Profil Draft 2017 : Justin Patton, un passage par la D-League nécessaire pour se développer

Le 11 juin 2017 à 11:23 par David Carroz

Profil Draft Justin Patton
Source image : Youtube

Il y a quelques mois, au moment d’entamer la saison NCAA, le nom de Justin Patton était inconnu de la plupart des scouts NBA. Normal, alors qu’il avait déjà passé un an sur les bancs de la fac, il n’avait pas foulé les parquets universitaires, histoire de progresser de son côté. Le pari semble avoir été payant puisque maintenant, il peut viser le premier tour lors de la Draft.

Profil

> Âge : 20 ans. Mais une seule saison NCAA car il a passé une première année blanche à la fac.

> Position : Pivot. Après, libre à vous de vous amuser à le mettre ailleurs pour vous marrer.

> Equipe : Creighton Bluejays. La même fac que Doug McDermott, un profil totalement opposé.

> Taille : 211 centimètres. A un poil de bite d’être un véritable seven footer puisqu’il s’affiche à six pieds et onze pouces un quart.

> Poids : 104 kilos. Si vous aimez les skinny.

> Envergure : 221 cm. Des ailes.

> Statistiques 2016 : 12,9 points, à 68,4% à 2 points et 57,1% du parking, 1,2 passe, 6,1 rebonds, 1,4 contre et 0,9 interception en 25,5 minutes.

> Comparaison : Joel Embiid du pauvre, Mickael Olowokandi sans la première place à la Draft à porter sur les épaules.

> Prévision TrashTalk : Taille + athlétique + potentiel = premier tour.

Qualités principales

# Taille et agilité

On commence les points positifs comme toujours ou presque par les mensurations de l’animal : avec ses 2m11 mais surtout son envergure de 2m21, Justin Patton propose des arguments chiffrés qui poussent les franchises NBA à se pencher sur son cas. Quand en plus un pivot ajoute de l’agilité et de la fluidité dans ses déplacements, cavalant d’un cercle à l’autre avec une bonne coordination et une vitesse intéressante pour un tel gabarit, on imagine même entendre un nom appelé parmi les trente premiers fin juin. Que ce soit pour suivre les contre attaque et refermer le cercle en seconde lame ou alors pour recevoir la balle en prenant l’avantage sur les autres intérieurs, la mobilité du pivot de Creighton n’est pas à démontrer. Mais il a également son mot à dire sur attaque posée, car son allonge et sa détente lui permettent de créer du spacing vertical, JaVale McGee style. Autre secteur de jeu positivement impacté par ses qualités athlétiques, le pick-and-roll pour lesquels il plonge avec vivacité après avoir posé son écran. Comme il a des mains pas dégueu, il peut donc servir de cible ensuite pour les passes et finir sous le cercle. Lorsqu’il est à proximité de celui-ci, il tourne à 75% de réussite, ne faisant pas de chichi. Enfin, il est remarquable de voir la masse musculaire qu’il a déjà pris depuis son arrivée à Creighton pour s’offrir une carrure plus imposante qu’avant. Un taf qu’il va falloir poursuivre à l’étage supérieur.

# Energizer

S’il n’est pas forcément le joueur le plus costaud sur un parquet, Justin Patton met du cœur à l’ouvrage et fait preuve de beaucoup d’énergie sur le terrain la plupart du temps. Cela convient parfaitement à ses qualités physiques et cela lui permet de couvrir du terrain. Les efforts fournis lui permettent de verrouiller les joueurs sur lesquels il sort. Il vient en aide pour contenir les pénétrations et se remet vite dans le sens de la marche pour contester le tir par la suite. Comme en attaque, il est également bon en défense sur pick-and-roll où ses mains actives et une posture intéressante en se baissant bien sont des atouts non négligeables à ajouter à son instinct. Cette activité lui permet d’apporter des contres et des interceptions. En gros, même s’il n’est pas un pick pocket hors pair ou un killer en terme de protection de cercle, de la bonne volonté et un potentiel certain dans ces domaines doivent faire de lui quelqu’un qui pèse en défense. À lui de mettre cette activité au service de l’équipe pour également progresser au rebond.

