Lob City c’est terminé pour Chris Paul : les alley oops c’est bien, viser la lune depuis Space City c’est mieux

Le 30 juin 2017 à 18:58 par Tom Crance

Chris Paul
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C’est désormais officiel, et cela ne sonne presque pas comme une surprise. Après six années de bons et loyaux services, le meneur le plus pur de NBA quitte la navette Clippers, laissant derrière lui un héritage au goût amer. Retour sur ses années en Californie, entre espoirs et désillusions. 

A l’issu de la saison 2011-2012, le meneur des Pelicans rejoint les Los Angeles Clippers pour former, aux côtés de la star montante montée sur ressorts Blake Griffin, un duo à la fois explosif et spectaculaire. L’impact de CP3 transforme le visage de la franchise, qui accède dès la première année aux Playoffs après plus de six ans de vacances dès la fin de la régulière. Oui, Paul n’est pas le genre de joueur à jouer au golf dès avril messieurs dames. Avec l’explosion de Blake Griffin un an plus tôt, une partie de la Californie se met à rêver. Ajoutez aux qualités physiques surhumaines du rookie la vision et l’intelligence de jeu de l’ex Pélicans et c’est une nouvelle expression qui prend forme : Lob City. Les deux compères vont développer un jeu basé sur l’alley oop et le pick-and-roll et très honnêtement on aimerait vous envoyer quelques séquences mais si vous n’avez pas vos lunettes 3D à portée de main ce serait comme boire un coca chaud sans bulle : du gâchis. Sa complémentarité avec le rouquin fait des ravages. Bien entouré par DeAndre Jordan mais aussi Caron Butler et Chauncey Billups, un projet ambitieux est entrain de voir le jour, bien orchestré par coach Rivers. Malgré une troisième place au classement du Most Valuable Player en 2012 pour le meneur et une double sélection au match des étoiles pour ce dernier et Grifin, l’équipe se fait sweeper dans les règles de l’art en demi-finale de Conférence par San Antonio. Inutile de vous préciser que ce n’est ni la première ni la dernière fois que vous lirez “demi finale de Conférence” dans cet article. Chris Paul et les Clippers peuvent nourrir de profonds regrets après sa signature aux Rockets car chaque année, l’équipe semblait après quelques matchs être réellement armée pour aller au bout. L’histoire des Clippers, c’est aussi l’histoire de feux de pailles, d’étincelles qui n’ont jamais donné de feu de camp. Lors de sa deuxième année, Paul continue de réciter ses gammes, rendant toujours meilleurs ses coéquipiers. Meilleur passeur et meilleur intercepteur de la Ligue – 10,7 passes, 2,5 interceptions – le meneur chute une nouvelle fois en demi-finale contre le Thunder d’Oklahoma. Les saisons régulières sont bonnes, les joueurs semblent préparés, mais l’atmosphère n’est jamais parfaite au sein de la franchise et du vestiaire. Il manque indéniablement un petit quelque chose à cette équipe pour franchir le cap, mais ce petit truc en plus va s’éterniser durant de longues saisons jusqu’au point de rupture ce 28 juin 2017. 

Cette équipe des Clippers nous fait penser au vilain petit canard. Difficile a aimer, souvent décriée et pointée du doigts par nombres de joueurs et spécialistes. Les joueurs sont de qualités, Paul et Griffin continuent leurs ravages et sont bien aidés par le shooteur J.J. Reddick, le croqueur Jamal Crawford ou encore l’athlétique DeAndre Jordan qui finit ses saisons avec plus de dunks que de kilomètres parcourus en avion. Pour ne rien arranger, la franchise est au cœur d’un scandale suite aux propos racistes de son président Donald Sterling. Les joueurs font bloc et les discours poignants de Doc Rivers et Chris Paul appellent à l’unité. Le message semble être passé puisque l’équipe consolide une belle troisième place et miracle, Dieu semble être de leurs côtés en Playoffs cette année. Bien coachés par Rivers et très justes dans les moments cruciaux, les Californiens sortent les Spurs champions en titre après un buzzer au Game 7 de leur meneur star. Cette année doit être la bonne. Au tour suivant, ils mènent 3-1 contre les Rockets de James Harden mais essuient trois défaites consécutives pour enfin perdre la série 4-3, toujours en demi-finale. L’équipe fait face aux critiques après cette ultime chockerie post-season, une de trop certainement pour les fans. Les deux dernières saisons de l’ère Paul-Griffin-Jordan seront, comme souvent, bonnes en régulière mais décevantes à partir d’avril. Éliminés au premier tour contre les Blazers 4-2 en 2016 puis 4-3 contre le Jazz en 2017, ce n’est plus la goutte d’eau mais bien le litre qui a fait déborder le vase pour Paul et l’ensemble du projet bâti autour de lui et du rouquin. A la décharge de l’équipe, les blessures ont joué une grande part dans l’élimination prématurée de la franchise, mais cela n’explique pas tout. Le fond de jeu était là, mais il existait un réel problème de fond au sein de cette équipe, qui n’a jamais véritablement su mettre à profit les énormes talents individuels qui la composait. La bombe est tombée hier, Chris Paul s’en va en laissant derrière lui quelque chose d’inachevé qui aurait pu être grand, et enfin placer la deuxième équipe de Los Angeles au sommet du basket mondial. L’heure est au renouveau, et Blake Griffin devrait assurément représenter le visage de la franchise pour les années à venir s’il reste. La relation entre le Paul et son coach doit aussi constituer une des motivations de départ du meneur. Bien que proches, le joueur aurait plus d’une fois reproché le manque d’impartialité de Doc vis-à-vis de son fils Austin Rivers. Une rumeur circule selon laquelle le coach aurait refusé un deal avec les Knicks incluant la venue de Carmelo Anthony car le fiston aurait été tradé. Des regrets, beaucoup de regrets.

Chris Paul peut être déçu de son aventure aux Clippers, tant le projet avait de quoi faire rêver. Il ne faut cependant pas tout jeter à la poubelle. Le fabuleux meneur a fait ce qu’il savait faire de mieux, à savoir prendre ses responsabilités, rendre les autres meilleurs et alimenter les top 10 du matin pour le plus grand plaisir des fans. Champion de la Division Pacifique à deux reprises, All-NBA Defensive Team à six reprises et enfin All-NBA First Team à trois reprises, le parcours de CP3 reste un modèle d’exemplarité et de réussite malgré des résultats collectifs plus contrastées. Bon vent vers Houston et bonne continuation !