Celtics 2008 – Une épopée inoubliable : Tom Thibodeau, l’architecte de la défense de Boston

Le 07 janv. 2018 à 18:59 par David Carroz

Source image : ESPN via Youtube

2007-08. Il y a dix ans, les Celtics remportaient leur dernier titre, le 17ème de la franchise. Un titre magnifique pour plein de raisons différentes : la façon dont il s’est mis en place, les légendes qui y ont participé, le staff vert ou encore ce groupe celte qui a fait montre d’un collectif et d’une rage de vaincre hors du commun. Le résultat, nous le connaissons tous : 66 victoires et une bague au bout d’une campagne de Playoffs mythique. Une épopée inoubliable…

Si pour gagner des titres il faut du talent sur le parquet, les hommes composant le coaching staff ont aussi un rôle majeur à jouer. Et quand on dispose d’un assistant qui s’occupe de l’aspect défensif comme Tom Thibodeau sait le faire, des bases solides sont posées pour construire une muraille difficile à faire tomber.

L’attaque fait lever les foules, mais la défense fait gagner les titres.”  Avant même d’aller faire un tour du côté de Windy City, Tom Thibodeau avait bien imprimé ces paroles de Michael Jordan. A se demander même s’il n’a pas ces mots tatoués. Car de tout son être, on sent que la défense habite l’ancien assistant de Doc Rivers. Une spécialité qu’il a rapidement embrassé et poussé jusqu’à l’obsession. Les Celtics le savaient en le débauchant à l’été 2007 : celui qui a longtemps été l’adjoint de Jeff Van Gundy est avant tout un monstre de travail qui aime voir ses ouailles bétonner l’accès au cercle. Déjà sur le banc des Knicks avec JVG, il a permis à la franchise de Big Apple d’établir un record de 33 rencontres consécutives en encaissant moins de 100 pions. Et on ne parle pas de l’époque où Charles Oakley, Patrick Ewing ou autre John Starks cognaient les adversaires de New York, mais de la saison 2000-01 où Marcus Camby servait de point d’ancrage et Latrell Sprewell de pitbull. En débarquant dans le Massachusetts pour épauler Doc Rivers, Thibs va pouvoir s’appuyer sur un autre homme tout autant passionné par cet aspect du jeu et qui lui servira de relais sur le parquet. Un autre mec qui comme lui arrive à Beantown cet été-là, l’expérimenté Kevin Garnett. Un KG qui sera primordial dans l’application des systèmes défensifs de Tom Thibodeau, par sa capacité à lire le jeu, couvrir du terrain, switcher sur les écrans. Et commander le navire des Celtics en hurlant comme son assistant coach.

Avec les principes de celui qui sera élu Coach of The Year en 2011, les Celtics vont poser les barbelés soir après soir. Les adversaires des C’s vont souffrir pour scorer toute la saison et Boston ne concédera 100 points ou plus qu’à 16 reprises avant les Playoffs, dont 11 en déplacement. Ce n’est plus un simple mur mais bien un fort entier qui a été construit autour du panier de la maison verte, ce qui mènera la franchise à posséder la seconde meilleure défense de la Ligue en terme de points encaissés, la numéro un dans l’efficacité défensive. Et quand on creuse un peu, on comprend mieux que les Celtics squattent les sommets. En poussant les équipes adverses à shooter à 41,9% (première position) dont 31,6% du parking (première position) tout en provoquant 16 pertes de balles (troisième position), tous les ingrédients sont là pour fournir une bouillie indigeste à ceux qui veulent se frotter aux hommes en vert. Et tout cela a été possible en appliquant les schémas de Thibs qui reposent principalement sur deux principes : charger le terrain du côté du porteur de balle et geler le pick and roll. Deux techniques dont le but est d’isoler le mec ayant la gonfle en limitant ses options.

Le premier concept consistait à profiter à fond des possibilités offertes par l’autorisation de la défense de zone. Puisque les joueurs n’étaient plus obligés de coller leur adversaire en défense, on va envoyer du monde sur-peupler le quart de terrain où les stars ont l’habitude de jouer le un contre un, fermer de la même façon les lignes de passe et bloquer les pénétrations. Pour cela, trois ou quatre joueurs sont concernés, alors que celui – ou ceux – restant doivent jouer la zone sur le côté faible. Si une telle technique était interdite quelques années plus tôt ou si elle est devenue obsolète aujourd’hui face aux équipes les plus intelligentes et collectives capables de faire tourner rapidement la balle, ce coup de génie a grandement contribué à l’excellente défense des Celtics en 2008. Comme lors des Finales NBA où Kobe Bryant n’a pas pu disposer de l’espace habituel pour faire sa vie.

La seconde idée était donc encore une fois d’isoler le mec avec la balle dans les mains, mais dans un type d’action spécifique. Lors des pick and roll sur les côtés, le défenseur qui suit le dribbleur doit faire en sorte d’anticiper suffisamment l’écran pour pousser son joueur à s’éloigner justement de l’écran, en le poussant au maximum vers la ligne de fond où il va se retrouver pris à deux. Dans cette position, plus le mec continue de dribbler, plus ses opportunités de passe se réduisent jusqu’à être complètement pris dans le corner. Combien de fois a-t-on vu Rajon Rondo embarquer le meneur adverse dans les bras de Kevin Garnett ou Kendrick Perkins, les intérieurs étant prêts à cueillir le joueur ainsi pris au piège ?

Si tout cela parait simple et facile à contrer aujourd’hui, les bases de la défense made in Thibs étaient révolutionnaires lors de cette saison 2007-08 et elles ont donné un atout supplémentaire aux Celtics. Avec des joueurs déjà doués de ce côté du parquet, une telle stratégie a vite porté ses fruits afin de faire de Boston une machine de guerre capable de détruire les offensives adverses. C’est pour cela que lorsqu’on évoque les artisans du dix-septième titre de la franchise mythique, derrière les têtes d’affiche Paul Pierce, Ray Allen et Kevin Garnett, le nom de Tom Thibodeau figure en bonne position..

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