Playoffs Revival : Shaquille O’Neal désosse les Pacers pour son premier titre

Le 15 févr. 2017 à 20:52 par David Carroz

Playoffs Revival Shaquille O'Neal NBA Finales 2000
Source image : Youtube

La saison régulière, c’est sympa, les matchs se multiplient, mais on ne regarde parfois certaines rencontres que d’un œil discret. Pour vous aider à tenir dans ces instants difficiles, voici un de nos petits retours sur les grands moments de l’histoire des Playoffs. Parce que c’est à cette période de la saison que les légendes naissent et que les fauves sortent les crocs.

Finaliste NBA en 1995 avec le Magic – l’occasion de prendre une grosse rouste – Shaquille O’Neal patientera cinq années avant de pouvoir de nouveau atteindre l’ultime marche précédant le titre. Et quand l’occasion se présentera de nouveau à lui après quelques saisons passées de l’autre côté du pays en Californie, il ne se fera pas prier pour tout détruire sur son passage. Y compris l’état de l’Indiana, en particulier la raquette des Pacers qui saigne probablement encore.

Le contexte – L’Attaque en Triangle débarque dans la Cité des Anges

Jordan dans sa seconde retraite. Les Olajuwon et les Rockets de plus en plus proches de la date de péremption. Même constat pour Karl Malone et John Stockton dans l’Utah. La Conférence Est en train de creuser son trou. Et malgré cela, les Lakers ne parviennent pas à retrouver le sommet de la Ligue, éclipsés en cette fin de vingtième siècle par les Spurs. Et par la même occasion, Shaquille O’Neal qui devrait s’être imposé comme la figure de la NBA voit un jeune gars raflé le titre avant lui, Tim Duncan et son jeu so sexy symbolisant le succès texan. Une trajectoire fulgurante déjà couronnée d’un trophée de MVP des Finales et de deux apparitions dans la prestigieuse All-NBA First Team qui jette un peu d’ombre sur Shaq. En effet, malgré ses sept saisons sur les parquets, il se contente d’une élection dans ce fameux cinq, sans avoir mis la main sur le Larry O’Brien. Jerry West rameute donc Phil Jackson et le vieux grognard Ron Harper pour encadrer le duo O’Neal – Bryant qui doit enfin marché sur la NBA.

Effet immédiat en saison régulière avec le meilleur bilan de la Ligue pour les Angelinos avec une marque posée à 67 victoires, soit seulement deux de moins que le record historique de la franchise. L’attaque en Triangle permet à Shaquille O’Neal et Kobe Bryant d’exprimer pleinement leur talent, et le pviot semble rapidement impossible à défendre cette année-là, comme lorsqu’il pose son gros boule sur le front des Clippers en sortant un match à 61 points et 23 rebonds. Dès lors, les Lakers endossent l’étiquette de favori pour le titre et avec  29,7 pions, 13,6 prises, 3,8 caviars et 3 contres – sans oublier un Player Efficiency Rating de 30,6 et une adresse de 57,4% – Shaq se voit logiquement être élu MVP de l’exercice. Unanime ? Pas tout à fait car Allen Iverson lui « vole » une première place, empêchant ainsi une grande première qui semblait pourtant mérité tant le Diesel et son équipe ont paru au-dessus de la concurrence durant 82 rencontres. Mais cette domination ne se traduit pas en Playoffs où les Lakers ne semblent plus aussi sereins : qualification suite à un cinquième match décisif face aux Kings (29,4 points et 17,4 points pour Shaquille O’Neal, dont 32 pions, 18 prises, 4 passes et 3 contre lors de l’ultime rencontre) et une finale de Conférence qui réclamera également de passer par une confrontation couperet. Ainsi, après avoir sorti plus aisément des Suns sans solution face à la puissance du Shaq (4-1), les hommes de Phil Jackson luttent face au dernier vestige de la dynastie Bulls – en dehors du Zen Master bien entendu. Dans l’Oregon, Scottie Pippen n’est peut-être plus au sommet de sa carrière, mais le groupe est homogène et dispose d’armes capables de freiner O’Neal qui se contente de 25,9 points et 12,4 rebonds. Bon d’accord, ça reste pas mal pour un mec qui est censé avoir galéré sur l’affrontement. Mais si Diesel reste quasiment impossible à ralentir, les Lakers ont tout de même frôlé la correctionnelle puisqu’à douze minutes de l’issue de la série, ils se traînaient à treize unités des Blazers. Avant de les faire exploser, comme sur le fameux alley-oop envoyé par Kobe Bryant pour Shaquille O’Neal, moment de perfection dans la relation tendue entretenue par les deux stars.

