Quand Jermaine O’Neal s’invitait dans la cour des grands pour le trophée de MVP en 2003-04

Le 13 oct. 2017 à 18:14 par Pierre Morin

Jermaine O'Neal
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Ses nombreuses sélections au All-Star Game, son titre de MIP, sa participation à l’épisode “Malice at The Palace”… Il y a bon nombre de choses dans la carrière de Jermaine O’Neal qui lui ont permis de passer à la postérité. Mais ce qu’on peut oublier parfois, c’est que l’intérieur n’a pas été très loin de remporter un titre de MVP il y a bientôt quinze ans. Et puisque Jermaine fête son anniversaire le 13 octobre, c’est l’occasion de revenir sur sa folle saison 2003-04. 

Comme quoi, on peut porter un prénom de grand-mère et s’imposer parmi les meilleurs intérieurs NBA des années 2000. Merci à O’Neal de nous avoir prouvé cela. Avant de s’attaquer à cette fameuse saison, remettons nous dans le contexte. Jermaine O’Neal est pris en 17ème position de la prestigieuse Draft 1996, sans être passé par la fac s’il-vous-plaît. Après quatre premières saisons d’apprentissage à Portland, le natif de Caroline du Sud prend son envol et pose ses valises dans l’Indiana. Le trade soulève pas mal d’interrogations à l’époque, puisque les Pacers viennent d’atteindre les Finales NBA et lâchent leur All-Star Dale Davis pour récupérer un joueur encore assez inexpérimenté, qui n’alignait que 3,9 points de moyenne la saison passée. Les Pacers sont alors en pleine reconstruction : Larry Bird laisse son siège de coach à Isiah Thomas, Mark Jackson, Rick Smits et Chris Mullin sont partis tandis que seul reste Reggie Miller, approchant de sa fin de carrière. Dans cette effectif remanié, Thomas va faire de O’Neal l’un des joueurs clefs du roster en le plaçant directement titulaire au poste 5. Et ce qu’on peut dire, c’est que cela va porter ses fruits. Il aligne 12,9 points et 9,8 rebonds de moyenne, bat le record de blocks de la franchise sur une saison – 228 – et permet à la franchise de rester en Playoffs, le tout dès sa première pige sous le maillot d’Indianapolis ! La saison suivante, il continue d’enchaîner les doubles-doubles d’une manière effarante, devenant par la même le leader en points – 19 points – et en rebonds – 10,5 prises – des Pacers. Sa régularité et son impact sur le jeu lui permettent logiquement d’honorer sa première sélection au All-Star Game et de remporter le titre de MIP 2002. Et on est encore qu’au début de l’explosion du joueur, comme il l’a lui même annoncé au moment de la remise de son prix.

“Je suis en phase avec mes capacités pour l’instant, mais je peux faire mieux. Je veux arriver au stade où je peux détruire la ligue entière.”

Et il va joindre les gestes à la parole deux saisons plus tard. Les Pacers possèdent alors une base solide, avec un cinq de départ qui n’était pas piqué des hannetons. Brad Miller, Al Harrington, Ron Artest, Jamaal Tinsley avec Jermaine O’Neal en pivot. Autant dire que ça ne marquait pas souvent contre les Pacers à l’époque. Après avoir  perdu au premier tour des Playoffs pour la troisième année consécutive, Isiah Thomas est remplacé par Rick Carlisle et Brad Miller part pour Sacramento, laissant supposer que les Pacers vont entamer une nouvelle reconstruction. C’est mal connaître le Jermaine, qui va sortir la saison la plus aboutie de sa carrière sans aucun doute. Défense relou et du 20-10 au menu de chaque match, je vous prie. Avec à ses côtés un Ron Artest parti pour remporter le titre de Défenseur de l’année, les Pacers finissent la saison avec le meilleur bilan de la ligue, 61 wins. Rendez-vous compte, on les voyait difficilement accrocher les Playoffs en début de saison et les mecs arrivent à finir la saison avec le meilleur bilan de la NBA, devant les Wolves d’un Garnett au sommet qui plus est. Et tout ça est principalement dû à Jermaine qui a su se présenter en véritable leader pour son équipe, montrant l’exemple soir après soir par sa motivation et sa régularité.

C’est donc en toute logique qu’il revient régulièrement dans les discussions pour le titre de MVP. À l’époque, la ligue est dominée par les ailiers forts : Duncan sort de deux titres de MVP consécutifs et l’apparition de phénomènes comme Garnett font que ce poste prend une nouvelle dimension. Malgré l’incroyable bilan d’Indiana, Jermaine ne fait pas le poids statistiquement parlant face aux monstres qu’étaient Duncan et Garnett à l’époque. Il ne finit donc que troisième du vote final derrière ses deux rivaux, alors qu’il sort tout de même du lourd : 20,1 points et 10 rebonds accompagné de 2,6 blocks. Difficile de lutter face à la saison énormissime de Garnett à base de 24,2 points, 13,9 rebonds et 2,2 contres. C’est d’ailleurs la dernière fois que le top 3 du classement n’est constitué que d’intérieurs.  C’est dire comment la Ligue a changé en à peine quinze ans, vu comment ailiers et extérieurs dominent la ligue à présent. Par sa détermination et son abnégation chaque soir, Jermaine est peut-être l’incarnation même de la régularité avec Duncan pendant son époque. Inlassablement, match après match, l’intérieur allait scorer et gratter du rebond. Ce qu’il faut surtout retenir de Jermaine, c’est sa capacité à passer de joueur anonyme, peu productif en terme statistiques, à celui de “franchise player”. On met ce mot entre guillemets car ce qu’il lui manque, c’est une vraie campagne de Playoffs. Pourtant, ce n’est pas comme si Jermaine ne s’était pas démené en post-season cette année là, en atteste son Game 4 somptueux face au Heat en demi-finale de conférence où il aligne 37 points avec une nouvelle fois 10 rebonds. Que ce soit en saison régulière ou en post-season, O’Neal était abonné au double-double. La suite de sa carrière aurait pu lui offrir davantage d’opportunités pour mener les Pacers jusqu’en finales de Conf” et réussir à remporter la récompense individuelle ultime, mais les pépins physiques, notamment aux genoux, l’empêcheront de mener à bien ces missions, le plaçant dans la longue liste de ceux qui ont vu leur potentielle incroyable carrière amputée par les blessures.

Incroyable de se dire qu’un joueur avec un tel début de carrière pouvait avoir autant d’impact sur une franchise. Être le mâle alpha de cette équipe des Pacers partie pour subir la domination des Nets et Pistons de l’époque à l’Est, c’est bien quelque chose qui aurait pu lui valoir de remporter ce fameux titre de MVP. Alors, la prochaine fois que l’on vous sortira que ce fameux coup de poing à un fan au Palace est le fait marquant de la carrière de Jermaine, rappelez lui sa fabuleuse saison de 2003-04.