D’Angelo Russell, comme dans un rêve : le tir de la victoire en hommage à sa grand-mère

Le 10 avr. 2017 à 06:39 par Bastien Fontanieu

D'Angelo Russell

Dans une saison remplie de défaites et de mauvais souvenirs, le dernier vécu par D’Angelo Russell est peut-être celui qui effacera la douleur de tous les autres : le meneur a passé un dimanche entre tristesse et jubilation. 

L’information avait été gardée le plus longtemps possible hors du circuit public, afin de ne pas attirer les projecteurs sur lui. D’Angelo, qui avait grandi dans une famille soudée, perdait sa grand-mère dans la matinée de dimanche. Une disparition aussi soudaine que troublante, car cette dernière était apparemment particulièrement jeune et représentait un véritable roc pour Russell. En bon entraîneur et mentor du meneur, Luke Walton demandait à son petit protégé s’il souhaitait tout de même jouer ce dimanche soir contre Minnesota, comprenant évidemment le produit formé à Ohio State s’il préférait être près de ses proches en cette triste journée. Seulement, D-Lo devait utiliser le basket comme de nombreux joueurs le font, depuis tout petit : comme un moyen de s’échapper, d’évacuer les soucis du quotidien. Avoir la balle dans ses mains et être avec ses coéquipiers, voilà qui pouvait apporter un peu de chaleur et de bonheur dans un dimanche aussi triste. Ainsi, le gaucher retrouvait les Wolves et ne savait pas encore qu’il allait vivre le finish parfait. Un tir de la gagne au buzzer, dédié à sa grand-mère.

Honnêtement, j’ai joué parce que c’est ce qu’elle aurait voulu me voir faire. Mon père, mes frères, tout le monde voulait que je joue ce soir. Je voulais m’écarter du basket et m’exprimer différemment que sur le terrain, mais c’est un peu la seule option que j’avais. J’ai tenté d’en profiter. […] C’était une femme très forte, elle a fait un énorme travail en aidant mon père à grandir, et lui en a fait de même en nous élevant tous de la bonne façon. C’est comme si elle était venue sur Terre pour ça.

Car c’est bien dans cette ultime possession bordélique que la délivrance fût donnée à Russell. Une situation assez magique, dans le sens où les camps étaient clairement divisés. Il y avait ceux qui souhaitaient tanker jusqu’au bout et donc profiter de la victoire des Suns pour revenir à égalité avec l’équipe de l’Arizona. Il y avait ceux qui souhaitaient gagner au final car un succès à domicile est toujours fun au buzzer. Et il y avait ceux, groupe très intime, qui souhaitaient voir la balle dans les mains de D’Angelo. Qu’il puisse prendre ce dernier shoot, que celui-ci ne rentre ou pas, mais au moins qu’on lui en donne la possibilité. Et sur un bon caviar donné par Julius Randle, le moment rêvé par ses proches était enfin arrivé. Buste tourné, épaules fixées, poignet tendu, la balle touche d’abord l’arceau, comme s’il allait ricocher hors du panier : un coup de pouce du destin redirige la gonfle dans le filet, victoire des Lakers au buzzer. Comme si, quelque part, là-haut, la grand-mère de D’Angelo Russell avait aidé le shoot de son petit à rentrer. Immédiatement après le buzzer, le meneur quitte ses coéquipiers et cavale dans les tribunes pour rejoindre sa famille, ne pouvant plus retenir ses larmes après un tel tourbillon d’émotions. Il avait bien fait de jouer contre Minnesota, il avait bien fait de retrouver les parquets, il avait bien fait de prendre ce dernier tir. Car en le dédiant à sa grand-mère, ce shoot se transformait en un moment inoubliable pour le jeune homme.

Tanking ou pas, victoire de merde ou pas, tir chanceux ou pas, il existe des moments qui dépassent parfois les quatre lignes du terrain. D’Angelo Russell avait besoin de réconfort et d’un clin d’oeil de tout en haut pour digérer la nouvelle de ce dimanche matin : on peut dire qu’il a eu droit au meilleur des cadeaux.

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