Kevin Durant sort son lance-flammes préféré : “Y’a pas de loyauté, c’est du business”

Le 25 août 2017 à 13:39 par Bastien Fontanieu

Kevin Durant
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Kevin Durant qui parle de loyauté, mais où va le monde ? La question se pose d’entrée, mais l’ailier a tenu à s’expliquer longuement lors du dernier podcast tenu par Bill Simmons.

Grosse tête chez The Ringer, Simmons avait déjà réalisé quelques émissions avec KD. Il faut dire que les deux hommes s’entendent assez bien, et que le premier offre surtout une totale liberté de réponse au second. Et ça, connaissant un poil Durant et la façon dont il entretient ses relations avec les médias, c’est la condition sine qua none pour qu’une interview de qualité puisse avoir lieu en présence de l’intéressé. Parmi les sujets du jour, il y avait évidemment le départ d’Isaiah Thomas échangé contre Kyrie Irving. Un meneur du côté de Cleveland qui a eu “du courage” selon KD en demandant son transfert, et un meneur du côté de Boston qui s’est fait transférer contre son gré en ayant pourtant tout donné pour ses Celtics. Il fallait donc que Simmons et Durant se posent quelques minutes sur cette affaire, quand soudainement est venue la notion de loyauté. Loyalty, loyalty, loyalty comme dirait l’autre. Entre des stars qui décident d’en rejoindre d’autres soudainement, et des décisionnaires qui envoient chier des montagnes d’efforts dans une franchise comme une communauté, où se situe le juste milieu ? Pour KD, c’est assez simple : y’a zéro loyauté, car on est avant tout dans un business qui brasse énormément de pognon.

Bill Simmons: J’ai hâte de voir Kyrie jouer, et en même temps j’adorais Isaiah Thomas. Beaucoup de monde voulait d’ailleurs qu’on te pose cette question. T’as pris toute cette merde en pleine face quand t’as quitté Oklahoma City pour Golden State. C’était genre, “tu n’es pas loyal envers Oklahoma City,” et maintenant, on voit l’autre version. Isaiah Thomas, qui est devenu un franchise player à Boston, qui a joué en étant blessé, qui a joué le lendemain du décès de sa soeur, qui débarque et joue deux séries de Playoffs avec une hanche défoncée, et a été un grand Celtic. Les gens l’adoraient et portaient son maillot, et maintenant ils l’ont transféré. La morale de l’histoire est celle-ci, il n’y a pas de loyauté dans le monde du sport.

Kevin Durant: Je pensais qu’on savait tous ça.

Simmons: Je pense pas que les gens le savaient.

Durant: Vraiment, je pensais qu’on savait tous ça. Cela dure depuis des années. Des gars ont été transféré pendant leur sommeil depuis des années. Des gars ont reçu le pire traitement possible dans l’affaire depuis des années. Après, des gars ont aussi foutu un sacré bordel dans certaines franchises, aussi. Mais y’a pas de loyauté, c’est du business. Il y a de l’argent en jeu.

Ces relations que vous avez, avec vos entraîneurs, vos coéquipiers et les membres d’une franchise, ça c’est de la loyauté. C’est de l’amitié, ce sont de vraies relations. C’est quelque chose qui va durer toute la vie. Mais quand il s’agit de chiffres sur une feuille, au final, ça peut tout effacer d’un coup. “Est-ce que ce mec rentre dans notre salary cap ou dans nos plans ? Nan, voyons donc ce qu’on pourra avoir contre lui”. En fait, ça fait partie du jeu.

Simmons: Mais tu ne savais pas ça quand tu es arrivé en NBA en 2007, si ?

Durant: Je pensais que c’était de l’ordre du 50/50, entre le business et les émotions. Du genre, “on ne va pas transférer ce gars, on le connaît depuis 9 ans.” Mais au final c’est surtout, “non, on a besoin de cette place dans l’effectif, ou de cet argent. On doit le bouger. Et au final il touchera son salaire, cela fait partie du business.” Aujourd’hui, quand des joueurs partent, cela fait aussi juste partie du business.

Difficile de tirer un trait et choisir un camp, ou dire que tout est noir puis tout est blanc. Sur de nombreux points, Durant est pertinent, dans le sens notamment où la notion de business est parfois trop oubliée alors que la NBA reste une entreprise avec 30 mini-entreprises en son sein. Les joueurs le savent d’entrée : être autant payé est aussi dû à cette flexibilité unique, permettant aux franchises de marchander les joueurs comme des bouquins. On peut se retrouver dans le Minnesota un jour, puis Los Angeles le lendemain, sans avoir donné son accord. C’est comme ça. Maintenant, de là à dire qu’il n’y a pas de loyauté, on veut bien l’avis des Dirk, Duncan ou Kobe pour ne citer qu’eux. Des types qui, même en ayant parfois pensé aller ailleurs, ont tenté de dupliquer le modèle à l’ancienne pour entretenir des relations saines avec leur management. Pas de coup de pute ? Pas de coup de pute. On s’arrange ensemble et on tente de faire le même chemin, main dans la main, sans tacle par derrière. Il y a donc certes un mode open-bar réservé à toutes les franchises, la NBA a toujours fonctionné ainsi, mais cela ne veut pas forcément dire que les joueurs doivent systématiquement surveiller leurs arrières. On peut aussi créer des relations professionnelles stables, loyales, qui font qu’on ne bouge pas pendant 20 ans.

Comme souvent, KD dit tout haut ce qu’il pense et cela ne va pas forcément plaire à tout le monde. La Ligue est en constante évolution, l’ère actuelle est celle du mouvement en permanence. Ce qui ne signifie pas forcément la fin de tout type de loyauté, suffit de demander à Nick Collison, par exemple.

Source : The Ringer – Bill Simmons Podcast


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