La performance – Shaquille O’Neal, personnification de la domination

L’obstacle Blazers effacé, Los Angeles paraît à l’aise. Il faut dire qu’en face, si les Pacers n’ont pas volé leur qualification, ils représentent une Conférence Est moribonde. Ce n’est même pas la blessure à la cheville de Kobe Bryant – sur un geste de fouine de Jalen Rose lors du Game 2 – qui va faire douter les Angelinos, même si l’arrière est limité à 15,6 points à 37%. Car chez les Purple and Gold, une force de la nature va tout renverser sur son passage, en premier lieu Rik Smits et Dale Davis. Les intérieurs Hoosiers donnent tout ce qu’ils peuvent – surtout des fautes d’ailleurs – mais ils ne peuvent rien face à ce mélange explosif de puissance physique, mobilité, motivation et technique. Souvent décrié pour ne pas être assez sérieux ou concerné jusque-là, Shaquille O’Neal est irréprochable – nous ne parlerons pas des lancers francs pour éviter de nuancer nos propos – en scorant trois fois plus de 40 points et en mangeant à deux reprises plus de 20 rebonds. Une destruction en règle qui se traduit bien entendu par la victoire finale des Lakers et un trophée de MVP pour le pivot afin de compléter sa collection entamée en saison régulière. Il ouvre le bal avec 43 unités et clos la série avec 41. Entre les deux, il ne s’est pas montré trop maladroit non plus, tournant sur la série à 61,1% lorsqu’il ne se retrouvait pas derrière la ligne de faute. Car si on peut pointer du doigt un aspect négatif sur les performances de Shaquille O’Neal au cours des six matchs, c’est bien son 38,7% dans l’exercice des lancers francs qui fait tâche. Comme lors du second match, où les Pacers ont poussé le Hack-a-Shaq à l’excellence, avec 39 lancers pour le pivot. Excellence aussi pour O’Neal puisqu’il se contente d’en convertir 18, une bonne blague car malgré cela il envoie 40 pions dans les dents des joueurs de Larry Bird. Des coups de sifflets qui ont parfois agacé ses adversaires, se plaignant d’un traitement de faveur de la part de l’arbitrage, mais qui n’explique pas tout : seules les fautes semblaient une stratégie payante pour défendre sur le mastodonte. Malgré cette faiblesse à faire passer Andre Drummond pour un tireur d’élite, jamais les Pacers n’ont su comment ralentir le colosse. Infatigable malgré les prises à deux et les duels dans la raquette, il a passé en moyenne 45 minutes sur les parquets pour envoyer 38 points, 16,7 rebonds, 2,3 passes et 2,7 contres. Une ligne de stats pour l’histoire, synonyme de domination poussée à l’extrême. La plus belle de toutes ? Chacun se fera son avis.

La suite – Threepeat baby

Cette première consécration pour le Shaq sera suivie de trois autres, même si sa domination s’exprimera bien plus dorénavant en Playoffs qu’en saison régulière. Trois titres, trois trophées de MVP des Finales avant l’implosion des Lakers et une quatrième couronne gagnée en Floride aux côtés de Dwyane Wade en 2006. C’est sur cette saison 2000 et les deux qui ont suivi que Shaquille O’Neal a fait basculer son statut de grand joueur à Hall of Famer puis légende ayant marqué l’histoire de la Ligue.

Seuls Wilt Chamberlain, Michael Jordan, David Robinson, LeBron James et Stephen Curry ont proposé des saisons avec un meilleur PER (30,6) que Shaquille O’Neal en 1999-2000. Et dans le lot, il est tranquillement installé en compagnie de BronBron (2012-2013) et JoJo (1990-1991) au firmament en étant allé chercher le titre derrière. Vous avez dit domination ?