Profil Draft 2017 : Jayson Tatum, le calibre d’un futur franchise player

Le 17 juin 2017 à 12:59 par David Carroz

Profil Draft Jayson Tatum
Source image : Youtube

Jayson Tatum a débarqué à Duke avec un statut de top prospect, et c’est de la même façon qu’il quitte les Blue Devils après un an de NCAA. Si certains joueurs ont du mal à assumer leur statut lorsque les projecteurs sont braqués sur eux, cela n’a pas été son cas. Saura-t-il poursuivre sur sa lancée en confirmant en NBA ?

Profil

> Âge : 19 ans. C’est pas nous dire qu’un gamin qui avait tout juste un an au moment de la médaille d’argent des Bleus à Sydney débarque en NBA qui va nous rajeunir.

> Position : Ailier. Avec sa taille on a du mal à l’imaginer à un autre poste.

> Equipe : Blue Devils de Duke. Entrainé par Mike Kry Kzy Krzyze … Coach K.

> Taille : 203 centimètres. Une vieille Peugeot qui a de la gueule.

> Poids : 93 kilos. Seine Saint-Denis Style.

> Envergure : 211. On est pas mal du tout.

> Statistiques 2016 : 16,8 points, à 50,4% à 2 points et 34,2% du parking, 2,1 passes, 7,3 rebonds, 1,1 contre et 1,3 interception en 33,3 minutes

> Comparaison : On voit du Carmelo Anthony, le gros boule en moins et du potentiel en défense en plus. Du moins quand il veut bien.

> Prévision TrashTalk : Top 5.

Qualités principales

# Un esprit sain dans un corps sain

Si on a évoqué Carmelo Anthony comme comparaison éventuelle parmi les joueurs NBA en activité, on ne voulait pas parler du gros postérieur. Car Jayson Tatum se rapproche certes de Melo dans le jeu, mais aussi au niveau de la stature. Enfin surtout au Melo qui débarque en NBA, pas celui qui a bien profité de son salaire, avec une taille et une allonge qui rentrent parfaitement dans les standards attendus pour un ailier. Disposant d’une bonne stature et d’épaules larges, il devrait même pouvoir prendre un peu de muscle sans que cela lui nuise en le rendant lourd. Comme en outre il est plutôt un athlète lisse qui se déplace avec aisance sur un parquet grâce à ses grandes enjambées, couvrant rapidement du terrain. Il n’est pas rare de le voir gober un rebond avant de partir en contre-attaque balle en main avec fluidité. Ainsi, il peut également partir au cercle en peu de dribbles, profitant de ses longs bras pour conclure. Une allonge qui devrait pouvoir lui permettre de jouer poste 4 dans une rotation small ball. En dehors de cet aspect physique, ses qualités mentales sont aussi des éléments appréciés par les scouts. Déjà passé par les équipes jeunes de Team USA avec succès, il a acquis pas mal d’expérience pour son âge, développant aussi une approche très pro du jeu et une éthique de travail que Coach K a pu consolider. Calme et confiant, il a le bon état d’esprit pour contribuer dès maintenant en NBA, en particulier en tant que scoreur. Comme en plus il a montré un certain leadership qu’on n’attendait pas forcément de la part d’un freshman, sa cote n’en est que plus élevée.

