Les Suns ne feront pas de folies cet été : Phoenix veut renaître grâce à sa jeunesse

Le 08 juil. 2017 à 18:37 par Alexandre Martin

Suns - Marques Chriss - Josh Jackson - Devin Booker
Source : montage / Youtube

Derniers de la Conférence Ouest – et avant dernier bilan de la Ligue – sur l’exercice 2016-2017, les Suns n’ont pas franchement eu de chance lors de la lottery de Draft. Alors qu’ils pouvaient légitimement s’attendre à récupérer le deuxième choix, ce n’est que le quatrième qui leur est revenu. Cependant, dans une cuvée aussi dense que celle de 2017, ce ne fut pas un si gros souci. L’ailier Josh Jackson va venir compléter un roster très jeune que les dirigeants comptent bien garder ainsi afin de continuer une reconstruction qui n’en finit plus…

En effet, Ryan McDonough – le GM des Suns – s’est montré très clair dès le 1er juillet et l’ouverture de la Free Agency : pas question de faire n’importe quoi sur le marché même si sa franchise a de très bons assets à proposer ainsi qu’une marge très confortable sous le cap pour offrir des salaires conséquents à d’éventuels agents-libres. Il faut dire que le joueur le mieux payé de l’effectif aujourd’hui est Eric Bledsoe avec 14,5 millions à toucher sur 2017-2018, suivi de Brandon Knight (13,6 millions), Tyson Chandler (13 millions) et Jared Dudley (10 millions). Ces quatre joueurs sont également les quatre plus vieux du roster. Tous les autres sont encore dans leurs contrats de rookie. Josh Jackson vient d’arriver. Marquese Chriss, Dragan Bender et Tyler Ulis (second tour de draft donc pas tout garanti) sont sophomores. Devin Booker rentre dans sa troisième année et T.J. Warren dans sa quatrième. Ils ne coûtent donc pas cher. Ensuite, il y a les contrats non garantis de Derrick Jones Jr. (sophomore), Davon Reed et Mike James (rookies). Et enfin, il va falloir prendre des décisions sur les cas Alex Len et Alan Williams, tous deux en fin de contrat rookie et éligibles à la Qualifying Offer.

Au total, Phoenix n’a qu’environ 75 millions de dollars engagés pour la saison prochaine pour le moment ce qui leur laisse l’équivalent de 24 millions de disponible sous le cap. C’est très confortable et cela permet de voir venir. Les Suns ont pensé un moment à utiliser leur marge pour essayer de proposer un très gros contrat à un agent-libre de très haut niveau. Deux cibles étaient évoquées : Blake Griffin et Paul Millsap. Le premier a tout simplement annulé le rendez-vous car il avait finalement l’intention de re-signer avec les Clippers sans se poser plus de questions. Quant au deuxième, ce sont les Suns qui ont décidé de ne pas le rencontrer au final. Ryan McDonough et son staff jugeant que payer au prix fort un gars comme Millsap, qui a déjà 32 ans, n’était pas la bonne stratégie à adopter pour Phoenix cet été. En même temps, pourquoi dépenser autant sur un tel joueur alors que l’équipe est encore en plein développement ? Effectivement, la pertinence d’un tel contrat aurait été discutable… Au moment où les Suns ont laissé de côté le cas Millsap, il a même été rapporté par Adrian Wojnarowski que le front office d’Arizona était prêt à utiliser son espace sous le cap pour absorber des contrats gênants pour certaines franchises s’ils sont accompagnés de bons assets comme de jeunes joueurs ou des tours de draft. Le Woj précise même que les Suns pourraient carrément monter des échanges autour de leurs vétérans pour ajouter encore de la jeunesse à leur roster.

Sources: Suns out on Millsap pursuit, turning to use cap space to absorb $ dumps paired w/ assets. Open to moving vets, going all-in young.

— Adrian Wojnarowski (@wojespn) 1 juillet 2017

All-in sur les jeunes ? Voilà qui ne va pas exactement dans la direction indiquée récemment par le coach Earl Watson quand il lui fut demandé ce qui manquait à son effectif :

“De l’expérience.”

