L’évolution de la NBA à chaque poste : une mini-révolution qui a aussi bien sublimé que flingué des carrières

Le 13 janv. 2017 à 20:59 par Bastien Fontanieu

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C’est le sport qui veut ça. Avec l’arrivée de nouveaux talents et des créateurs capables de transcender leur époque, une pratique est vouée à changer dans son approche des besoins fondamentaux. Ce qui était primordial hier… ne l’est plus aujourd’hui. Et en NBA, on ne pourrait mieux le voir que cette saison.

Savoir être à la page, développer son jeu tout en gardant la tête levée afin d’avoir un oeil sur les tendances qui prennent forme, être un joueur en NBA n’est pas qu’une question de répétition et de musculation. Il y a aussi, et la campagne en cours en est un des preuves les plus évidentes, une part de caméléon demandée chez chacun. Telle une boutique de fringues illuminant les rues parisiennes à l’approche des soldes, un athlète doit savoir se mettre à la page, en permanence. Il faut comprendre le besoins du jeu, ce qu’on peut modifier et ce qu’on doit modifier. Sous peine de voir certains trains passer sous son nez, et un parcours prendre des directions plus sombres qu’imaginées. Depuis la reprise il y a un peu moins de trois mois, les fans, les entraîneurs, les arbitres et les joueurs ont été les premiers à réaliser que – par exemple – le tir à distance était devenu une arme indispensable pour contribuer sérieusement dans une attaque NBA en 2017. C’est ainsi que d’anciens mammouths comme Brook Lopez, Marc Gasol et DeMarcus Cousins un an auparavant se sont mis à artiller avec bonheur derrière l’arc, malgré leur taille qui devrait indiquer une place plus proche de l’arceau que de la ligne médiane. Une modification du jeu pour n’en citer qu’une, des enseignements donnés aussi aux plus jeunes, et qui impactent directement les carrières de certains.

Prenons, pour commencer, les cas les moins réjouissants. Ces joueurs qui n’auraient eu aucun problème à tenir dans la Ligue il y a 10 ans, mais sont aujourd’hui considérés entre has been (au mieux) et inutiles (au pire). Kendrick Perkins, Joakim Noah et Omer Asik nous viennent immédiatement en tête. Trois arbustes dont on parlerait en des termes nettement plus positifs, s’ils jouaient à l’époque du Shaq. Car coincés dans la transition qui a injecté une nouvelle génération de pivots “trampoline”, ils ne peuvent plus apporter leurs qualités principales, elles qui ont été rangées dans la cave des besoins de chaque franchise. Moins de jeu au poste, moins besoin de tronc discipliné. Plus de joueurs rapides à l’extérieur, plus de mobilité demandée. Pourtant, lors de la décennie passée, il fallait du steak pour tenir contre Yao Ming, O’Neal, Duncan, Garnett et toute la compagnie. Aujourd’hui ? La perception est nettement différente. Même chose, encore plus violente d’ailleurs, avec les joueurs plus petits. Rajon Rondo et Tyreke Evans, un duo qui aurait sublimé le jeu avant 2010. La preuve avec le premier, All-Star quasi-indiscutable devenu un quasi-poison dans l’attaque de quelconque équipe en seulement trois ans, tout comme le second, Rookie de l’Année pouvant créer des miracles balle en main mais freeze le mouvement actuel pour jouer en isolation. Ne pas savoir bombarder régulièrement à distance est devenu une hérésie, et les deux anciens sont les premiers à le ressentir.

Cependant, il existe aussi des cas inverses, propulsés par la mise en avant de certains détails précis du jeu. Kyle Korver, J.J. Redick et Meyers Leonard. Pas le même niveau ni la même expérience, mais ce poignet dangereux qui a fait d’eux des armes fatales dans leur système. Lors de leurs débuts dans la Ligue, Korver et Redick étaient ces spécialistes planqués sur le banc, apportant un peu de punch offensif ici ou là. Sans plus. Aujourd’hui ? Leur absence est un élément crucial à prendre en compte avant un match. Et face aux Curry, Kyrie, Lillard, Wall et compagnie qui embrasent chaque terrain avec leur capacité exceptionnelle à scorer, ce sont les Matthew Dellavedova de notre monde qui ont pris un coup de boost dans leur carrière. Un pitbull capable de soûler un grand meneur adverse, désormais perçu comme une perle rare à garder quoi qu’il arrive. Même interrogation concernant Bismack Biyombo ou Tristan Thompson, dans la catégorie des pogo-sticks-col-bleus. Feraient-ils la même carrière que la leur actuellement, s’ils étaient nés… 10 ans plus tôt ? On peut se poser la question.

Les années passent, le jeu évolue, certains dont les qualités principales étaient indispensables se retrouvent subitement laissés sur le côté, car ils n’ont pas su prendre le train. La NBA d’aujourd’hui bombarde à trois points, envoie des Freaks sur le terrain et donne le volant aux meneurs. Que sera la Ligue de demain ?


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