# Polyvalence offensive

On vient de parler de lui en tant que scoreur, et ce n’est pas anodin. En effet, Jayson tatum est un joueur capable d’envoyer la sauce de loin comme de près, le tout avec un certain raffinement. S’il est laissé libre sur le parking, il sanctionne. Il sait aussi très bien se libérer avec un petit dribble sur sa gauche avant de dégainer. Et si jamais le défenseur sort trop fort sur lui, aucun souci pour attaquer le cercle. Mais son principal point fort est certainement son jeu à mi-distance où il excelle avec ses jumpers qu’il utilise parfaitement en isolation. Les postes 4 auront énormément de mal à défendre sur lui dans de telles situations où il déclenche avec vivacité ses pull up. Il se sert également de feintes pour ensuite aller au panier, le tout avec fluidité, changeant de vitesse et de rythme. Cette qualité au tir en fait un bon joueur sur pick and pop. Sur pick and roll, il doit encore progresser mais il a montré qu’il en avait sous le coude en shootant lorsque les défenseurs passent sous l’écran. Si par contre son mec le suit, il attaque le cercle avec ses grandes enjambées. Et en cas de switch, il va mettre à l’amende l’intérieur soit avec un arsenal sympa – hesitation move, crossovers, pull back – avant d’aller au cercle, soit avec ses pull up, déjà évoqués. Comme si cela ne suffisait pas, Jayson Tatum possède en prime de belles capacités au poste, en particulier grâce à son excellent footwork. De nombreuses feintes, une bonne utilisation de ses épaules pour tromper l’adversaire, il s’appuie bien sur son défenseur avant de lui placer un fade away à la Dirk, relâchant la balle haut en se retournant bien. Lorsqu’il a un joueur dans son dos, l’ailier de Duke sait parfaitement lire sa posture pour s’enrouler autour de lui et le contourner. Cadeau bonus, un petit jump hook dont il peut se servir à l’occasion. S’il est avant tout un scoreur, Jayson Tatum sait également lâcher la gonfle et possède une bonne vision du jeu, en partie grâce à sa taille qui lui permet de voir au-dessus de son défenseur dans les situations de pick and roll. Passeur honnête, il sait donner au bon joueur lorsqu’il attaque le cercle et qu’un mec se libère. Au final, il va être très difficile de défendre sur lui avec sa capacité à se créer de l’espace avec ses petits pas de décalage qui lui permettent de se mettre en situation favorable pour utiliser l’ensemble de ses armes.

# Potentiel défensif

Il parait que le basket se joue aussi en défense. Ça tombe bien, Jayson Tatum dispose du matos pour peser également de ce côté du parquet, s’il veut bien augmenter son intensité. Surtout qu’il possède aussi un bel instinct. Comme en attaque, on retrouve des points forts similaires : solidité sur les appuis, de bons pieds et de l’agilité. Il a tout à fait les armes pour contenir son adversaire et contester les tirs en utilisant son allonge. Sa présence se retrouve d’un point de vue statistique puisque il apporte des interceptions, des contres et des rebonds. Pour les premières, il gratte des ballons en déviant les passes avec ses longs bras ou encore en chipant directement la gonfle dans la main de ses adversaires avec ses mains agiles lorsqu’il vient en aide. A proximité du cercle, il déploie ses tentacules pour contester les tirs sans pour autant partir à la faute s’il est battu, venant là aussi en aide depuis le côté faible pour contrer en second rideau. Comme il est long et grand, les arrières ont du mal à passer outre sa présence. Ses longs bras et sa fluidité lui permettent de bien sortir sur les shooteurs et les gêner .Alors il aura certes quelques difficultés pour défendre les ailiers forts les plus physiques, mais ses qualités de rebondeur lui permettront quand même d’évoluer par séquence à cette position.

Défauts majeurs

#Constance en défense

Si Jayson Tatum dispose de qualités pour être bon en défense, il va devoir s’en servir. Car comme de nombreux prospect, il ne met pas toujours à contribution la dureté et l’intensité nécessaire de ce côté du parquet, se montrant fainéant par moment, voire indiscipliné. Il faut faire les efforts dans le cadre du collectif. Mais non, monsieur préfère flotter sans vraiment se baisser pour contenir les ailiers au périmètre. Il doit clairement améliorer sa technique et moins rester sur les talons, au risque de se faire faire une cheville sur un crossover d’un arrière vif. Si on a évoqué son instinct, cela ne sera pas suffisant si Jayson Tatum se relâche perd de vue son joueur ou qu’il ne se replace pas correctement sur les montées de balle rapide par l’équipe adverse, situation dans lesquelles il ne bloque pas particulièrement les lignes de course. Son positionnement général n’est pas au top, se trouvant régulièrement à se cacher derrière son joueur. Aujourd’hui se pose donc la question des mecs dont il va devoir se charger. Un peu léger sur le bas du corps et avec une défense au poste à améliorer. Pa sassez physique pour les postes 4, pourra-t-il contenir les ailiers NBA ? Pour cela il faudra vraiment qu’il change son état d’esprit pour adopter une mentalité afin de dominer des deux côtés du parquet.

