Profil Draft 2017 : De’Aaron Fox, la fusée de Kentucky sur les traces de John Wall

Le 16 juin 2017 à 07:20 par Benoît Carlier

De'Aaron Fox
Source image : YouTube / Kentucky Wildcats TV

Chaque année, le programme de Kentucky envoie plusieurs représentants gonfler l’effectif de la secte des Wildcats en NBA. Après John Wall, DeMarcus Cousins, Eric Bledsoe, le tour est venu pour De’Aaron Fox de promouvoir les couleurs de sa fac à l’étage supérieur. Présentation d’un meneur gaucher qui peut légitimement candidater pour le titre de joueur le plus rapide du monde balle en main.

Profil

> Âge : 19 ans. Né le même jour que Jonah Hill et Julien Benneteau. Tirez-en les conclusions que vous voulez.

> Position : Meneur. Oui, encore un.

> Equipe : Kentucky Wildcats. Comme un certain John Wall.

> Taille : 193 centimètres. Comme un certain Jean Mur.

> Poids : 78 kilos. On part sur une morphologie à la Brandon Ingram.

> Envergure : 198 centimètres. Ça commence à être quelque chose de correct.

> Statistiques 2016 : 16,7 points, 4 rebonds, 4,6 passes et 1,5 interception à 47,8% au tir et 24,6% du parking, le tout en 30 minutes.

> Comparaison : La ressemblance avec le meneur des Wizards est indéniable.

> Prévision TrashTalk : Entre la 4ème et la 10ème position.

Qualités principales

# Au collège on le surnommait Speedy Gonzales

Plutôt long pour son poste, De’Aaron Fox profite de ses kilos en moins pour prendre n’importe qui au sprint. Du haut de ses 193 centimètres, il peut courser n’importe quel joueur adverse et sa vitesse ne se réduit pas une fois qu’il hérite du ballon. Gaucher explosif, il est capable de mettre deux mètres dans la vue de ses adversaires rien qu’avec ses changements de rythme. Dès qu’il a le champ libre, il active la nitro pour déstabiliser la défense et profiter des espaces. En contre-attaque, il crée des surnombres en se projetant tout de suite dans la moitié de terrain adverse mais il n’est jamais plus efficace que lorsqu’il gère l’ensemble de l’action en coast-to-coast. Son vis-à-vis a intérêt à avoir bossé sa condition physique avec Usain Bolt et son démarrage avec Yohan Blake car défendre sur De’Aaron Fox c’est un peu courir un 100 mètres permanent. On retrouve aussi la dynamite qu’il a dans les jambes sur des percées dans la raquette ou à la conclusion de certains alley-oops à bonne distance au-dessus du cercle.

# Créateur d’espace, débloqueur de situations

Grâce à ses qualités athlétiques, il oblige constamment un défenseur à le coller de près pour ne pas le laisser prendre de la vitesse. Un mètre trop loin et DAF peut atteindre le cercle en un seul drible depuis la ligne à 3-points. Il possède un gros premier pas et il est difficile de rester devant lui dès qu’il se met à accélérer. Les gros sont ainsi obligés de lâcher leur homologue pour venir en aide sur le meneur, créant de fait des espaces dans la raquette ou sur les shooteurs dans les corners. S’il n’est pas encerclé, il punit automatiquement ses adversaires à mi-distance grâce à un pull-up très fiable. Sur certaines séquences, Fox peut même sanctionner du parking si les défenseurs lui laissent vraiment trop d’espace.

# Potentiel défensif à développer

On en revient évidemment au physique mais cette vitesse lui permet de suivra à peu près n’importe qui avec ou sans ballon. Même John Wall, le fameux meneur dont il a suivi les traces à Kentucky. Il est donc très efficace en presse tout-terrain ou simplement pour mettre la pression sur la remontée du ballon pour ne laisser aucun temps-mort à son vis-à-vis. Même lorsqu’il est surpris, il retrouve rapidement ses appuis pour se replacer entre le ballon et le cercle. Il est quasiment infranchissable par la vitesse et il faut donc user d’autres stratagèmes pour espérer l’effacer. D’autant que Fox ne lâche pas facilement et que ses grands bras peuvent vite devenir un cauchemar pour un meneur aux dribles amples et moins saccadés. Il dispose aussi de bons réflexes pour intercepter les passes par exemple et sa belle détente lui a permis de récolter quatre rebonds par match cette saison.

Défauts majeurs

# Il oublie de manger une semaine sur deux

A force d’enlever du matériel pour rendre la bécane plus légère et rapide, il a fini par oublier des pièces importantes pour le moteur. Pesé à 86 kilos, il ne fait pas le poids face aux dragsters du poste 1 comme Russell Westbrook et John Wall justement. C’est encore pire lorsqu’il se retrouve sur des joueurs plus costauds suite à un switch par exemple. A l’instar d’un Brandon Ingram à Los Angeles, il a donc du mal à se frayer un passage dans le trafic. De l’autre côté du terrain, un Kyle Lowry aura du mal à le prendre de vitesse mais pourra l’enfoncer jusqu’au cercle s’il ne reçoit pas l’aide d’un coéquipier. Ses proches n’ont pas fini de se faire du souci en voyant des bulldozers arriver lancés sur lui en contre-attaque. Ses tiges qu’il a à la place des jambes et ses côtes pourraient vite souffrir s’il ne prend pas un peu de muscle rapidement. A commencer par les écrans sur pick-and-roll lorsqu’il va croiser la route des deux coudes d’un Draymond Green (au hasard).

# Une efficacité en dents de scie au tir

Assez propre à mi-distance, ça se complique dès qu’il s’éloigne un peu du cercle. Son pourcentage général est plombé par les tirs extérieurs et il a encore du travail pour concurrencer Devin Booker et Klay Thompson au concours à trois points (24,6% dans l’exercice cette saison). On a vu avec Emmanuel Mudiay que les meneurs avaient besoin d’un tir fiable aujourd’hui, surtout du parking à une époque où les tirs primés n’ont jamais été aussi nombreux en NBA. La transition en NBA risque d’être compliquée avec le recul de la ligne mais il va impérativement devoir ajouter cette flèche à son arc pour devenir un meneur complet. Son geste est parfois trop ample et prend aussi trop de temps. Il va falloir gommer ça pour éviter que les défenses ne passent systématiquement en dessous des écrans ou ne le défient de tenter sa chance de loin.

# Trop pressé, presque hyperactif

Contrairement à ces meneurs gestionnaires, De’Aaron Fox a la bougeotte. Cette obsession pour le cercle devient presque maladive sur certaines séquences où il se jette à corps perdu dans une forêt de bras plutôt que de faire tourner la balle pour attendre patiemment l’ouverture. La patience, il va devoir l’acquérir pour éviter de prendre tout le monde de vitesse, y compris ses coéquipiers. Il y a encore du boulot pour appliquer le pick-and-roll jusqu’au bout notamment. Il doit apprendre à maîtriser le tempo du match et à jouer sur demi-terrain lorsque le rythme est moins élevé.

Conclusion

De’Aaron Fox fait partie de cette légion de meneurs capables de tout de suite se faire une place en NBA. La concurrence à son poste sera rude mais il figure déjà parmi les meilleurs point guards de sa génération. John Wall l’a même adoubé en personne en le nommant meilleur meneur de cette cuvée. Avec sa vitesse supersonique, sa vision du jeu et son potentiel défensif, il a déjà presque tous les arguments pour s’imposer rapidement chez les pros.