Quand Kobe Bryant était obsédé par Allen Iverson : sur l’échelle des arrières scoreurs, on est plutôt tout en haut

Le 19 avr. 2017 à 08:05 par Benoît Carlier

Kobe

Entre deux émission de Motus et un après-midi jardinage, Kobe Bryant a pris la plume pour revenir sur sa rivalité avec Allen Iverson sur les parquets. En termes de scoreurs purs, on pouvait difficilement faire mieux entre la fin des années 90 et les années 2000.

Tous les deux issus de la célèbre Draft de 1996 (Allen Iverson en n°1, Kobe Bryant en n°13), les deux arrières ont déchaîné les passions tout au long de leur carrière sur les parquets de la NBA. On parle d’un crossover qui a fait des centaines de victimes et d’un step-back qui a assassiné des défenseurs pendant presque deux décennies. Chacun dans leur style, ils étaient capables de planter 50 points à n’importe quel adversaire à partir du moment où ils l’avaient décidé. Mais que se passe-t-il lorsque deux joueurs aussi dominants sur le même poste se rencontrent ? Dans le cas de Kobe Bryant, cela donne de longues heures de recherche à la bibliothèque pour trouver les points faibles de son vis-à-vis, afin de prendre l’ascendant. Les mots qui suivent ont été écrits par le Black Mamba en personne sur The Players’ Tribune.

“Le 12 novembre 1996, Allen Iverson a planté 35 points sur les Knicks lors d’une victoire au Garden. Le 12 novembre 1996, j’ai joué cinq minutes et terminé avec deux points dans la victoire des Lakers à Houston. Quand je suis rentré dans ma chambre d’hôtel plus tard cette nuit-là et que j’ai vu les 35 points sur SportsCenter, j’ai perdu le contrôle. J’ai renversé la table, balancé les chaises et cassé la télévision. Je croyais que j’avais bossé dur. Cinq minutes. Deux points. Je devais travailler plus dur. C’est ce que j’ai fait.

Le 19 mars 1999, Iverson a mis 41 points et distribué 10 passes décisives face à moi à Philadelphie. Travailler dur n’était pas suffisant. Je devais étudier cet homme comme un maniaque le ferait. J’ai lu de manière obsessive tous les articles et les livres que je pouvais trouver sur AI. J’ai regardé tous les matchs qu’il a joués, jusqu’au IUPU All-American Game. J’ai étudié tous ses succès et tous ses moments durs. J’ai cherché toute les faiblesses que je pouvais identifier. J’ai fait le tour du monde pour pouvoir rentrer dans la tête d’AI. Cela m’a amené à étudier les méthodes de chasse des requins blancs en Afrique du Sud. La patience, le timing, les angles.

Le 20 février 2000 à Philadelphie, PJ [Phil Jackson] m’a donné la consigne de défendre sur AI au début de la deuxième mi-temps. Personne ne réalisait tout ce que ce défi signifiait pour moi. Je voulais qu’il ressente la même frustration que j’ai pu ressentir. Je voulais que tous ceux qui ont ri des 41-10 qu’il m’avait mis dessus s’étranglent dans leurs gloussements. Il dira qu’aucun de nous deux ne peut arrêter l’autre. Je refusais d’y croire. Je marque 50 points, tu en mets zéro. C’est ce en quoi je croyais. Quand j’ai commencé à défendre sur AI, il avait 16 points à la mi-temps. Il a terminé le match avec 16 points.

La revanche était bonne. Mais je n’étais pas satisfait après la victoire. J’étais dérangé qu’il ait pu me faire sentir de cette manière la première fois. À partir de là, je me suis juré d’appréhender chaque match-up comme une question de vie ou de mort. Personne n’aurait plus jamais autant de contrôle sur ma concentration. Je vais choisir qui est ma cible et verrouiller. Je vais choisir si tes objectifs pour la prochaine saison compromettent la situation où je veux me trouver dans 20 ans. Si ce n’est pas le cas, bonne chance. Mais si c’est le cas… Je vais te chasser de manière obsessive. C’est juste naturel.”

Compétiteur dans l’âme, Kobe Bryant avait cette obsession de devenir le meilleur. Si un mur se dressait face à lui, il trouvait toujours le moyen de passer de l’autre côté que ce soit en l’escaladant ou en le détruisant comme un bulldozer. C’est peut-être ce qui a fait la différence entre le palmarès des deux hommes. AI a dû se contenter de titres honorifiques de meilleur scoreur et d’un trophée de MVP quand Kobe a aussi reçu cette récompense individuelle mais a également glané cinq bagues tout au long de son parcours.

Aujourd’hui, on rêverait de revoir en action les deux vétérans. En face-à-face ou en solo, ils ont marqué toute une génération de basketteurs et les enfants des années 1990 n’oublieront pas leurs duels mythiques. À commencer par les Finales NBA 2001 entre les Sixers et les Lakers.

Source texte : The Players’ Tribune