Ciao Amar’e Stoudemire : gardons en mémoire le Cactus bondissant et le monstre qui a fait vibrer le Garden

Le 02 sept. 2017 à 20:22 par Alexandre Martin

Amar'e Stoudemire Knicks - Suns
Source : YouTube / NBA

Cette fois-ci, c’est bel et bien fini. Amar’e Stoudemire va raccrocher définitivement les sneakers à presque 35 ans et après un titre de champion d’Israël avec l’Hapoel Jerusalem. C’est d’ailleurs le seul titre collectif de la carrière de cet intérieur six fois All-Star en 14 saisons NBA. Il n’a pas de bague. Le trophée de rookie de l’année (2003) est le seul qui vienne garnir son armoire. Pourtant, à la simple évocation de son nom, bon nombre de fans ont le poil qui se hérisse. Ces fans se trouvent principalement du côté de Phoenix ou de New York mais pas que. Car le Stoud en a fait vibrer des salles et des cercles…

Il a débarqué dans la Grande Ligue en 2002, en provenance directe de son lycée de Cypress Creek à Orlando. Contrairement à beaucoup d’autres gamins ayant fait le grand saut du lycée en NBA sans passer par la case université, Amar’e a tout de suite fait sensation grâce à ses capacités athlétiques phénoménales. Oui, phénoménales. Une détente de kangourou qui lui permettait d’envoyer ses 112 kilos au plafond, des épaules de déménageur histoire de dégager une grande puissance, l’agilité et la mobilité d’un tigre qui faisait de lui un bestiau impossible à stopper dès qu’il avait un peu d’espace. Après seulement 26 match chez les pros, le 20 décembre 2002, ce bon Stoud va tout simplement mettre fin à la carrière de Michael Olowokandi alors pivot des Clippers. Une action si violente que Stephon Marbury – qui venait de servir son intérieur – n’en revient toujours pas. Une action si violente qu’elle symbolise parfaitement l’arrivée en NBA de Stoudemire : un coup de marteau, sur les cercles et sur certains de ses adversaires donc. Stoud impressionne même les plus gros clients de la Ligue à l’époque :

“J’ai vu le futur de la NBA. Et il s’appelle Amar’e Stoudemire.” — Shaquille O’Neal

“Il a un corps plus impressionnant que presque tous les ailiers-forts de la Ligue. Il a apporté aux Suns une vraie présence intérieure. Pour un rookie, c’est hallucinant.” — Dirk Nowitzki

Pas étonnant de le voir former, dès 2004, un duo inarrêtable sur pick-and-roll avec Steve Nash, un duo qui va propulser les Suns de Mike D’Antoni tout en haut de la NBA. Enfin, en régulière. Avec le Canadien à la baguette et Shawn Marion en mode All-Star à ses côtés, Stoudemire va s’éclater. Il va punir les défenses en sortie de pick, il va massacrer les cercles en transition mais aussi faire admirer ses qualités de finisseur avec un petit shoot qui rentre bien dans le périmètre et un excellent toucher de près. Aucun défenseur ne lui résiste à cette époque. Stoud est capable de massacrer les plus gros big men de la Ligue, de les pousser dans leurs retranchements sous les cercles. Et malgré la sale blessure au genou qui va le priver de quasiment toute la saison 2005-06, il va revenir encore plus fort les années suivantes. L’occasion de noter que s’il est possible de critiquer l’engagement défensif d’Amar’e car il était bien inférieur à ce que son physique aurait pu lui permettre de proposer, il est en revanche impossible de se plaindre de la mentalité du bonhomme. Stoudemire c’est un bon gars. Un bon coéquipier, un gars qui comprend les situations, un bosseur qui n’a pas peur des défis et qui donne pour l’équipe dont il porte le maillot. On aurait vraiment aimé le voir aller en Finales en 2005 ou en 2010 avec ces belles bandes de Cactus mais les Spurs d’abord puis Ron Artest ensuite, en ont décidé autrement. All-Star pour la première fois en 2005, il le sera encore de 2007 à 2010 sous le maillot des Suns avant de filer à New York à l’été 2010.

New York… Les Knicks, le Madison Square Garden, cette franchise qui avait tant besoin qu’une star vienne tenter de la relever. Ce challenge, Stoudemire va l’accepter sans trembler. Il va prouver à tous ses détracteurs qu’il peut briller sans Steve Nash, qu’il peut porter une franchise sur ses épaules. Sous la houlette de Mike D’Antoni (tiens, tiens) et entouré de gars comme Wilson Chandler, Danilo Gallinari ou Raymond Felton, le Stoud va nous gratifier de quelques mois fabuleux pour entamer son aventure new-yorkaise. Quelques mois qu’aucun fan des Knicks n’a pu oublier. Quelques mois au cours desquels il a fait rugir de nouveau le temple basketballistique situé à Manhattan. D’octobre 2010 à février 2011, Amar’e Stoudemire a joué comme un grand leader, comme un véritable candidat MVP. Mais les Knicks étant ce qu’ils sont et les blessures – parfois bien idiotes – ne voulant pas le lâcher, Amar’e va vite descendre de son nuage. Trop vite. Avec le recul c’est toujours plus facile mais encore aujourd’hui, on peut se demander ce qui a pris aux dirigeants new-yorkais de démanteler ainsi leur effectif en février 2011 pour faire venir Carmelo Anthony. Cela a eu pour effet de briser la superbe dynamique qui était celle du groupe avant cet échange. Sans parler du fait que Stoudemire ne peut pas jouer avec un ailier comme Melo à ses côtés. Mais on ne peut pas refaire l’histoire tout comme on ne pouvait pas empêcher ce bon Stoud de passer ses nerfs sur un extincteur après ce match 2 contre le Heat en Playoffs en 2012. On ne peut pas non plus s’empêcher d’avoir en tête ses images d’un Amar’e diminué qui ne retrouvera plus jamais son niveau à partir de là. Cet Amar’e qui continuera de rester positif mais qui ne pourra plus apporter comme avant, qui finira sur le banc puis coupé par ces mêmes Knicks et enfin baladé entre Miami et Dallas. Malheureusement, on ne peut pas s’ôter de la tête ces dernières images tristes de Stoudemire en NBA.

Pour autant, il ne faut pas oublier l’essence même de ce qu’Amar’e Stoudemire a donné sur les planches de la Grande Ligue. Il faut garder en mémoire ce gamin enflammant les parquets avec son numéro 32 et son bandeau bien installé dans une dense touffe de cheveux. Il ne faut pas oublier ce clou planté sur la tronche d’Anthony Tolliver un soir de mars 2010, ni ce record de neuf matchs d’affilée à plus de 30 points sous le maillot des Knicks ou cette touchante larme tatouée sous l’œil droit en souvenir de son grand frère décédé en février 2012. Il faut garder en mémoire ce Cactus bondissant et ce monstre qui a fait vibrer le Garden…