Le jour où Mark Eaton écouta Wilt Chamberlain et transforma sa carrière en parcours all-time

Le 24 janv. 2018 à 23:20 par Hugo Morvan

mark eaton
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Rarement cité dans les conversations de meilleurs défenseurs all-time, Mark Eaton est pourtant un des meilleurs protecteurs d’arceau que la NBA ait connue. Si ce n’est le meilleur, vu sa saison 1984-85 et ses moyennes globales. 

Son nom ne vous dit peut-être rien, vous les djeunz, mais Mark Eaton détient bien un record que tous les intérieurs intimidants rêvent de venir titiller, celui du plus grand nombre de contres dans une seule saison. Ce géant au look de Frankenstein détient également la plus grande moyenne totale de contres par match, avec 3,5 tirs renvoyés dans les tribunes par match, et pourtant, au vue du peu de pré-dispositions qu’il possédait, il était compliqué de deviner qu’Eaton réussirait quelque chose d’immense dans la Grande Ligue. Pivot tombé dans la marmite quand il était petit car mesurant 2m24, ses débuts à UCLA ne furent pas simples. Très limité offensivement, et se faisant prendre de vitesse par des adversaires plus petits, Eaton ne joua que 42 minutes lors de son année senior avec les Bruins. Clairement pas le genre de démarrage qui annonce une carrière brillante, avec des trophées brillant dans l’armoire. Cependant, une rencontre va être à l’origine d’un énorme déclic pour le mammouth. Traînant régulièrement près de la fac californienne après sa retraite, un certain Wilt Chamberlain remarqua Eaton, et donna alors un conseil de vétéran au jeune intérieur, qui décida alors de changer sa carrière. Au lieu d’essayer de rivaliser avec des joueurs plus vifs que lui et de se tanner à planter des dizaines de points pour se faire connaître, Wilt conseilla à Mark de se concentrer uniquement sur le fait de prendre des rebonds, donner la balle à ses extérieurs, et surtout, de contester les tirs. Parfois, c’est pas très compliqué le basket. Pourquoi rester collé au scoring quand on peut avoir un impact indescriptible sur chaque victoire ? Le pivot admettra plus tard que ce conseil fut un tournant décisif dans sa carrière, puisque le zombie de plus de 3 mètres avec les bras levés devint un barrage humain à lui seul chez les pros.

Dès sa saison rookie, en étant drafté par le Jazz en 1982, Eaton apporta de la matière dans la raquette du Jazz, avec 3,4 contres par matchs. La saison suivante, il améliora sa moyenne en passant à 4,3 tirs contrés en moyenne sur l’ensemble de la saison, établissant un nouveau record de franchise. Et devinez quoi ? Beh oui, il s’est encore amélioré lors de l’exercice suivant, en réalisant la meilleure saison de l’histoire de la NBA en terme de contres, pardonnez du peu. 456 “non-non” sur l’ensemble de la campagne 1985, de quoi établir une moyenne effarante de  5,56 contres par match, un record toujours d’actualité. Ajoutez à cela 11,3 rebonds par match, une équipe du Jazz qui commençait à se faire gentiment respecter, et vous obtenez le titre de Défenseur de l’Année pour le grand qui cherchait encore son identité sportive quelques années auparavant. Merci Wilt, du fond du coeur. Eaton continuera de mener la Ligue au contre en 1987, 1988 et 1989. C’est d’ailleurs lors de cette dernière saison qu’Eaton sera élu Défenseur de l’Année pour la seconde fois de sa carrière, puisqu’il ajoutera plus de 10 rebonds par matchs à ses 3,43 contres de moyenne. Et parce que l’histoire ne pouvait être que parfaite ? Il sera également nommé All-Star pour la première et unique fois de sa carrière, ce qui lui donnera l’occasion de rejoindre Karl Malone et John Stockton, alors ses coéquipiers, dans l’équipe de l’Ouest. Lointaine semblait l’époque d’UCLA durant laquelle Mark regardait les fourmis courir autour de lui sans savoir quoi faire. De quoi remercier Chamberlain ? Bien évidemment. Car s’il s’était entêté dans ses désirs de grandeur, Eaton aurait peut-être terminé dans les oubliettes de la NBA.

Pas connu de tous, Mark Eaton était pourtant un modèle d’abnégation. Loin d’être destiné à une grande carrière, il a su mettre son ego et ses envies de côté pour écouter les conseils d’une légende, afin d’orienter son jeu vers ce à quoi il était bon, au détriment des autres statistiques. Comme quoi, on peut être un grand monsieur all-time sans marquer des wagons de points. Chapeau l’artiste. 


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