# Un shooteur de série

L’adresse de Jayson Tatum du parking est correcte, mais pas exceptionnelle non plus. Dès qu’il est contesté, il est moins bon. Logique me direz-vous, il est plus difficile de shooter avec quelqu’un qui défend sur vous. Mais dans le cas de notre prospect, c’est carrément sa mécanique de tir qui s’écroule un peu, ce qui est plus problématique. Elle manque de fluidité et Tatum a tendance à se pencher en arrière. Dommage, car on sent du toucher et la rotation du ballon est bonne. Enfin, il doit apprendre à dégainer plus vite pour justement profiter au maximum du moindre espace. Au niveau des progrès attendus, nous sommes obligés de parler de sa finition sur pick and roll lorsque son joueur passe sous l’écran. Alors qu’il devrait sanctionner avec régularité une telle défense étant donnée ses qualités au tir, Jayson Tatum a fini l’année en cours avec un vilain 1/11 dans les tentatives de pull-up qui en découlent. Au final, il est bien meilleur à mi-distance que du parking. Parviendra-t-il à s’adapter à la ligne NBA plus éloignée ?

# Créativité et décision

D’autres questions entourent le jeu offensif de Jayson Tatum, malgré les points forts évidents. Car si en NCAA il se coltinait des ailiers forts en défense sur lui – et il en a bien profité – qu’en sera-t-il chez les pros ? Sera-t-il aussi performant face aux ailiers NBA ? il a beau être un scoreur accompli, il abuse parfois de l’iso ainsi que de ses pull ups, allant même jusqu’à refuser des 3 points ouverts pour aller prendre son tir à m- distance avec un mec en face de lui. Il n’est pas garanti que face à des mecs plus longs – comme ce sera le cas l’an prochain – cela soit aussi efficace. Son dribble est un peu haut et il expose trop la balle, ce qui nuit à son efficacité sur pick and roll. Fluide mais pas explosif, s’il ne parvient pas à prendre le dessus sur son adversaire à l’aide de son premier pas, il va avoir tendance à balancer du flotteur dégueulasse ou à tenter de se retourner pour être dos au panier. Une stratégie dont on cherche encore l’utilité. Tout comme de certaines de ses feintes de tête téléphonées, élément le plus criant de la prévisibilité de son jeu par moment. Notons également qu’il doit apprendre à utiliser sa main gauche pour finir au cercle au lieu de jouer les contorsionnistes. A vouloir scorer, il n’a pas développé ses qualités de playmaker, surtout lorsqu’il est en mouvement. Il ne lit pas très bien les prises à deux et l’extra passe semble proscrite de son langage. Du coup, certains se demandent comment Jasyon Tatum va pouvoir peser s’il n’est pas la première option de son équipe.

Conclusion

Après Jabari parker – un autre joueur auquel il pourrait être comparé d’ailleurs – Jahlil Okafor et Brandon Ingram, Jayson Tatum est la nouvelle tête d’affiche de Duke à la Draft. Pour l’instant, le bilan de ses jeunes prédécesseurs reste mitigé. Mais ce n’est pas cela qui va faire baisser la cote de l’ailier, car même s’il est quasiment impossible de le voir first pick dans quelques jours, il pourrait bien devenir le mec avec le plus d’impact de sa promo avec son profil de go-to-guy. Une franchise sera-t-elle prête à en faire son atout numéro un en lui confiant les clefs de la boutique ? Peut-être. Dès cette saison ? On va se calmer un peu.