LeBron James et les Rockets – partie 2 : pourquoi le King ne signera jamais à Houston ?

Le 13 déc. 2017 à 09:18 par Bastien Fontanieu

LeBron James
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C’est la petite question qui traverse les coulisses de la NBA en ce moment, avec des Rockets qui cartonnent et un LeBron James agent-libre cet été. Et si, après tout, le King rejoignait la franchise de Houston en juillet ? Après la partie 1 en faveur d’un déménagement, voici la suite. Deuxième partie, les raisons qui empêcheront LeBron de bouger.

Les Lakers, les Knicks, les Bulls, les Nets, les Clippers, Châteauroux, Moscou, Pékin et tant d’autres, quasiment toute la planète basket sera penchée sur le dossier LBJ23 à partir du 1er juillet 2018. Mais dans cette piscine de prétendants, certains se détachent du lot et mettent surtout en place un plan des plus machiavéliques en place, afin de séduire LeBron au maximum. Et dans le dos de la populace ? Houston s’installe doucement mais sûrement en haut de la liste. Voici 5 raisons qui pourraient pousser le King à considérer une réunion avec Chris Paul et James Harden dans le Texas.

#1 – Pourquoi aller à l’Ouest, quand tout est open-bar à l’Est ?

Les Celtics ont beau s’améliorer, les Wizards ont beau parler, les Bucks ont beau grandir et les Raptors ont beau continuer, ce n’est pas demain que LeBron va se faire barrer la route en Playoffs. Depuis quasiment une décennie, le programme reste le même pour toutes les équipes présentes dans la Conférence Est : beau début de saison, reality check en hiver, élimination au printemps. James domine son Top 15 d’une main de fer, et c’est en restant dans cette conférence qu’il obtiendra la plus grande assurance concernant une participation annuelle aux Finales NBA. Déménager à l’Ouest ? Ce serait certes bien plus attirant compte-tenu des adversaires à se coltiner tous les soirs (3 à 4 fois Durant, Kawhi, PG, Butler), mais ce serait aussi tendre la joue pour se faire gifler potentiellement par les Warriors. Et c’est sans parler des Spurs ou du Thunder, qui sont un cran “en-dessous” mais apporteront leurs bâtons à caler dans les roues de BronBron. Non, très clairement, cela n’a stratégiquement pas de sens de se compliquer la vie, pour ensuite regarder les finales à la téloche. L’Est, ce sont de grands boulevards vers le mois de juin, pas sûr que LBJ puisse en dire autant sur la jungle de la West Coast. Et vu que les titres sont au centre de ses envies, compliqué tout ça.

#2 – Money, money, money, money…

Si les Rockets n’ont aujourd’hui que 78 millions de dollars d’actés sur la saison prochaine, il faut prendre en compte que de sacrés clients vont venir toquer à la porte de Daryl Morey. On le sait, le General Manager de Houston est capable de réaliser de grands exploits en gymnastique financière, mais pourra-t-il vraiment satisfaire tout le monde cet été ? Chris Paul, Trevor Ariza, Luc Mbah a Moute et Clint Capela, voici quatre clients qui ne vont certainement pas demander deux clopes et un Toblerone pour se défoncer chaque soir en NBA. CP3 peut faire un geste, Ariza aussi, LMAM également, mais quid de Capela dont la cote sera énorme sur le marché ? D’entrée, Morey a dit qu’il s’alignerait sur n’importe quelle offre, Clint étant un agent-libre restreint. Mais si le pivot bouffe une bonne marge, il va falloir clairement penser à se séparer de certains pour intégrer un paquebot comme LeBron. Ce n’est pas demain que James va accepter de prendre un salaire de merde, les efforts il en a déjà réalisés à Miami et il a des projets à gentiment nourrir en dehors des terrains. Du coup, s’il n’est pas impossible d’intégrer LBJ à la masse salariale des Rockets, il faut déjà se mettre en tête que le taf d’emboîtement sera un véritable calvaire. Et Morey souhaite-t-il passer par là, va savoir.

#3 – Quel rôle dans le système D’Antoni ?