Tyson Chandler et Jared Dudley sont là pour assurer ce rôle de mentors expérimentés. Eric Bledsoe – qui aura 28 ans en décembre prochain – peut également être considéré comme un des patrons du vestiaire et faire bénéficier les jeunes de son vécu (7 saisons). Vient ensuite le cas Brandon Knight dont les Suns ne savent clairement pas trop quoi faire. Son contrat n’est pas non plus exorbitant (44 millions sur les trois prochaines années) mais il n’a pas sa place dans cinq majeur et Watson a échoué dans sa tentative de le rendre performant dans un rôle de sixième homme. Phoenix est bien évidemment en train d’essayer de lui trouver un point de chute mais il apparaît que BK n’attire pas les foules. Les questions sont donc assez nombreuses et des choix clairs vont devoir être faits cet été du côté de Ryan McDonough. Que faire de Brandon Knight donc ? Mais aussi que proposer à Alex Len et Alan Williams ? Leurs présences dans la rotation intérieure sont utiles pour diverses raisons mais il n’est pas envisageable de surpayer ces gars.

On en vient doucement au terrain, aux options dont disposera Earl Watson si le roster reste en l’état et que Len et Williams prennent la Qualifying Offer. Le cinq majeur : Eric Bledsoe – Devin Booker – Josh Jackson – Marquese Chriss – Alex Len.  Le banc : Tyler Ulis, Brandon Knight, Derrick Jones Jr., T.J. Warren, Jared Dudley, Dragan Bender, Alan Williams et Tyson Chandler. A voir ce qu’il adviendra de Davon Reed et Mike James mais, en tous cas, c’est plutôt complet comme effectif. Bien évidemment, ça ne joue pas le titre ni même les Playoffs vu comment l’Ouest s’est renforcé et vu la jeunesse des meilleurs talents (hormis Bledsoe). Pour autant, développer ce groupe avec Eric Bledsoe à la mène et autour de la triplette Booker – Jackson – Chriss peut être un challenge passionnant. Les trois ont un vrai beau potentiel et sont vraiment complémentaires entre Booker qui est un vrai gros scoreur, la densité physique et défensive que peut apporter Josh Jackson ou la polyvalence et les qualités athlétiques de Marquese Chriss. Ce all-in sur la jeunesse voulu par le front office a donc du sens. Monter des trades pour enlever des vieux et priver ces jeunes d’expérience à leurs côtés pourrait, en revanche, se révéler contre productif. Surtout que le joueur contre lequel un vrai package d’assets intéressants pourra être obtenu est clairement Eric Bledsoe. Et le meneur sort d’une excellente saison. Il fait partie des sept seuls joueurs à avoir proposé au moins 20 points, 4 rebonds et 6 passes décisives sur le dernier exercice. Bledsoe peut vraiment participer à cette reconstruction en étant le leader de cette escouade de gamins jusqu’à ce que l’un deux prenne le relais.

Enfin, récupérer des assets – notamment des picks de draft – est une stratégie qui peut porter ses fruits évidemment mais, aujourd’hui, les Suns sont très bien équipés à ce niveau. Ils ont des jeunes et auront deux choix au premier tour de la prochaine Draft qui permettront donc d’ajouter encore des minots talentueux au groupe. Il faut voir ce que les Cactus vont faire dans les prochaines semaines. Voir si Len et Williams vont rester, si des échanges se mettent en place ou si un agent-libre débarque. Mais le projet est clair : développer les Booker, Jackson, Chriss, Bender et autre Ulis pour voir où cela mène et ajuster en fonction. Dans cette optique, une grosse question se pose et risque de se poser de plus en plus : le coach. Car franchement, Earl Watson ne nous a pas impressionné la saison dernière. Ses choix tactiques sont pauvres, ses inspirations inexistantes et sa gestion humaine va être mise à l’épreuve au quotidien dès la saison prochaine avec un vestiaire plein de jeunes à forts potentiels mais aussi à forts caractères. Il aura bien besoin de l’expérience des plus vieux pour canaliser tout ça. Mais pour ce qui est du reste, il va devoir faire beaucoup mieux faute de quoi les dirigeants vont sérieusement s’interroger sur le fait d’avoir un entraîneur très peu expérimenté pour coacher un groupe qui a plus que jamais besoin de plan de jeu, d’une philosophie claire.

L’été n’est pas du tout fini. Mais il semble que les Suns ne vont pas trop bouger leur effectif. L’objectif sur 2017-2018 sera tel que Devin Booker l’a défini la nuit dernière en marge de la Summer League de Las Vegas : “Progresser encore et encore, construire pour un jour rivaliser avec les meilleurs”. On en est encore loin mais il y a une base et un projet…