Russell Westbrook et James Harden ont échangé leurs rôles, le temps d’un grand soir

Le 22 avr. 2017 à 08:12 par Bastien Fontanieu

Dans une série qui nous promet encore quelques leçons individuelles et des changements stratégiques jour après jour, Russell Westbrook et James Harden ont quasiment échangé leur place lors du Game 3 joué hier soir.

Comme par hasard ! Tout un symbole, surtout après avoir tabassé puis supporté l’un, et tabassé puis supporté l’autre. Comment aurions-nous pu titrer un papier de la sorte, après avoir vu le meneur du Thunder se gaver comme jamais lors du Game 2 ? Comment pourrions-nous ranger le barbu des Rockets dans cette nouvelle catégorie, après avoir observé son calme et sa sérénité mener Houston à deux victoires ? Pas de conclusions hâtives, pas de jugement ultime qui définit une saison ou une carrière. Simplement, un constat, en voyant le déroulé de ce Game 3 qui a finalement terminé dans les mains des hôtes. Oui, ce vendredi, c’est comme si les deux monstres avaient vu ce que l’autre peut vivre dans son quotidien, toute proportion gardée. Une traversée qui montrait  aussi – cette incroyable capacité d’adaptation chez chaque homme, en fonction des besoins de leur équipe et du scénario que le match imposait à chaque athlète.

Dans le cas de James Harden, difficile de regarder les deux premières victoires de la série et se dire qu’il était inévitablement la raison première de ce double-succès. Patrick Beverley et Nene lors du Game 1, par exemple, faisaient davantage de bruit grâce à leur belle sortie. Lou Williams et Eric Gordon lors du Game 2, pour continuer dans ce sens, étaient au coeur de l’actualité en poussant les Rockets vers la gagne. Ce qui ne veut pas dire que le barbu n’était pas bon, loin de là puisqu’il complétait merveilleusement l’apport de ses coéquipiers. Mais après deux rencontres, le sentiment était plutôt celui d’un joueur en forme, très bien entouré, et qui repartait avec la gagne grâce à un effort collectif et sans paniquer. Manque de pot, hier soir, il fallait que James Harden se gave, tente, provoque, et se trompe parfois sous les doigts pointés vers sa barbe. Un carton offensif qui n’était certes pas aussi numériquement insolite ou critiquable que celui de Westbrook il y a deux jours, mais une fin de rencontre qui poussait le gaucher à devoir se débrouiller comme un grand. Deux points de retard, une dernière possession, et ce tir du désespoir qui – bien défendu par Andre Roberson – ricoche sur l’arceau. Fuck, pas moyen de compter sur les coéquipiers cette fois-ci. Défaite pour Harden, le front pointé le sol en marchant vers son banc. Oui, sur cette dernière chance, James était dans une situation que l’on connaissait bien chez le Thunder.

Alors que dans le cas de Russell Westbrook ? Si tout allait bien dans sa production individuelle, ce n’est certainement pas un héroïsme personnel qui sauvait OKC au finish ou devait faire la une des journaux. Bien loin de là même, l’animal nous envoyant quelques lancers sur l’arceau quand la fatigue s’installait en plein money-time. Sauf que cette fois, ding dong, c’est bien sur ses coéquipiers que le Brodie pouvait compter. Car celui qui était chaud à ses côtés en début de rencontre pouvait aussi assurer un ou deux jumpers cruciaux de fin de match, en la personne de Taj Gibson. Car celui qui offrait les deux points les plus importants du match ne portait pas le numéro 0 mais bien le 12, en la personne de Steven Adams. Et quand Russell se reposait quelques rares minutes chevauchant le troisième et le quatrième quart-temps ? Victor Oladipo, Doug McDermott et Norris Cole s’occupaient du business, tout comme Alex Abrines, sans trembler du poignet. Tiens tiens, un sentiment qu’on connaît bien dans les rues de Houston. Surtout, et c’est là aussi que Westbrook montrait qu’il avait retenu la leçon du match précédent, ce n’est qu’un seul tir à distance qui était pris de toute la rencontre, loin des 11 pris sur les deux premiers matchs. Se rapprocher du panier pour être plus efficace, faire confiance à ses coéquipiers et prier pour que la baraque tienne jusqu’au finish, voilà un modèle qui devait faire sourire Mike D’Antoni avant de tirer la grimace.

Maintenant, bien évidemment, c’est un autre jeu de caméléon qui sera imposé aux deux hommes. Qui retrouvera son profil habituel, qui continuera dans le plus récent, et qui l’emportera ce dimanche ? Des questions auxquelles Russell Westbrook et James Harden devront répondre, en essayant, encore une fois, de s’ajuster aux besoins de leur équipe.