Est-ce LeBron James qui est trop fort, la Conférence Est qui est trop faible, ou les deux…?

Le 06 mai 2017 à 10:07 par Bastien Fontanieu

LeBron James
Source image : Nike

La question peut se poser aujourd’hui, quand on voit l’écart qui existe entre le King et le reste de sa compétition. Assistons-nous à une domination sans partage de LeBron James due à son niveau, celui de l’Est ou un mélange des deux ?

Bien évidemment, face à ce type d’interrogation, difficile de répondre en vitesse par un tout noir ou tout blanc. Lorsqu’on se penche sur les récentes séries jouées par les Cavs et le niveau des équipes entourant la franchise de l’Ohio, il est clair que de nombreux éléments doivent rentrer en compte, pour pouvoir donner un avis précis. Mais à l’aube d’un potentiel second sweep consécutif sur ces Playoffs et avec un futur finaliste de conférence qui doit lâcher quelques grosses gouttes en voyant l’animal jouer dernièrement, on peut se poser la question ci-dessus mentionnée. Ainsi, regardons, dans chaque camp, le pour comme le contre.

# Aucune équipe de la Conférence Est n’a la structure des Cavs.

Si on devait dessiner un semblant de podium, concernant la compétition à l’Est, trois véritables équipes pourraient se séparer du lot en Cleveland, Washington et Boston. Toronto, désolé les copains, mais c’est un peu juste pour pouvoir vous mettre dans la même phrase que les trois autres. Pour une raison assez simple, et qui est parfaitement illustrée sur la série en cours, les Raptors n’ont pas de rotation fixe… ni d’identité fixe. C’est notamment ça qui crée une énorme différence avec les Cavs et nous impose ce score de 3-0. D’un côté, DeRozan et sa bande, qui ont vécu un transfert majeur en cours de saison et se découvrent encore à l’heure actuelle. Dwane Casey bouge ses quintets, essaye, retente, s’interroge. Pendant qu’en face ? Tout est déjà en place. Le cinq majeur se connait d’avance, les gars ont tout traversé en l’espace de deux ans, impossible de concevoir un semblant de compétition de ce point de vue là. Même chose au premier tour contre Indiana d’ailleurs, une équipe cimentée qui affrontait un groupe n’ayant pas vraiment d’identité. Et on l’a vu au fil des années, rares sont les armées façon Boston 2008 qui se sont créées en un été et ont pu jouer le titre dans la foulée. Pour tenter de tenir tête aux Cavs ? Il faut une team qui soit en place depuis quelques temps, avec un pur entraîneur, du talent sur chaque poste et… un mec capable de tenir tête au numéro 23. Allez-y, cherchez, y’en a que deux (et encore). D’où les Wizards et Celtics, mentionnés plus haut.

# Qui peut, individuellement, tenir le regard avec LeBron ?

Le débat avait lieu pendant la régulière, car on cherchait à se stimuler devant la dictature du cyborg. Mais qui est le second meilleur joueur de la Conférence Est ? Cette question a toute son importance lorsque les phases finales arrivent, car cette compétition printanière apporte chaque année la même leçon : hormis quelques exceptions, les Playoffs sont les affaires des grands joueurs. Pas des moyens, pas ceux qui essayent de devenir bons, on parle des grands joueurs. Ceux avec un beau CV, de l’expérience, du talent, des couilles, bref un groupe ultra-select de franchise players et qui nous pousse à faire le tri. Paul George ? Souvent mentionné, il a été bouté au tour précédent. Jimmy Butler ? Un cran en-dessous pour certains, Buckets est enfermé dans son bordel à Chicago. Giannis Antetokounmpo ? Trop jeune, mais l’idée est là pour l’avenir. Melo ? LOL. John Wall et Isaiah Thomas ont envie de taper du poing sur la table, mais évoluant à un poste différent et donc obligés de devoir compter sur autrui à l’aile, les deux phénomènes semblent vouloir squatter le groupe VIP plus qu’autre chose. Non, malheureusement pour le reste de la compétition, deux des armes les plus exténuantes pour LeBron se trouvent à l’Ouest en Kawhi Leonard et Kevin Durant, ce qui offre une balade au King. Car même si on aime bien Norman Powell et Thaddeus Young, pas besoin de finir la phrase.

