a un an : Russell Westbrook réalisait le triple-double le plus fat all-time

Le 29 mars 2018 à 13:19 par Aymeric Saint-Leger

Russell Westbrook all-star game
Source image : NBA League Pass

Le 29 mars 2017, dans l’Amway Center d’Orlando, le temps s’est arrêté pendant quelques instants. Le public floridien a pu assister à une des plus grandes performances individuelles de tous les temps. Russell Westbrook avait signé un triple-double, oui, mais avec 57 points, soit le plus gros total jamais réalisé sur un TD jusqu’alors. Les chiffres sont incroyables, le scénario également. Retour vers le passé.

On vous voit venir les fans de Houston et d’El Barbudo : “Harden a fait, mieux, il a mis 60 points en faisant un triple-double“. C’est vrai, c’est arrivé, le 30 janvier dernier. Cependant, nous sommes ici pour rendre hommage à une performance tout aussi incroyable, qui s’était déroulée dix mois plus tôt. À la fin du mois de mars 2017, Russell Westbrook est alors en chasse d’un triple-double lors de chaque rencontre, dans deux buts bien précis : tout d’abord, finir la saison avec trois catégories statistiques au-dessus de 10 unités, ce qui n’a été réalisé que par Oscar Robertson auparavant. Puis battre le record du nombre de TD sur une saison, détenu par Big O avec 41 unités (soit un match sur deux en triple-double). Lorsqu’il arrive à Orlando ce soir-là, Beastbrook en compte déjà 37, alors qu’il lui reste 9 matchs à disputer en saison régulière. Avant d’aller jouer le Magic, il avait déjà enchaîné trois TD, contre Philadelphie, Houston et Dallas. Après cette rencontre à l’Amway Center, il en fera trois autres consécutivement. Mais le milieu de cette série de sept matchs d’affilée en triple-double est bien le point d’orgue de cette dernière, si ce n’est de la saison de RussWest. Pourtant, le scénario du match ne semblait pas tourner en faveur d’Oklahoma City. La première mi-temps s’achève sur le score de 49 à 44 en faveur d’Evan Fournier et ses potes. Un faible total de points pour les deux équipes. Le Brodie est déjà plutôt chaud, puisqu’il a planté 21 points, 4 rebonds et 4 passes dans le premier acte, bien aidé par Victor Oladipo, lieutenant à l’époque. Le Thunder ne démarre pas le troisième quart-temps sous les meilleures hospices, puisque les hommes de Billy Donovan accuseront jusqu’à 21 points de retard sur un Magic assez convainquant, derrière les 24 points de Vavane et les 23 unités de Terrence Ross. Cependant, comme à son habitude lors de l’exercice 2016-17, RW sonne la charge. Thunder up ! La bombe explosive qui sert de meneur à OKC rentre alors en beast mode à l’aube du quatrième quart-temps, pour essayer de réaliser une remontée exceptionnelle, et battre le plus gros come-back de l’histoire de sa franchise. Un, deux, trois, mixtape. Plus personne ne bouge. Russell Westbrook aligne 19 points dans le dernier quart en 7 minutes et 45 secondes, alors que les troupes de l’Oklahoma sont encore derrière au niveau du score. Mais là, qui sort de sa boîte… Et oui, encore lui. 102 à 99, il reste un lancer-franc à tirer pour Nikola Vucevic. Raté, le Marsupilami prend le rebond, part à toute allure sur le côté droit du terrain, il est trapé par T-Ross et Elfrid Payton, mais n’en a cure. Il s’élève à 9 mètres et demi du cercle, à 45 degrés. Ficelle, bisou sur le front, prolongations.

Avec une telle fin de regulation, le momentum est clairement pour OKC, qui va aller s’imposer 114-106 après les cinq minutes supplémentaires. La Tortue Ninja a continué à se démener en overtime, avec 7 points, 4 rebonds et 2 assists. Sans la prolongation, il aurait donc tourné à 50 points, 9 rebonds et 9 caviars, ratant ainsi un triple-double historique d’un souffle. Mais son shoot archi-clutch lui a permis d’offrir trois-cent secondes de bonheur supplémentaires à tous les badauds, et d’aller chercher une perf all-time. Ligne de stats à la fin du match ? 57-13-11. Un TD avec 57 points, c’était alors du jamais vu dans l’histoire de la NBA, puisque le record de points plantés lors d’un triple-double était co-détenu par James Harden et Wilt Chamberlain avec 53 unités. Le 29 mars 2017 était une soirée incroyable. 38ème soirée en triple-double pour Beastbrook, qui se rapproche un peu plus du record de Big O. Et une pluie de records, réalisés lors de ce match qui le mènera vers son titre de MVP. Il finit le match à un petit point de son record en carrière, réalisé début mars 2017 contre les Blazers. Cependant, avec 57 points, il marque ce soir-là la moitié du total de son équipe (114). Cette rencontre dans la ville de Mickey marque son meilleur total de tirs réussis lors d’une confrontation, avec 21. Il finit d’ailleurs avec un ratio au-dessus des 50%, puisqu’il a shooté 40 fois dans le match (son record étant à 44). À trois points, le Brodie a légèrement arrosé, il en plante six de derrière l’arc, sur quinze tentés. Ce nombre d’essais du parking est aussi son record en carrière. Il a joué “seulement” 42 minutes sur les 53 possibles. Petit bémol, il perd sept ballons. En revanche, tous ces turnovers ont été provoqués dans le premier quart-temps. Il n’a pas fait une seule perte de balle par la suite. Auteur de trois steals et d’un très propre 9 sur 11 de la ligne de réparation, RussWest est allé chercher plusieurs and-ones importants, ainsi qu’un rebond offensif suivi d’un lay-up en tout début de prolongation. L’abnégation, le clutch, les statistiques, la tension, la victoire, il y avait tout dans ce match du 29 mars 2017 entre Orlando et Oklahoma City. Et si le Marsupilami a sauté partout, toute la rencontre, comme à son habitude, il y en a bien un qui a pris mixtape. Le match éblouissant de Westbrook a donné le tournis à Elfrid Payton, qui a vu tout flou pendant quelques heures. Et non, ce n’est pas à cause de sa coupe de cheveux. À la fin de ce thriller excitant, c’est bien OKC qui ressortait vainqueur, et Westbrook qui repartait de Floride avec une perf all-time sous le bras. Lors de cette soirée, la Tortue Ninja avait muté en Maître Splinter, avec calme et sang froid pour battre ses adversaires. Et même si James Harden, avec ses 60-10-11, a encore amélioré de manière incroyable ce record en passant la barre des six dizaines, on n’oubliera pas ce qu’avait réalisé la bombe montée sur ressort il y a un an tout pile, et on ne manquera pas d’évoquer ni sa performance ni le scénario délicieux qu’ il nous a proposé.

On connait ensuite la fin de saison de Russell Westbrook : 42 triple-doubles sur l’année, une moyenne au-dessus de 10 au niveau des passes, rebonds et points, il rejoint donc Oscar Robertson dans la légende, et pourrait bientôt le dépasser. Battu en Playoffs par James Harden et les Rockets, ce dernier battra également son record de 57-13-11 le 30 janvier 2018. Qu’importe, ce 29 mars 2017, à Orlando, c’était bien le Brodie qui était magique, et qui faisait son entrée définitive dans la cour des très grands de l’histoire de ce sport.

Source texte : ESPN