Andre Roberson, l’indispensable du Thunder : un 3 and D sans 3 mais avec un énorme D

Le 30 janv. 2017 à 07:35 par Clément Hénot

Andre Roberson
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Depuis que Kevin Durant a quitté la Comfort Zone Chesapeake Arena pour rejoindre les Warriors et leurs artificiers en chef, le Thunder se débrouille pour rester dans la course à l’avantage du terrain pour les Playoffs. Forcément, l’OVNI Russell Westbrook dispose des clés du camion, Victor Oladipo représente un bon soutien, Steven Adams continue de distribuer des gnons et Enes Kanter montre la voie en sortie de banc lorsqu’il ne le frappe pas. Mais s’il y a bien un joueur dont on ne parle pas assez du côté d’OKC, c’est Andre Roberson. Le cadenas maison du Thunder représente un type de joueur bien particulier, mais qu’il vaut tout de même mieux avoir avec que contre soi.

Certes, Roberson donne quotidiennement l’impression de ne pas faire exprès de jouer et de n’avoir aucun contrôle sur ses gestes lorsqu’il se trouve sur le terrain, mais l’ailier à la houppette a un impact qui va bien au-delà de ses statistiques offensives. Ces dernières sont assez craignos bien que normales à première vue : 6.9 points, 4.6 rebonds et 1.1 passe de moyenne par match. Il faut voir de plus près les pourcentages du numéro 21 pour mieux comprendre certaines remontées acides : 44% aux tirs, 28% du parking mais surtout un bien triste 40% aux lancers-francs. C’est vilain, surtout pour un arrière censé apporter une menace derrière l’arc et qui en a été capable lors des derniers Playoffs, au point de faire trembler les Warriors en Finale de Conférence (l’avance 3-1, la défaite 4-3, on ne va pas revenir trop longuement là-dessus). Le truc, c’est que cette année, Roberson dévisse totalement en attaque et ne semble en mesure de marquer que lorsque le cercle est ouvert et que la raquette est vide. Ce qui ne l’empêche pas d’être indispensable au bon fonctionnement du Thunder. L’ailier est maintenu dans le 5 de départ grâce à sa rigueur défensive et sa capacité à étouffer n’importe quel joueur lorsqu’il en a envie. Il vous faut des preuves ? Attendez, on en a.

Les exemples les plus criants sont ces trois confrontations avec les Rockets d’un certain James Harden, ancien pensionnaire du Thunder pour ceux qui se réveillent d’une longue sieste. Andre Roberson ne l’a jamais côtoyé à OKC mais semblait pourtant le connaître par cœur lorsque l’on voit à quel point le barbu s’est pris la misère en défense. Qui aurait cru que sur ce match, une vilaine méchouille ingrate serait plus swag qu’une bebar bien fournie ? Et pourtant, Roberson a littéralement étouffé son adversaire. Le 17 novembre ? 13 points à 4/16 aux tirs, 7 rebonds et 13 passes mais 6 balles perdues. Le 10 décembre ? 23 points, 6 rebonds et 12 passes, certes, mais à 6/23 aux tirs dont 2/11 de la bande d’arrêt d’urgence, accompagnés de 8 balles perdues. Le 6 janvier ? 26-6-12, mais à 6/16 aux tirs, 2/7 derrière l’arc et 6 balles perdues. On peut dire qu’Andre Roberson a bien compliqué la vie de James Harden lors de leurs oppositions malgré 2 défaites en 3 matches face à des Rockets mieux armés.

Mais La Barbe n’est pas le seul à accrocher au tableau de chasse d’Andre Roberson. On avait déjà eu un aperçu des prouesses défensives de l’ancien de l’université de Colorado lors des derniers Playoffs sur Klay Thompson, le shooteur était littéralement épié par Roberson et le moindre de ses démarquages était une véritable mission sacrifice. Et plus récemment, c’est Jimmy Butler qui en a également fait les frais le 9 janvier 2017. Bien que victime d’un virus, l’arrière a terminé la partie avec un misérable point au compteur et a fini la partie à 0/6 aux tirs dont 0/2 à 3 points en 28 minutes. Pas aidé par la présence du mécheux dans ses basques, Butler s’est totalement crashé sur ce match, et ce après une sortie à 42 points signée deux jours plus tôt contre les Raptors, mais aussi 1 semaine après avoir échoué à une unité de son career-high contre les Hornets avec 52 pions. Carmelo Anthony est également passé à la casserole et a signé un ignoble 4/19 aux tirs lorsqu’il avait « Dre » aux basques. On peut dire que Roberson a tout de même un don pour harceler son défenseur et ne pas lui laisser le moindre espace. Paradoxalement, il n’est que peu plébiscité dans la course au trophée de Meilleur Défenseur de l’Année malgré le lobbying orchestré par son franchise-player Russell Westbrook.

« Il défend dur et ses adversaires ne peuvent pas marquer, c’est de la vraie défense en un contre un. Je m’en fous de toutes ces statistiques défensives, le pourcentage de victoires et toute cette merde. Quand on regarde ses matches et que l’on voit ce qu’il fait défensivement, on voit ce que c’est que de mériter une All-Defensive Team »

Il est peu enclin à enchaîner les contres comme Rudy Gobert, Hassan Whiteside ou DeAndre Jordan, ni même les interceptions comme Kawhi Leonard ou Chris Paul. Non, la force de Roberson réside dans sa faculté à pourrir la vie de son vis-à-vis et de lui rendre chaque mouvement compliqué voire possible grâce à ses grands segments et son physique au dessus de la moyenne pour son poste. Il peut défendre sur tous les postes extérieurs.

Certes, Andre Roberson est capable de balancer un sous-marin lorsqu’il est ouvert à 3 points ou même aux lancers francs, et ses gestes ne semblent absolument pas maîtrisés. Mais ce n’est pas ce que Billy Donovan lui demande. Lui ce qu’il veut, c’est de la rigueur défensive sur la star adverse et de la dureté sur le terrain. En gros « ton joueur va aux chiottes, tu vas aux chiottes avec lui », et ça par contre, Roberson le maîtrise à la perfection, OKC en a bien besoin. Les deux prochains sur son programme ? Kawhi Leonard et Jimmy Butler : au boulot.