# Les Cavs ont tracé un parcours idéal cette année

On est en train de le voir en se tapant le front sur le mur, comme si c’était plus ou moins calculé. Oui, Cleveland a bien lâché l’avantage du terrain en cas de retrouvailles avec Boston au tour suivant, mais les deux premiers tours ont été impeccables pour les Cavs. Tu gères Indiana en entrée, tu préchauffes la machine, et t’évites les deux pièges les plus contraignants en les laissant se mettre sur la gueule. Celtics et Wizards en duel, comme on est en train de le voir, c’est du lourd sur plusieurs étages. La bonne nouvelle, c’est qu’on pourrait avoir droit à une grosse série en 7 manches. La mauvaise, c’est que pendant ce temps-là LeBron et ses potes se marrent en laissant la concurrence s’entre-tuer. Certains diront que c’était voulu, d’autres invoqueront la chance du champion, mais il en faut pour gagner un titre et les Cavs ont bien obtenu la demi-finale parfaite, plutôt que de laisser des plumes dans un combo Boston-Washington sur deux tours consécutifs.

# LeBron… est juste trop fort

Et c’est là qu’on en vient au plat principal. No disrespect envers la concurrence, mais l’écart est tel aujourd’hui entre LeBron et le reste du classement des meilleurs joueurs au monde qu’on va passer le printemps à relire des comparaisons avec Jordan, dans la quête du titre de GOAT. Déjà que le cyborg était plutôt doué et intouchable dans la Conférence Est depuis six ans, l’obtention du titre tant attendu à Cleveland la saison dernière a totalement libéré la bête. Résultat ? En plus d’être la machine physique la plus impressionnante et contrôlée de notre génération (de l’histoire ?), l’aspect mental de LBJ est en train de créer des séismes quotidiens à l’Est. En fonction de ses envies, de ses besoins et de ce qu’il faut faire pour “chasser le fantôme de Chicago”, James réalise des matchs à couper le souffle. Il faut retenir en permanence ce point important, qui a été mentionné quelques rares fois par l’intéressé ces derniers mois. LeBron ne veut pas juste gagner des titres et essayer de tenir un regard avec Jordan : il est là pour devenir le meilleur dans TOUS les aspects du jeu. Et quand on voit la façon dont il continue de progresser à 32 ans, l’écart qui est censé se réduire entre lui et la concurrence avec l’âge ne fait finalement qu’exploser. Les Cavs peuvent donc changer de GM, d’équipe et de coach, la loi restera la même. LeBron est juste trop au-dessus du lot.

# What’s next ?

Dans ces équipes du haut de tableau qui veulent faire la peau au King, de grandes décisions devront être prises lors des prochains mois. Faut-il souffrir éternellement de la présence de LeBron à l’Est, jusqu’à ce qu’il décide de prendre sa retraite, ou bien doit-on commencer à construire des équipes en fonction des points faibles qui l’entourent, pour faire basculer le navire de Cleveland ? On le voit avec Boston notamment, qui aura un sacré dilemme à devoir tacler dans moins de deux mois. Est-ce qu’il faut se presser à vouloir concurrencer les Cavs en tradant le 1er choix de Draft contre un All-Star de qualité, ou bien faut-il plutôt faire confiance au temps et bâtir un groupe, une identité et autour d’un pur coach, qui puisse foutre le bordel dans 2 à 3 ans ? Une équipe comme Toronto devra nettoyer son effectif, tandis que les Wizards devront continuer à bosser autour de leur nucleus. Des gars comme Paul George et Jimmy Butler pourront faire changer le débat en rejoignant une de ces grosses cylindrées. Enfin, si les Bucks arrivent à entourer Giannis avec patience et discipline, qui sait ce que le Freak pourra donner… mais dans quelques temps.

Nous vivons dans le monde de LeBron James. Une dictature infernale pour la Conférence Est, qui doit se plier aux envies du King et réaliser qu’aucune de ses équipes peut vraisemblablement le faire chuter. Maintenant, Wizards ou Celtics auront leur propre test au prochain tour, mais de là à les voir le ralentir ? Sachant que le monstre continue à mieux jouer que le reste de la compétition, il va falloir construire un plan venu d’ailleurs pour l’empêcher de jouer… 8 à 10 finales de suite.