Quand Grant Hill était rookie et débarquait au All-Star Game avec le plus de votes en 95

Le 05 oct. 2017 à 19:20 par Pierre Morin

Grant Hill fête aujourd’hui ses 45 ans. L’occasion de revenir sur son année rookie, une année durant laquelle il a clairement assumé son statut de troisième choix de la Draft 1994 en finissant co-rookie de l’année avec Jason Kidd. Apothéose de sa saison : sa nomination pour le All-Star Game en terminant premier aux votes, du jamais vu dans toute l’histoire de la NBA. 

Après une saison 1993-94 catastrophique avec un bilan de 20-62 et à l’issue de laquelle les papys Isiah Thomas et Bill Laimbeer prennent leur retraite, les Pistons doivent se tourner vers de nouveaux horizons. Joe Dumars est toujours là et le pivot Oliver Miller est signé pour pallier au départ de Laimbeer. Mais la base du renouveau de Detroit vient de la Draft. Grant Hill, en provenance de Duke, est sélectionné en troisième position avec pour lourde tâche d’incarner le renouveau de la franchise du Michigan. Et on peut dire qu’il l’a accompli, dépassant même ce rôle pour atteindre un poste beaucoup plus exposé, celui de porte-drapeau de la NBA. Outre ses performances de très haute volée et la nouvelle dimension de jeu qu’il donne au poste 3 – il finit la saison à 19,9 points, 6,4 rebonds et 5 passes -, il va acquérir le surnom de Mister Nice Guy en référence à son comportement exemplaire sur et en dehors des parquets. Le temps des années “Bad Boys” de Detroit semble déjà bien éloigné. Contrairement à certains joueurs NBA connus pour ne pas se laisser faire verbalement et physiquement (coucou Charles Barkley), son attitude va conduire de nombreux observateurs à se demander s’il ne pourrait pas être le nouveau visage de la Ligue, récupérant alors un poste laissé vacant depuis le départ à la retraite d’un certain Michael Jordan, qui ne reviendra qu’en mars 1995.

Symbole de sa popularité et de son talent : c’est lui qui finit premier au vote pour le All-Star Game la même année avec 1 289 585 voix, juste devant le Shaq, devenant par la même le premier rookie à finir premier dans ce classement. Imaginez un gamin de 22 ans débarquer dans la Ligue et qui, en seulement 25 matches, arrive à cumuler plus de votes que d’autres joueurs déjà bien ancrés dans la tête des fans. Attention, on ne parle pas de lutter avec Gordon Hayward pour choper une place de titulaire. Shaw, Reggie Miller et Scottie Pippen possédaient déjà une certaine notoriété auprès des fans et une carrière beaucoup plus fournie. Même son coéquipier Joe Dumars finit loin derrière lui, avec “seulement” 826 935 votes. Être capable de gagner sa place sur le parquet de Phoenix au milieu de tout ce beau monde en dit long sur l’impact qu’a eu Mister Nice Guy dès sa première saison. Hill va finir son premier match des étoiles (il en comptera sept dans toute sa carrière) avec 10 points et 3 passes dans une défaite de l’Est. L’année suivante, il finit une nouvelle fois premier au vote, dépassant même le GOAT de presque 20 000 voix. C’est limite encore plus impressionnant que sa première sélection. Jordan putain… Comme quoi, agir comme un gentleman n’était peut être pas si rédhibitoire à l’époque. Comme quoi, il n’était pas nécessaire de cogner dans tout ce qui bougeait pour obtenir l’admiration du public et le respect des ses pairs.

Grant Hill va continuer à afficher des statistiques complètes jusqu’à la fin de la saison. Detroit ne disputera pas les Playoffs, la faute à un bilan encore trop juste, mais l’ailier compte bien montrer qu’il peut faire progresser son équipe. C’est dans l’un des ultimes matchs de la saison qu’il va offrir son plus beau match en tant que rookie. C’est face au Magic du Shaq (encore lui) que Hill va signer son premier triple-double en carrière avec 21 points (10/18), 10 assists et 11 rebonds. Il en claquera 28 autres dans les saisons suivantes, tous sous le maillot des Pistons. Car en plus de son comportement exemplaire, Grant Hill avait du talent à revendre. Une sorte de LeBron avant l’heure. Car si on peut être ébahi devant le 25-6-6 que LeBron a banalisé, il ne faut pas oublier qu’il n’est pas un précurseur en la matière. Grant Hill était en effet la polyvalence incarnée. Athlétique, une vision du jeu à en faire pâlir John Stockton, une taille parfaite pour lutter avec les gros bras sous le panier et grapiller des rebonds. Bref, il avait tout pour mettre à l’amende un paquet d’ailiers. Sous son impulsion, les Pistons vont terminer la saison avec huit victoires de plus que la saison passée et Hill sera auréolé du titre de rookie de l’année, qu’il partage avec Jason Kidd, les deux garçons ayant alors été impossibles à départager. Même si c’est une bonne saison pour Motor City, ce n’est que le début d’un tournant pour la franchise, puisque Hill les ramènera dans le haut du classement de la Conférence Est pour de nouvelles aventures en Playoffs.

Rendre meilleurs les Pistons, tourner la page de la période “Bad Guys” avec une philosophie complètement opposée, le tout en finissant premier au vote du All-Star Game. Voici un résumé de l’incroyable saison rookie de Grant Hill. Saison qui mériterait de passer à la postérité malgré la carrière pourrie par les blessures qu’a connu l’ailier. Les joueurs qui ont eu un impact si fort à la fois dans le jeu et auprès des fans en NBA se comptent en effet sur les doigts d’une main. Gros big up à toi et joyeux anniversaire, Mister Nice Guy !