Les Raptors font chuter Houston et leur série : un match phénoménal, comme on pouvait l’espérer

Le 10 mars 2018 à 06:06 par Bastien Fontanieu

Raptors
Source image : NBA TV

On voulait un grand match, un grand rendez-vous, digne des leaders de chaque conférence. Ce vendredi soir à Toronto, c’est peu dire si on n’a pas été déçus : Raptors et Rockets ont offert une pure rencontre, et ce sont les Canadiens qui sont repartis avec le dernier mot. Et la manière.

C’est qu’ils en ont, du caractère, chez Céline Dion. Depuis le début de saison, nombreux ont été les moments durant lesquels on s’est dit qu’il y avait quelque chose de neuf, de séduisant, sans forcément oser se jeter à bras ouverts dans la vague du maintenant. Il fallait des victoires marquantes, certaines faisant le job, mais aucune ne matchant la taille d’un adversaire comme celui venant du Texas. Faire tomber les Rockets, actuellement ? Une mission quasi-suicidaire, tant James Harden et sa bande ont été intraitables depuis fin-janvier. Dix-sept victoires de suite se rendaient à Toronto pour ce duel de patrons, et ce sont les hôtes qui donnaient le ton d’entrée en giflant les visiteurs. Entre grosse défense et attaque agressive, l’armée de Kyle Lowry démarrait très fort sa soirée et envoyait un message immédiat au camp d’en face : allô Houston, va falloir un sacré effort pour quitter la salle avec la gagne. Un effort qui ne faisait pas peur au barbu, monstrueux d’efficacité et d’insolence en isolation comme sur pick and roll, la si bonne défense des Raptors passant pour un putain de parc d’attraction pour celui à qui le titre de MVP reviendra très certainement dans quelques mois. Entre la détermination de Harden, les apports de Trevor Ariza et Eric Gordon, ce qui semblait être une avance rassurante côté Toronto était en fait une poignée de poussières. On prend les mêmes et on recommence ? Quasiment. Car recollant à quelques unités des Canadiens, les Rockets butaient sur un banc adverse qui refusait d’abdiquer sans dire un mot. Aux pénétrations texanes étaient envoyées les initiatives culottées de Van Vleet, Siakam et Poeltl, en espérant que la baraque tienne jusqu’au buzzer final. Autant dire que le money-time se passait avec un scaphandre dans les gradins du Air Canada Centre tant l’air était irrespirable.

Et lorsqu’il fût temps de payer l’addition ? Celui qui jusqu’ici était discret se réveilla au meilleur moment. DeMar DeRozan, assez maladroit et surtout aidé par un Lowry monumental, enfin au poste. Une grosse défense sur Harden pour forcer le barbu à louper son offensive. Un gros shoot à mi-distance qui va bien avec pour donner un peu d’air aux fans venus se régaler sur place. Et un corps envoyé dans la mine pour tenter de sécuriser un rebond, DMDR suivait ses coéquipiers et montrait cette fois l’exemple dans un autre registre que celui du bucket. Le tir assassin de Chris Paul dans le corner, que tout le monde voyait rentrer en s’arrachant les cheveux ? Contesté par des Raptors aux griffes acérées, le rebond boxé comme si leur vie en dépendait. Toronto et Houston, deux équipes offensivement deadly et forcées à devoir s’en sortir avec… leur défense ce soir. A ce petit jeu-là, ce sont bien les hôtes qui en avaient davantage dans le moteur, dans le ventre, dans les tripes. Après quelques lancers rentrés sans trembler par les cadres canadiens, c’est une ultime tentative de Harden qui était défendue à merveille par les hommes de Dwane Casey. Buzzer, ball game. La série des Rockets est terminée, merci d’être passé. Pendant que Drake exulte sur son banc de touche, CP3 se demande encore comment a-t-il pu chier sa fin de match. Et nous, surtout, on en vient à se demander si ce n’était pas une des plus chouettes rencontres de la saison régulière, dans son intensité, son script, son contexte et son rendez-vous des stars. Il y avait du beau jeu, mais il y avait surtout une pure odeur de Playoffs dans cette affiche de début de weekend. Retrouvailles en Finales NBA ? Compliqué les copains, mais qui sait. Après tout, peu nombreux sont ceux qui avaient dit que ce match de mars serait un duel entre deux leaders de conférence…

L’invincibilité de Houston n’est plus, celle de Toronto est prolongée. S’il fallait peut-être choisir un match signature pour les Raptors, ce serait celui-ci. Car taper l’équipe avec le meilleur bilan de toute la Ligue, sans un DeRozan au sommet, avec un groupe soudé et une défense mortelle : difficile de continuer à douter des Canadiens après ça.

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