Attention, qu’on soit d’accord, aucune inquiétude sur la capacité d’intégration de LeBron à n’importe quel système, et aucun doute sur le fait que la méthode D’Antoni marche avec un paquet de joueurs. Mais dans le cas présent et dans la façon dont l’effectif des Rockets est construit, tout est organisé de manière à offrir une liberté totale d’action à Chris Paul et James Harden. C’est notamment dans ce sens, et de manière très intelligente, que le management texan a recruté une armée de tueurs à distance. Des snipers casés dans chaque corner, pour espacer le terrain et permettre aux deux All-Stars de pouvoir tout faire balle en main. Intégrer LeBron dans un tel plan ? Compliqué, dans le sens où le spacing en prendra forcément un coup. Non pas que les trois mammouths soient incapables de s’adapter, mais dans le cas où tu récupères la plus grande force de pénétration de sa génération, que faire de James Harden qui excelle avec le cuir entre ses mains ? Transformer le barbu en jump-shooter ? Il en est hors de question. C’est dans cette simple approche de la philosophie D’Antoni que des dents peuvent grincer, à moins que la révolution soit totale et que LeBron joue… pivot. Disons qu’à ce moment-là, on change tous de sport.

#4 – Depuis quand LeBron est un lieutenant ?

Difficile de croire que, dans sa quête de bagues et sa mission éternelle de “chasser le fantôme de Chicago“, LeBron acceptera un strapontin où que ce soit. Et d’ailleurs, par simple logique sportive, l’arrivée de James dans n’importe quelle équipe fait de lui le mâle alpha. Sauf que chez les Rockets, l’homme détenteur de ce titre n’est autre qu’Harden, lui qui a touché les étoiles en tombant sur le bon coach avec le bon système fait pour lui. En étant présent depuis si longtemps et en ayant installé les bases d’un paquebot merveilleux, le barbu lâchera difficilement son spot numéro 1. On parle quand même d’un garçon qui souhaite lui aussi finir chez les plus grands à son poste dans l’histoire, et cela passe par des récompenses individuelles comme collectives. Il n’y a donc pas 36 000 voies, soit LeBron débarque et accepte un rôle secondaire mais qui serait quelque part contre sa propre nature en tant que joueur, soit Harden s’ouvre et accepte un rôle secondaire mais qui n’a pas de sens avec tout ce qui a été construit jusqu’ici à Houston. Typiquement le genre de schéma où la ville est trop petite pour deux shérifs.

#5 – Les Rockets ne vont pas détruire leur construction actuelle

Depuis des années, Daryl Morey tente de trouver la recette parfaite. Il souhaite non seulement remporter des titres, mais révolutionner le basket et la vision qu’on s’en fait en alignant les bagues. Le joueur phare ? Il l’a trouvé en James Harden. Le coach et le système idéal ? Il l’a trouvé en Mike D’Antoni. Une fois ces deux étapes validées, le GM des Rockets a voulu tout faire pour enfin offrir une star à son barbu gaucher, et c’est Chris Paul qui a accepté de s’intégrer au plan machiavélique de Morey. Une fois ces cases cochées, des cols bleu ont accepté de faire le sale boulot en réduisant leur salaire, ce qui n’est pas une tâche facile. Avec un Clint Capela qu’il faudra payer grassement et un Trevor Ariza dont l’importance n’est plus à prouver, les décisionnaires texans seront-ils capables de renverser tant de mois de réflexion et de construction pour un coup d’accélérateur certes surpuissant mais momentané ? LeBron serait là pour quelques années, Morey veut être là pour quelques décennies. Intégrer James demanderait alors de bazarder une bonne partie du boulot abattu jusque là, ce qui n’est pas facile à accepter. Surtout que ce n’est peut-être pas la plus pertinente des décisions à prendre…

Du coup, on vous pose la question. Vous, dans quel camp vous situez-vous ? Ceux qui affirment que LeBron n’ira jamais à Houston, ou ceux qui laissent encore quelques chances germer, histoire de voir si les graines vont pousser jusqu’en juillet ? Il va falloir doucement mais sûrement choisir son rang.