# Une panoplie offensive naissante

Si on ne peut parler d’un mec très talentueux en attaque, Justin Patton a montré des prémisses d’un jeu offensif à développer par la suite. Par exemple s’il ne dépasse qu’à peine les 50% de réussite sur la ligne des lancers, il a posé un 8/14 du parking assez déroutant. Il doit donc améliorer sa mécanique de tir pour ne pas stagner dans ce domaine et éviter ainsi l’étiquette de boulet comme les Dédé se coltinent en NBA. S’il est encore lent pour dégainer, il a le potentiel pour apporter un peu de stretch. Il faut dire que l’intérieur de Creighton place bien ses pieds et la balle quitte bien ses mains, ce qui laisse donc envisager des progrès et de la régularité à venir au tir. Sur les pull-ups aussi, il n’a pas une grosse fiabilité dans le domaine, il est assez agile pour en prendre et toute la partie jump shot devrait se développer avec le taf pour devenir une arme impossible à contrer avec sa taille et son allonge. Cette agilité, il l’a met déjà à profit pour attaquer le cercle et montre du toucher sur les jump hooks, main droite ou main gauche, avec de super appuis. Il connait plus de difficultés au poste face aux mecs costauds mais il dispose de quelques feintes à base de up and under. Un potentiel à exploiter. Il joue encore un peu trop vite mais Justin Patton a laissé voir des qualités à la passe. Plutôt à l’aise poste haut, il sait servir les mecs qui coupent en direction du panier.

Défauts majeurs

# Être grand et ne pas avoir d’impact au rebond, faut laisser ça à Brook Lopez

Malgré sa taille et ses longs bras, Justin Patton est incapable de peser au rebond et il est d’ailleurs en terme de stats l’un des pires prospects de cette cuvée parmi les big men. Peu d’instinct, mauvais timing, les causes d’une telle débâcle sont nombreuses. Il n’est pas assez rapide pour aller chercher la balle et il ne la suit pas toujours, s’arrêtant dans son effort après avoir défendu, oubliant d’aller au rebond. Il n’est également pas assez solide sur ses cannes et se trouve du coup déséquilibré ou maltraité physiquement. Du moins quand il veut bien mettre son corps en opposition. Parce que monsieur n’a pas tout compris au box out. Pour l’instant, il est bien trop timide parmi les autres joueurs. Autre point noir, il n’est pas très bondissant lorsqu’il est entouré.

# Manque de dureté en défense

Ce manque de dureté aperçu au rebond se confirme sur l’ensemble du secteur défensif, aussi bien d’un point de vue physique que mental. Très émotif sur le terrain, il se laisse emporter par ce côté impulsif, commettant beaucoup de fautes, dont de nombreuses évitables. Notre cher Justin Patton mord aux feintes, fait preuve d’un manque flagrant de discernement et d’intelligence pour comprendre le jeu, sautant pour un oui et pour un non. Certains de ses oublis pourraient lui valoir de bonnes places dans le Shaqtin a Fool, comme lorsqu’il se retrouve dans des zones sans personne sur qui défendre, totalement perdu et inutile. Cela nuit à sa protection de cercle. Alors qu’il devrait être un point d’ancrage, son manque de physique lui cause des torts. Il semble de même manquer de détente au moment d’être le dernier rempart alors que sa portée devrait en faire une terreur pour les adversaires. Au poste, il se fait enfoncer et son équilibre est moyen. Au large, même s’il sait se baisser et qu’il a de bons pieds, il lui arrive de rester trop droit. Il doit prendre de la bouteille.

# Un jeu offensif encore très brut

On a certes évoqué le potentiel offensif de Justin Patton, mais son jeu reste très brut de ce côté du parquet. En attendant de vraiment le développer, il va falloir que le jeune homme s’appuie sur son énergie afin d’obtenir du temps. Dans les domaines à bosser, on évoquera tout ce qui se trouve à mi-distance du panier, les drives, le jeu au poste… Aujourd’hui Justin n’est prêt ni physiquement, ni techniquement, ni dans sa compréhension du jeu. Pour combler son manque de physique au poste, il doit bosser son footwork et son équilibre. Pour s’offrir un shoot fiable, il doit bosser à la stabilisation de la mécanique de son tir. Cela lui permettra d’avoir là aussi un meilleur équilibre et de relâcher la balle un poil moins tard, dans le but d’être une menace à plusieurs distances. Mais surtout, il doit avant tout s’appliquer à jouer dans son registre et en utilisant son arsenal. Un pivot joue dans la raquette, pas comme un meneur qui cherche à créer son shoot tout seul au périmètre. Patton doit apprendre à jouer plus simple, sans foncer tête baissée.

Conclusion

Justin Patton propose un profil intriguant qui va attirer quelques franchises dès le premier tour de la Draft. Pour autant, ne pensez pas le voir trop vite briller sur les parquets NBA car le jeune homme est encore bien trop brut pour lutter dans la Grande Ligue. Il est plutôt un projet sur le long terme qui probablement aller faire ses dents en D-League pour s’aguerrir et poursuivre sa formation, avant de tenter de réellement trouver sa place dans une rotation.