Le moment de gloire de Tayshaun Prince : Finales de Conférence 2004, coucou Reggie Miller

Le 28 févr. 2017 à 19:35 par Nicolas Meichel

Tayshaun Prince
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Tayshaun Prince est sans doute le joueur le moins reconnu du formidable cinq majeur des Pistons version 2004. Il n’avait pas la grande gueule de Rasheed Wallace, ni la coupe afro de Ben Wallace. Il n’avait pas non plus les mêmes qualités offensives que Chauncey Billups et Rip Hamilton, qui formaient à l’époque un backcourt aussi dangereux que complémentaire. D’ailleurs, il n’a jamais été All-Star contrairement à ses coéquipiers. Par contre, il reste celui qui a réalisé l’action la plus importante dans la superbe épopée de Detroit cette année-là. C’était lors du Game 2 des Finales de Conférence, face aux Indiana Pacers.

Avant de revenir sur ce tournant, il est nécessaire de rappeler le contexte du moment. Lors de la saison 2003-2004, Tayshaun Prince n’est que dans sa deuxième année NBA. Très discret durant sa campagne rookie (seulement 42 matchs joués et 10,4 minutes de moyenne), l’ailier sorti de Kentucky parvient à la surprise générale à faire son trou lors de ses premiers Playoffs. Opposé au Magic d’Orlando au premier tour, Detroit prend le tarif face à Tracy McGrady et décide alors, de manière un peu désespérée, de se tourner vers Prince pour ralentir T-Mac. Avec son envergure et son intelligence défensive, il met en difficulté la machine offensive floridienne et aide les Pistons à se remettre sur les bons rails, eux qui remontent un déficit de 3-1 (hello les Warriors) pour ensuite remporter le Game 7 au Palace d’Auburn Hills, où Prince marque notamment 20 points. Durant le reste des séries éliminatoires, Tayshaun joue près de 30 minutes par match et devient donc un membre important de la rotation des Pistons, finalement éliminés par les Nets en Finales de Conférence. Grâce à ses belles performances pendant la postseason et ses qualités de chien de garde, le nouveau coach Larry Brown (qui avait remplacé Rick Carlisle en juin 2003) l’intègre à plein temps dans le cinq majeur la saison suivante. Au cours de cette dernière, Prince progresse et aide les Pistons à terminer à la seconde place de l’Est, derrière les Indiana Pacers. Après avoir fait le boulot lors des deux premiers rounds des Playoffs 2004, les deux poids lourds se donnent rendez-vous pour un duel fermé à double tour.

Battu 78-74 lors du Game 1, Detroit ne veut pas repartir du Conseco Fieldhouse avec deux défaites dans la tronche. Conscient de l’importance de la seconde rencontre, Rasheed Wallace active le mode grande bouche et balance au calme « nous allons gagner le Game 2 ». Dans un match monstrueux d’intensité où les défenses mangent complètement les attaques, chaque panier est crucial et on assiste à l’une des rencontres les moins prolifiques de l’histoire des Playoffs. Symbole de ce bar fight épique, les deux formations combinent 26 contres au total, dont 19 pour les Pistons ! Mais parmi ce festival de blocks, il y en a un qui va rester dans l’histoire. A 40 secondes de la fin, Detroit est en possession du ballon et mène 69-67. Autrement dit, les hommes de Larry Brown ont l’occasion de tuer la rencontre et ainsi baisser le nombre très élevé de décibels dans la salle. Malheureusement pour eux, le Sheed prend un cake de la part de Jermaine O’Neal, puis Chauncey Billups perd la gonfle en pénétration. Derrière, Jamaal Tinsley envoie Reggie Miller en contre-attaque pour une égalisation qui semble certaine, sauf pour Tayshaun Prince. Tapant un sprint depuis sa propre moitié de terrain, l’ailier sophomore des Pistons profite de la lente exécution de la légende des Pacers pour sortir un chase-down block tout simplement incroyable, avant de finir sa course dans le décor. Suite à ce contre, Rip Hamilton récupère le ballon et assure la victoire aux Pistons depuis la ligne des lancers-francs.

En s’imposant dans ce Game 2, Detroit avait changé le cours de la série. Finalement vainqueurs en six manches, les Bad Boys 2.0 se qualifiaient pour les Finales NBA où les attendaient les Los Angeles Lakers de Shaq, Kobe, Papa Payton et Papi Malone. Condamnés d’avance face à l’armada californienne, les Pistons allaient prouver que le papier ne vaut rien face à la réalité du terrain. Supérieurs dans tous les compartiments du jeu, mais surtout au niveau du collectif et du cœur, les champions de la Conférence Est donnaient une leçon de basket à ceux qui étaient censés les écraser. Résultat, 4-1 pour Detroit, net et sans bavure ! Durant cette série, Tayshaun Prince avait une nouvelle fois montré sa capacité à défendre sur les meilleurs scoreurs adverses, en menant la vie dure à un Kobe Bryant qui s’était transformé en lanceur de briques professionnel (seulement 38,1 % au tir, pour 22,6 points de moyenne).

Parmi les plus grands contres de l’histoire des Playoffs NBA, celui de LeBron James en juin dernier est probablement au sommet de la liste, mais ce block de Tayshaun Prince face aux Pacers n’est pas loin derrière. Sans cette action défensive exceptionnelle, les Pistons n’auraient peut-être jamais remporté le titre en 2004, et Reggie Miller aurait peut-être une bague à l’heure de ces lignes.