Profil Draft 2017 : Justin Jackson, gros scoreur mais petits bras

Le 09 juin 2017 à 08:17 par Benoît Carlier

Justin Jackson
Source image : Youtube/UNCTarHeelsAthletics

Pur produit de Chapel Hill, Justin Jackson ne souhaitait pas arrêter sa carrière universitaire sur le tir au buzzer de Kris Jenkins pour Villanova en 2016. Bien lui en a pris puisqu’il a fait carton plein cette saison en remportant le titre national mais aussi le trophée de meilleur joueur de la Conférence ACC. De quoi viser plus haut à la Draft cette année.

Profil

> Âge : 22 ans. Le grand-père de cette cuvée.

> Position : Ailier. Son physique a choisi pour lui.

> Equipe : North Carolina Tar Heels. Champions mon frère.

> Taille : 203 centimètres. Coucou LeBron James.

> Poids : 90 kilos. Bonjour la tige !

> Envergure : 211 centimètres. Parfait pour se gratter les genoux sans se baisser.

> Statistiques 2016 : 18,3 points, 4,7 rebonds, 2,8 passes et 0,8 interception à 44,3% au tir et 37% du parking, le tout en 32 minutes.

> Comparaison : Matt Barnes, Mike Dunleavy Jr.

> Prévision TrashTalk : aux portes des lottery picks, entre la 14è et la 20è place.

Qualités principales

# Né avec le bon outillage

Au basket comme en bricolage, la boîte à outils est primordiale pour parer à toute éventualité. En l’occurrence, Justin Jackson a la taille et la longueur de bras pour gérer toutes les situations sur un parquet même s’il a oublié de manger des épinards pour manier le marteau-piqueur (voir ci-dessous). Mais même sans biscottos, ce profil très élancé se voit déjà promis à un bel avenir. A une époque où les positions ne sont plus vraiment fixes et où tout le monde joue un peu à tous les postes façon Giannis Antetokounmpo, il fait preuve d’une extrême polyvalence. Sa taille lui permet d’avoir une belle vision du jeu et de mettre à l’amende les petits qui se retrouvent face à lui. Ses grandes perches sont aussi très utiles en défense pour envoyer du contre même après une feinte ou intercepter des passes un peu hasardeuses.

# Scoreur dans l’âme

Toujours en mouvement, il est constamment en train de déséquilibrer les défenses à coups de courses et d’écrans. Le genre de joueur insupportable à se cogner en défense individuelle qui zigzague dans tous les sens et qui vous punit dès que vous lui laissez plus de deux mètres d’avance. Car Justin Jackson a eu le temps de bosser son shoot lors de ses trois années sous les ordres de Roy Williams à UNC. Capable de dégainer un pull-up en un quart de seconde, il a apprivoisé la distance NBA et ose même quelques petits kiffs à la distance Curry quand il se sent en confiance. Cette saison, il a pris près de la moitié de ses tirs derrière l’arc pour une réussite déjà significative de 37%. Lorsqu’il ne peut pas faire honneur à sa réputation de sniper du parking, il est capable d’envoyer des flotteurs des deux mains pour éviter les contacts trop rugueux dans la raquette. Tant que ça rentre, pourquoi se plaindre ?

# Un profil de point forward

Mesuré à la même taille que LeBron James, il culmine au-dessus de la majorité des joueurs extérieurs. Du coup, ce point de vue haut perché jumelé à son sens du timing donnent souvent de belles inspirations de passe pour ses coéquipiers. Son ratio passes décisives/pertes de balles laisse entrevoir un potentiel intéressant dans le rôle de second meneur. Néanmoins, il lui faut de l’espace pour poser ses dribbles et il résiste assez peu à la pression lorsqu’il remonte la balle. En bref, cela peut offrir une belle alternative à son futur entraîneur pour proposer quelques systèmes qui permettront par exemple au véritable meneur de se retrouver en position de catch-and-shoot. On a vu de plus en plus de profils similaires gérer le jeu de leur équipe sur de courtes périodes pour innover et continuer de surprendre les défenses. C’est tout à fait envisageable avec Justin Jackson aussi.

Défauts majeurs

# Environ douze fois moins costaud qu’un LeBron James ou un Kawhi Leonard

C’est quasiment un corps en 2D qui nous est proposé d’observer aujourd’hui. On exagère un peu, il passerait presque pour Big Baby Davis à côté de Brandon Ingram, mais c’est à peu près le cas de tout le monde sur cette planète. Car il y a en effet beaucoup à dire sur le physique de Justin Jackson. Plus jeune, il laissait systématiquement les graisses et les épinards transgéniques de Popeye sur le côté de l’assiette pour se nourrir exclusivement de racines et de végétaux. Ce ne serait pas trop un problème s’il venait de souffler ses 18 ou 19 bougies mais on doute qu’il ait l’intention de doubler son poids une fois arrivé en NBA alors qu’il a déjà 22 piges. Du coup, chaque contact est une épreuve et on se retrouve souvent à assister à un spectacle de torero où JJ évite toute rencontre directe avec les adversaires plus imposants que lui. Et il y en a un paquet. Il devra tout de même travailler son explosivité à la salle pour ne pas se faire manger tout cru avec toutes les freaks qui peuplent la Grande Ligue. Mis à part en configuration small-ball de l’extrême, il ne peut donc pas prétendre évoluer au poste 4 comme sa taille devrait lui permettre. Il va falloir manger des protéines, bonhomme !

# Une cible facile en défense

De ce manque d’impact physique découle immédiatement un second problème pour Justin Jackson avec une cible rouge tagguée sur son maillot par les attaquants adverses. Il suffirait de mettre un peu d’agressivité pour se défaire de la grande liane qui préfère encore esquiver plutôt que de se prendre un TGV dans le buffet. Sauf que cette réaction a priori logique ne fait qu’inspirer ses adversaires à redoubler d’intensité pour l’envoyer dans les cordes. Lorsqu’il est assigné à garder un joueur extérieur, c’est alors la vitesse qui lui fait défaut pour ne pas partir dans les choux à la première feinte venue. Là encore, un passage par la salle est nécessaire pour travailler cette explosivité et la vitesse latérale avec un préparateur physique attitré. C’est à ce prix qu’il deviendra un joueur polyvalent en attaque et en défense.

# Marge de progression ?

A 22 ans, il fait figure de grand-père dans cette cuvée. Même si les exemples de Norman Powell et surtout Malcolm Brogdon ont récemment prouvé qu’un long séjour en NCAA permettait aussi d’être efficace rapidement en NBA, les scouts ont toujours un peu plus de mal à sélectionner un joueur plus âgé quand il n’évolue pas au poste d’intérieur avec une taille de plus de 2 mètres 20. En effet, Justin Jackson a déjà montré une belle progression entre sa saison sophomore et junior mais son plafond est donc moins élevé qu’un autre joueur plus jeune disposant des mêmes statistiques. Ce sera à lui de prouver qu’il peut être opérationnel immédiatement et que la franchise qui le recrutera ne le regrettera pas.

Conclusion

Nommé ACC Player of the Year, Justin Jackson a vécu une saison parfaite ponctuée du titre ultime avec les Tar Heels. Plus ridé que ses pairs, il devrait tout de même intéresser du monde avec sa belle palette offensive et son allonge au rebond. Avec 10 kilos de plus, il aurait été assuré de partir dans les lottery picks…